sinent, est blanche, compacte, et cependant assez
tendre, lorsqu’elle n’a pas encore été exposée à la
lumière.Mangée avec de l’huile, du vinaigre et du sel,
elle participe de la saveur du chou et de l’artichaut,
d’où lui est venu le nom de Chou Palmiste. Abattre un
végétal qui a été 80 à 100 ans à croître, pour obtenir
3 ou 4 onces d’une substance médiocrement
agréable et peu nourrissante, n’est tout au plus pardonnable
que dans des déserts qui, de long-temps
encore, ne seront habités : ainsi en agissoient les
premiers colons du Kentucky et du Tennessée, qui
tuoient un bison pesant 11 à 15oo , pour avoir le seul
plaisir d’en manger la langue, et abandonnoient le
reste à la voracité des animaux sauvages.
Le Chou Palmiste porte de longues grappes de petites
fleurs verdâtres, qui sont remplacées par des
fruits noirs, de la grosseur d’un pois, et qui ne sont
pas mangeables.
La tige de ce Palmier, quoique très-spongieuse, est
employée préférablementàtoutes les autres espèces de
bois, pour la construction des quais dans les ports de
mer des Etats Méridionaux ; car les tiges de cet
arbre ont le précieux avantage de n’être pas attaquées
par les vers de mer qui, dans les latitudes méridionales,
causent pendant l’été, de grands dommages
à toutes les. constructions maritimes; néanmoins, lorsqu’elles
sont exposées par suite des hautes et basses marées
aux alternatives de l’humidité et de la sécheresse,
elles se détériorent aussi promptement que toutes les
autres espèces de bois/. La seule consommation que
l’on fait du Chou Palmiste pour la construction de
nouveaux quais, et l’entretien des anciens, accélère
rapidement sa destruction ; et je pense que le
moment n’est pas éloigné, où ce végétal cessera
d’exister dans les limites actuelles des Etats-Unis.
Dans le cours de la guerre de l’indépendance Américaine,
quelques forts avoient été, en grande partie,
construits ave® des tronçons de ce Palmier les boulets
qui venoient frapper contre,- entroient sans faire
d’éclats, et Jporifi# du trou se resserroit sur lui-
même : il en est résulté que ce genre de construction
répond très-bien au but qu’on s’étoit proposé.
Tels sont les renseignemens que je puis donner sur
cette espèce de Palmier, dont la croissance très-lente
s’opposera toujours aux tentatives que l’on fera pour
le multiplier; il ÿ auroit, d’ailleurs, bien plus d’avantage
à cultiver le Dattier dont le fruit, si abondant
et si nourrissant, constitue une grande partie de la
nourriture des. Arabes ; et si les deux Florides sont
destiriées, comme il y a lieu de le croire, à agrandir
le territoire des Etats Unis, ce végétal devra certainement
attirer l’attention des habitans de ces nouvelles
provinces. Sa réussite est indubitable, à cause
de l’analogie de la température, et elle est encore
prouvée parla végétation d’un seul individu qui existe
probablement encore, dans l’île Sainta-Anastasia, située
vis-à-vis de la ville deSaint-Augustin. Ce Dattier
que j’ai vu en 1788, pouvoü avoir pieds (8 mètres)
de haut, et quoique le sol où il étoit planté , fût sec
et aride, il poussoit avec vigueur.