« Le genre Chêne (dit-il, pag. 4 de son Introduction]
renferme un grand nombre d’espèces qui
ne sont pas connues , et la plupart de celles qui
croissent en Amérique se présentent sous des formes
si variées dans leur jeunesse, qu’on ne peut les
reconnoitrè sûrement qu’à mésure que l’arbre parvient
à l’âge adulte. ,
« Souvent une variété intermédiaire paroit tellement
rapprocher deux espèces, qu’il est difficile,
d après 1 examen dé la foliation , de déterminer à
laquelle des deux cette variété doit appartenir.
Quelques espèces., sujettes à varier dans leur jeunesse
,, paraissent alors si différentes , que les caractères
de la foliation sont insuifisans pour faire
leconnoitre lameme espèce dans les individus jeunes
et dans ceux qui sont adultes. Plusieurs autres, au
contraire, présentent une. telle uniformité, que les
distinctions spécifiques ne peuvent être établies que
sur la fructification, laquelle est elle-même sujette,
à des exceptions et a des variations. Ce n’est que
par des observations comparatives sur les individus,
considérés dans l’âge adulte et. dans l’adolescence,
qu’on peut parvenir à distinguer les espèces qui ont
entr’elles une grande affinité, et à rapporter les variétés
à leur espèce.
« La description des Chênes de l’Amérique Septentrionale
a ete obscure jusqu’ici, par plusieurs
raisons : i°. les botanistes qui ;ont visité ces pays-,
n’ont donné que des observations isolées sur ces
arbres, et n’ont point eu égard aux caractères de la
C H Ê N E S . 3
fructification ; 2°. les auteurs qui en ont traité d’après
eux , ont souvent réuni plusieurs espèces sous une
même dénomination; enfin, les figures qu’ils ont
données des Chênes d’Amérique que l’on cultive
en Europe , ne sont pas toujours exactes 1 parce
que leur accroissement y est retardé par une température
qui leur est moins favorable que celle de
leur pays natal ,- et parce qu’ils y conservent plus
long-||ms les variétés de foliation qui caractérisent
leur adolescence. *
« Pour éclaircir mes doutes, j’ai semé et ciütivé
pendant mon séjour en Amérique toutes les espèces
que j ’ai eu occasion d’observer et de recueillir et
dès la deuxième année , j’ai eu la satisfaction de reconnoitre
toutes les variétés q u i, lorsque je parcourais
les forêts, m’avoient causé tant d’incertitudes.
En suivant avec attention et assiduité les variations
que certaines espèces éprouvent, jusqu’à ce qu’elles
soient parvenues à l’âge adulte , j’ai reconnu dans
les plus jeunes individus l’empreinte et le type de
leur espèce. C’est ainsi que je suii parvenu à reconnoitre
les rapports qui existent entr’elles. Pour en
faire le rapprochement , j’ai profité des moyens
que la nature elle-même sembloit me fournir; mais
si, d’un côté l ’observateur, qui suit la marche de la
nature, parvient, par le rapprochement des espèces,
à les lier entre elles, d’un autre côté il se trouve
’ PIusieul's des figures données par Du Roi, et celle de Plucknet, plan-
c »es n v, ilg. 5, représentent des Chênes qni n’ayoîent point acquis l’état
tic perfection cjne donne l’age adulte»