mais dans aucune partie des Etats-Unis, cet arbre
n’est plus multiplié que dans les contrées de l’ouest;
et nulle part, surtout, il n’acquiert un aussi grand
développement que sur les bords de l’Ohio et des
grandes rivières qui viennent s’y rendre. Là , tantôt
seul, tantôt mêlé avec le Saule , qui toujours en
occupe les rives, il contribue singulièrement à les
embellir par son feuillage magnifique, dont la blancheur
éclatante en-dessous, offre un contraste frappant
avec le vert brillant de la surface supérieure ; et ces
deux surfaces tour-à-tour réfléchies par les eaux ,
ajoutent à la beauté de ce berceau mobile et merveilleux
, tableau enchanteur , qui , lors de mes
lo ngues excursions en pirogue , dans ces silencieuses
solitudes , n’a jamais cessé d’être l’objet de mon
admiration. A partir de Pittsburgh, et même de quelques
milles au-dessus de l’embouchure des rivières
Mononghahela et Alléghany , on ne cesse de rencontrer^
des distances très-rapprochées, des Erables
blancs qui ont de 12 à i 5 pieds ( 4 à 5 mètres] de
circonférence, mais dont la tige, quoique très-peu
élevée , se divise néanmoins en un si grand nombre
de branches, tellement divergentes, que leur cime
embrasse plus d’espace qu’aucun arbre que je con-
noisse. Ce qui me paroit fort digne de remarque ,
c’est qu’on ne trouve jamais l’Erable blanc que sur
les bords des rivières dont les eaux sont limpides ,
et qui coulent sur un fond de gravier , et jamais
dans les marais ou autres lieux humides qui sont
enclavés dans les forêts, et où le sol est noir et
bourbeux. Ces dernières situations paroissent, au
contraire, tellement favorables au vrai Erable rouge
Acer rubrum, que fréquemment, il les-couvre à lui
seul presque exclusivement. C’est'par la même raison
que cette dernière espèce est si commune dans les
basses Carolines et la Géorgie, où l’Erable blanc
disparoit dès que les rivières , qui descendent des
montagnes vers l’Océan, arrivent dans le bas pays où
leurs rives sônt alors bordées de marais fangeux,
couverts de forêts de Cupressus disticha , de Nyssa
aquatica, Nyssa grandidentata, etc.
Les fleurs de l’Erable blanc paroissent de très-
bonne heure au printemps ; elles sont sessiles, petites
et groupées le long des branches: les graines
qui leur succèdent, sont légèrement teintes de rouge,
et plus grandes quenelles des autres espèces d’E-
rables des Etats-Unis. Dans la Pensylvanie, elles sont
*n maturité vers le I er de mai, et un mois plutôt
sur la rivière Savanah en Géorgie. A celte époque,
les feuilles sont très-tomenteuses en-dessous, et n’ont
encore acquis que la moitié de leur grandeur; mais,
un mois plus tard , elles ont tout leur développe^
ment, et alors, elles sont entièrement glabres. Ces
feuilles qui sont opposées, et portées sur de long pétioles,
sont profondément découpées en quatne lobes,
dentées sur leurs bords, d’un beau vert en-dessus,
et d’une belle couleur blanche en-dessous ; mais
elles garnissent peu, et elles laissent passer aisément
les rayons du soleil.
Le bois de l’Erable blanc a le grain fin , et il est