Il resuite de cet essai q u e , de chacun des vingt
tuyaux, il s’est écoulé un gallon et un quart (5 litres)
de seve , quantité equivalente à celle qu’on retire
seulement des deux canules qu’on a coutume d’introduire
dans les arbres perforés à cet effet. De ces
faits, ne pourroit-on pas conclure que la séve ne s’échappe
que par les vaisseaux séveux, lacérés par les
tarieres qui y correspondent, à l’orifice supérieur ou
inférieur, et qu’elle n’est pas recueillie, à cet endroit,
des parties environnantes. Je suis d’autant plus dispose
a croire que cela se passe ainsi, qu’un jo u r ,
parcourant les profondes solitudes des bords de
1 Ohio , il me vint dans l ’idée d’entamer un sucrier
à quelques pouces au-dessus de l’endroit où il avoit
été percé l’année précédente. En effet , j’observai
qu’au milieu d’un aubier très-blanc j les fibres ligneuses
présentoient, à cette place, une bande
verte de la même largeur et de la même épaisseur
que l’orifice qui avoit été pratiqué. L ’organisation
des fibres ligneuses ne sembloit pas altérée, mais
cela n’est pas suffisant pour inférer qu’elles pussent
donner, de nouveau, passage à la séve l’année sui-l
vante. On objectera peut-être qu’il est prouvé que
des arbres ont été travaillés depuis trente ans, sans
qu ils paroissent avoir diminué de vigueur, ni avoir
rendu moins abondamment de séve ; on pourroit répondre
à cette observation, qu’un arbre de2 à 3 pieds
(6 dec. à 1 mèt.) de diamètre présente beaucoup de
surface; qu’on évite de perforer l’arbre au même en^t
droit que , quand même cette circonstance auroit lieu
après trente ou quarante ans , les couches successives,
acquises dans cet intervalle, mettroient cet
individu presque dans le même état qu’un arbre récemment
soumis à une opération.
C’est dans la partie supérieure du nouveau Hamps-
hire, dan s l'Etat de Vermont, dans le Génessée et l’État
de New-York, dans la partie de la Pensylvanie située
sur les branches, orientale et occidentale de la Sus-
quehannah, à l’ouest des montagnes, dans les comtés
avoisinant les rivières Mononghahela et Alleghany,
enfin, sur les bords de l ’Ohio, qu’il se fabrique une
plus grande quantité de sucre. Dans ces contrées,
les fermiers, après avoir prélevé ce qui leur est né-*
cessaire jusqu’à l’année suivante , vendent aux marchands
des petites villes voisines, le surplus de ce
qu’ils ont récolté , à raison de 4o centimes la livre ;
et ces derniers le revendent 55 centimes à ceux qui
ne veulent pas s’occuper de cette fabrication , ou qui
n’ont pas d’Ërables à leur disposition.
Il se fait encore beaucoup de ce sucre dans le
Haut-Canada, sur la rivière Wabasch, aux environs
de Michillimakinac, où les Indiens qui le fabriquent,
l’apportent et le vendent aux préposés de la Compagnie
du nord-ouest, établie à Montréal. Ce sucre
est destiné pour l’approvisionnement de leurs nombreux
employés, qui vont à la traite des fourrures
au-delà du Lac supérieur.
Dans la Nouvelle-Écosse, le district de Maine,
sur les montagnes les plus élevées de la Virginie et
des deux Carolines, il s’en fabrique également, mais