Il est à remarquer que l’Erable rouge ne parvient
jamais à sa plus grande grosseur, que dans les marais
dont le fond est d’une nature très-fertile : marais
qui lorsque la population se sera beaucoup accrue,
seront défrichés, et soumis à un genre de culture
qui, offrira des produits plus avantageux que de les
laisser couverts de forêts, et notamment de l’espèce
dont il est ici question ; car le bois de cet arbre n’est
propre ni au charronnage, ni à aucune espèce de
bonnes constructions , parce qu’il manque de force,
qu’il est^ujet à s’échauffer et à être attaqué par les
vers , enfin qu’il pourrit promptement, lorsqu’il est
expose aux alternatives de la sécheresse et de l’hu-
midite. Je pense donc que, quoi qu’il soit assez
employé pour le présent, néanmoins les ressources
q u il offre aux arts, ne sont pas assez importantes
pour engager à le conserver ; de manière qu’avec le
temps, il ne peut manquer de devenir fort rare,
car, lorsque l’époque sera arrivée, où dans les Etats-,
Unis, comme en Europe , il faudra renouveler ou
entretenir les forêts qui auront échappé à la destruction
, les forestiers américains ne trouveront pas
dans ce bois des qualités assez précieuses, pour le
laisser subsister de préférence à plusieurs espèces de
Chenes, de Noyers et de Frênes, d’uné utilité bien plus
générale. D ailleurs l’Erable à sucre qui vient dans
les terrains élevés, et qui possède à un plus haut
degre toutes les propriétés de l ’Erable roüge, méritera
a tous égards la préférence. Ces.considérations
me font croire que l’Érable rouge n’a aucun droit à
être introduit dans les forêts européennes, quoiqu’il
vienne très-bien en France, où sa végétation est
cependant beaucoup moins accélérée que celle de
l ’Érable blanc, Acer eriocarpum.
PLANCHE XIY.
Rameau représentant les feuilles de grandeur naturelle. Fig. 1,
fleurs mâles. Fig. a , fleurs femelles. Fig. 3, graines de grandeur
naturelle.