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attendu que cette partie du navire reste continuellement
submergée.
Le bois de Hêtre, très-sujet à être attaqué par les
vers et à pourrir promptement lorsqu’il est exposé
aux alternatives de la sécheresse et de l'humidité; est
rarement employé pour la construction des maisons,
même dans les campagnes; ce qui fait que, sous ce
rapport, son usage est très-borné.
Dans le district de Maine, on est obligé de se servir
de jeunes Hetres pour les cercles à barriques,
toutes les fois qu’on nè peut s’en procurer suffisamment,
de Bouleau jaune et de Frêne noir ; car les
jeunes Chênes blancs sont très - rares , et le pays ne
produit pas de Noyers Hickerys.
On apporte à Boston du bois de Hêtre rouge ,
pour chauffage; mais sous ce rapport, il est moins
estimé que celui de l ’F.rable à sucre, doût le prix
est plus élevé. On en fait dans cette ville les formes
de souliers , les manches d’outils de menuisier, et les
cardes à carder la laine , parce qu’il n’est point sujet
à se tourmenter lorsqu’il est bien sec.
A Philadelphie-, pour ces usages particuliers, l’on
fait venir le Hêtre rouge du haut de la rivière Hud-
son. Plusieurs ouvriers de cette ville, dont l’unique
occupation est de faire les manches de rabot de ce
bois , m’ont dit que celui du Hêtre d’Angleterre étoit
préférable, comme étant encore plus compacte et plus
solide; que cependant, on trouvoit quelquefois du
Hêtre rouge qui l’égaloit en qualité.
Du district de Maine et delà Nouvelle Brunswick,
on exporte en Angleterre du bois de Hêtre rouge,
que l’on débite en planches épaisses d’environ trois
pouces, f 9 centimètres/. J’ignore à quel usage on
l’y emploie; mais quelle qu’en soit la consommation,
les forêts de cet arbre sont tellement étendues dans
les. pays que je viens de nommer, qu’elles pourront
longtemps subvenir aux besoins du commerce.
La grande analogie qui existe entre le Hêtre rouge
et le Hêtre d’Europe, par leur aspect, leur feuillage
et la qualité de leur bois, m’engage à dire un mot des
propriétés de celui-ci, de l’usage qu’on en fait dans
les arts, en Europe, et des moyens que l’on emploie
pour en assurer la conservation dans les grandes
constructions; présumant, en cela être agréable aux
habitans des diverses parties des Etats-Unis, où j’ai
dit que le Fagus ferruginea étoit le plus abondant.
L ’expérience paroit avoir appris que le Hêtre doit
être coupé en été, lorsqu’il est en pleine séve, parce
qu’on a observé que les arbres abattus dans cette
saison , durent fort long-temps , et que ceux qui l’ont
été durant l’hiver, se sont pourris en fort peu d’années.
Lorsqu’ils auront été coupés., il faut les laisser
en grume , les retourner de temps en temps, ensuite
les façonner ou les priver de leur aubier, puis les
jeter dans l’eau, soit en entier, soit après les avoir
débités en planches plus ou moins épaisses ; on les
y laisse plusieurs mois. Mais quelques personnes
prétendent cependant , qu’il suffit de les tenir enfoncés
dans la vase pendant un espace de vingt
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