Dans tous les arbres que nous connoissonsli les
fibres ligneuses qui composent le tronc, sont étroitement
unies entr’elles , et s’élèvent verticalement :
quelquefois aussi, par un jeu de la nature dont on
ne peut assigner la cause, ces fibres vont en serpentant,
ou forment des ondulations en lignes droites,
comme dans l’Erable rouge et l’Erable à sucre; ou
encore, comme dans ce dernier, elles se tortillent à
de petits intervalles de i , 2 et 3 lignes (2 , 4 et 6
millim. ) ; enfin, comme dans l’Orme tortillard,
elles suivent en s’élevant, une direction tellement
oblique, quelles reparoissent à des distances de 4
5 et 6 pieds (12, 16, 19 décim.) du même côté.
Dans ces arbres, ces dispositions ne sont qu’accidentelles,
et ne se rencontrent pas dans la 5ooe partie
de ceux qui croissent naturellement dans les
forêts, et c’est pour cette raison qu’on n’est jamais
assuré d’avoir des arbres dont le bois ait la même
texture , à moins qu’on ne' les greffe , ou qu’on ne
prenne des rejetons à leur pied. Le bois des Nyssas
présente , au contraire, une organisation toute particulière.
Les fibres ligneuses sont réunies en faisceaux
, qui se croisent et s’enchevêtrent les uns
dans les autres , et qu’on pourroit comparer à une
tresse ronde ; disposition qui n’est pas accidentelle
comme dans les arbres que j’ai cités plus haut, mais
qui existe constamment dans toutes les espèces de
Nyssa, et qui Tait que leur bois est de la plus grande
difficulté à fendre lorsqu’il n’estpas coupé en tronçons
très-courts. Cette propriété particulière le rend propre
plus que tout autre , à certains usages particuliers,
A New York, dans le New Jersey et surtout à
Philadelphie, on en fait tous les moyeux des roues
de carrosses et de chariots. Cependant dans quelques
parties du New Jersey, et même de la Pen-
sylvanie, il y a des charrons qui, pour les moyeux
des chariots destinés à porter de grandes charges,
donnent la préférence au Chêne blanc, comme plus
solide , quoique j’aie dit à l ’article de celui-ci, qu’il
étoit peu propre à cet objet, parce qu’il est très-sujet
à se fendre. L ’opinion est donc partagée à cet égard,
et on peut eu conclure que le bois du Nyssa n’est
employé à cet usage important qu’en raison de son
organisation , et non a cause de sa solidité et de sa
résistance. L ’absence de ces dernièfes propriétés
auroit de bien plus graves inconvéniens en France,
où les roues des grosses voitures, ont des moyeux
de 20 pouces Ç 5 décim. J de diamètre , à l’insertion
des jantes, et des essieux qui, quelquefois, pèsent
35o livrés , (près de deux quintaux métriques); car
ces voitures à deux roues, sont calculées pour porter
pendant de longs trajets, jusqu’à 9 milliers ( 45a
quintaux métriques), tandis que dans les États-Unis,
la charge des chariots excède rarement la moitié
de ce poids.
De tout ce que je viens de dire, il résulte que le
bois des Nyssas ne conviendra jamais en Europe pour
faire les moyeux des plus grosses voitures, qui sont
toujours en Orme tortillard, soit parce qu’il manque
de solidité, soit parce qu’il ne parvient pas à un a^seç