Les feuilles du Gymnocladus canadensis ont
quelquefois près de 3 pieds ( i mètre ) de longueur ,
sur 20 pouces (6 décim.) dé largeur, dans les jeunes
individus qui poussent vigoureusement; mais elles
ont moitié moins de cette grandeur, dans les vieux
arbres. Ces feuilles sont doublement ailées, et garnies
de folioles ovales-acuminées et longues de î à 2 pouces
Ç 3 à 6 centim. ) Elles sont d’un vert sombre, et le
pétiole sur lequel elles sont attachées, est de couleur
violette à l’automne.
Le Gymnocladus canadensis appartient à la classe
de la dioéeie de Linnæus, qui renferme tous les
végétaux, dont les fleurs mâles et les fleurs femelles
sont sur des pieds différens, de sorte qu’il n’y a que
ceux qui portent des fleurs femelles, qui donnent
des fruits; encore est-il absolument nécessaire qu’un
individu mâle se trouvé dans le voisinage, pour que
la fécondation puisse s’opérer. Les fruits et les fleurs
sont des gousses très larges , d’un rouge brun ,
arquées et pulpeuses intérieurement. Elle contiennent
plusieurs grosses graines de couleur grise, et
qui sont d’une grande dureté ; les Français de la
Haute-Louisiane leur donnent le nom de Gourganes.
Le nom de Cojfeetrëë, arbre à café, donné à cet
arbre par les premiers émigrans qui allèrent s’établir
dans le Kentucky et lè Tennessee ; vint de ce qu’ils
crurent trouver dans ses graines torréfiées ; et ensuite
mordues-, une substance susceptible de remplacer
le véritable café; mais le petit nombre de personnes
qui à cette époque en firent usage , l’aban-
GYMNOCLADUS CANADENSIS.
donnèrent dès qu’ils eurent la facilité d’obtenir de
ports de mer, du café des colonies occidentales.
Le bois du Gymnocladus est très-compacte et de
couleur rose. Le grain qui en est très-fin et très-serré,
le rend propre à l ’ébénisterie; il l’est également pour
la bâtisse, parce qu’il paroit avoir beaucoup de force.
De même que l’Acacia, il possède une qualité précieuse
, c’est que son aubier se convertit rapidement
en coeur ou vrai bois, tellement qu’un arbre de 6
pouces Ç 18 centim.) de diamètre, n’a que 6 lignes
( 2 millim. ) d’aubier, et pourroit être employé dans
presque tout son entier. Ces bonnes qualités doivent
donc engager à le propager dans les forêts du milieu
et du Nord de l’Europe.
Le Gymnocladus canadensis a été envoyé du
Canada en France, depuis plus de cinquante ans; il
réussit très-bien aux environs de Paris, où il en existe
plusieurs individus,qui ontplusde 40 pieds ( i 3 mètres
) ; mais qui ne fructifient pas ; on est donc encore
réduit à le multiplier de rejetons, qu’on obtient facilement,
en faisant de petites tranchées autour des
vieux arbres. Les racines -coupées donnent des jets
de 3 à 4 pieds ( 1 mètre), dès la première année.
Ces jeunes pieds sont recherchés pour l’embellissement
des parcs et jardins paysagistes, à cause de la
beauté de leur feuillage.
P L A N C H E X X I I I .
Hameau avec les fleurs de grandeur naturelle. Fig. 1, gousse
de grandeur naturelle. Fig. 2 , graine de grandeur naturelle.
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