Quoique cette espèce se trouve dans toutes les
parties des Etats-Unis que je viens d’indiquer, cependant
elle ne m’a paru nulle part plus multipliée
que dans les Etats du Maryland, et dans cette portion
de la Virginie, comprise entre le dernier chaînon
des Âlléghanys et la mer. Partout où le sol est
sec et graveleux, par suite très-peu substantiel, on
y voit le Quercus obtusiloba entrer en grande proportion
dans la masse des forêts, composées principalement
des Quercus tinctoria, Quercus coccinea,
Quercus ferruginea,Quercus fdlcata, Cornusflorida,
et fréquemment de Pinus m itis , et de rejetons de
Juglans tomentosa; forêts qui, d’ailleurs, ont une très-
mauvaise apparence, tant parce que, comme je viens
de le d ire, elles reposent sur 'un sol peu fërtile, que
parce qu elles sont constamment dégradées par les
bestiaux qui les parcourent toute l’année, et qui,
affamés dans l’hiver par le manque d’herbes, mangent
les jeunes pousses et les plants des années précédentes.
La partie haute des deux Carolines et de la
Géorgie, surtout au point d’union des landes et des
terres à chêne , fort analogue à ces cantons de la
Virginie dont je viens de parler , produit également,
et par la même raison, beaucoup de Quercus obtusiloba•,
tandis que vers la mer, où le sol trop stérile n est
couvert que de Pins (Pinus australis. ) , cet ârbrene
se rencontre que sur la partie déclive dfes marais, ou
autour des habitations, ou sur l’emplacement de
celles qui ont été abandonnées à cause de la stérilité
du terrein.
Les feuilles du Quercus obtusiloba sont portées
sur de courts pétioles; leur couleur est d’un vert
sombre en-dessus: et grisâtre en-dessous. Elles sont
longues de 4 à 5 pouces (12 centimètres), épaisses
et même coriaces vers la fin de l ’été, sinuées assez
profondément et d’une manière assez régulière. Elles
présentent quatre à cinq lobes, arrondis à leur sommet,
dont les deux supérieurs sont beaucoup plus larges.
Dès que les premiers froids se font sentir, on remarque
que les nervures. inférieures deviennent roses et
non rouges , ni même tirant sur le pourpre comme
celles du Quercus coccinea. La fructification de cet
arbre manque rarement. Les glands ovales-arrondis
et assez petits, sont contenus jusqu’au tiers de leur
longueur, dans une cupule grisâtre et légèrement inégalé
à sa surface. Ils ne sont point amers comme ceux
de beaucoup d’autres espèces, mais ils sont trèsS
doux ; c’est ce qui les fait avidement rechercher
par les écureuils et les dindons sauvages. C’est probablement
aussi â cause de cela, que quelques habi-
tans donnent encore à cet arbre le nom de Turkey
oàk, Chêne à dindons.
Le Quercus obtusiloba s’élève beaucoup moins
haut que le chêne blanc , car sa hauteur excède
rarement 40 à 5o pieds ( i 5 mètres), et son diamètre
i 5 pouces ( 4o centimètres); quoiqu’il soit
resserré dans les forêts au milieu desquelles il croît,
cependant sa cime est fort large , et même plus
que sa grosseur ne paroîtroit devoir le comporter;
ce qui est dû probablement à ce que son tronc se