L ’Erifble à sucre offre dans son bois deux altérations
remarquables, dont les ébénistes savent tirer
avantageusement par.ti, pour faire de beaux meubles :
la première de ces altérations, comme dans l’Erable
rouge,consiste dans les ondulations des fibres ligneuses,
dont j’ai parlé en traitant de cette espèce ; la
deuxième paroit être le résultat de la torsion des
fibres ligneuses, qui a lieu de l’extérieur à l’intérieur
; cette disposition qui ne se rencontre que
dans les vieux arbres, quoique sains, présente de petites
taches tout au plus de la largeur d’une demi-
ligne Çun millimètre J , qui quelquefois sont conti-
guës les unes aux autres, et quelquefois aussi sont
distantes de plusieurs lignes ; plus elles sont multipliées,
plus les morceaux qui en sont parsemés, sont
recherchés par les ébénistes qui ordinairement les
débitent en feuilles très-minces, qu’ils plaquent sur
l’acajou. On en fait encore des montans de lits ou des
bureaux portatifs très-élégans , et qui se vendent fort
cher. Pour obtenir les plus beaux effets, on doit débiter
les arbres dans lesquels ces accidens se trouvent
, parallèlement aux couches concentriques. On
donne à cette variété d’Erable le nom de Bird eyes
maple, Erable à oeil d’oiseau.
L ’Erable à sucre, coupé en temps convenable,fournit
un excellent combustible, et comme tel, on l’exporte
du district de Maine à Boston , où il est aussi
estimé que le bois d’Hickery, devenu très-rare dans
les environs de cette grande ville. La supériorité de
l ’Erable à sucre, comme bois de chauffage, reconnue
dans le Nord de l’Amérique, s’accorde fort bien
avec les expériences intéressantes de M. Hartig
sur le degré de calorique respectif que donnent les
différens bois d’Europe, et d’où il résulte que celui
de Y Acer pseudo-platanus, en produit plus qu’aucun
autre.
Les cendres de l’Erable à sucre sont aussi très-
riches en principes alkalins, etje crois pouvoir avancer
, sans me tromper, que les quatre cinquièmes de
toute la potasse de l’Amérique, importée de Boston
et de New-York en Europe, sont fabriqués avec les
cendres de cet arbre.
Dans les forges établies dans l’État de Vermont et
le distriet de Maine, le bois de l’Erable à sucre est
préféré à celui de tous les autres arbres ; on m’a même
assuré que son chai’bon étoit d’une qualité supérieure,
et que, comparé à celui que l’on fabrique
avec le bois du même arbre dans les États du centre,
il étoit d’un cinquième plus pesant ; ce qui ten-
droit à prouver que ce n’est que dans les contrées les
plus septentrionales, que cet Érable réunit au plus
haut degré toutes les qualités qui lui sont propres.
La pesanteur et la dureté du bois de l’Érable à
sucre peuvent facilement le faire distinguer de celui
de l’Érable rouge, qui a la même apparence; mais
Outre ce la , il est un moyen bien simple pour les
reconnoitre, c’est de verser quelques gouttes de dissolution
de sulfate de fer, sur un échantillon de
chacun de ces bois. Ceux de l’Érable à sucre et de
1 Érable noir, prendront en moins d’une minute