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w? D e l a N a t u r e .
fenfations, il fe réfléchit vers {’Univers, il forme des*
idées, il lesconferve, les étend, les-combine; l’homme,
6c fur-tout l ’homme inftruit,- n’eff plus un fimple indi-
vidu, il repréfente, en grande partie l ’efpèce humaine
entière, il a commencé par recevoir de fe s pères les
eonnoiflânces qui leur avoient été tranfmifes par fes
aïeux; ceux-ci ayant trouvé l’art divin. de tracer lapenfée
6c de la faire palfer à la poftérité, fe font, pour ainfi
,dire, identifiés avec leurs, neveux ; les nôtres s’identifieront
avec nous; cette réunion, dans un feul homme,
de l ’expérience de plufieurs fièdes . recule à l ’infini
les limites de fon être; ce n’êft plus un individu fimple,
borné, comme les autres, aux fenfations de l’in fiant
préfent, aux expériences du jour actuel ; o’eft à peu près
l ’être que nous avons mis à'la place de l ’elpèce entière;
il lit dans le pafle, voit le préfent, juge de l ’avenir ;
6c dans lc.torrent destemps qui amène, entraîne,abforhe
tous les individus de l’Univers, il trouve les1 elpèces-
conftantes, la Nature invariable : la relation des chofes
étant toujours la même,- l’ordre des-temps lui paraît
nul; les loix dû-renouvellement ne font que compenfer.
à; lès yeux, celles' de la permanence ; une fiicccfiion
continuelle d’êtres, tous femblables entre eux, n’équivaut,
en,effet,,qu’à l ’exiflence.perpétuelle d’un feul de
ces êtres;,
A quoi fe rapporte donc ce grand appareil des ,
générations, cette immenfe profufion de germes ; dont
ihen avorte mille 6c mille pour un qui réuffit ! qu’efi-ce '
S e c o n d e v u e . v
xjlré cette propagation, Cette multiplication des êtres,
qui fe détruifant 6c fe renouvelant làns celfe, n’offrent
toujours que la même fcène, 6c ne rempliffent ni plus
ni moins la Naturel'd’où viennent ces alternatives de
mort 6c de vie, Ces loix d’accroiflement 6c de dépé-
riflement, toutes ces1 viciffîtiides individuelles, toutes
ces repréfentations renouvelées d’une feule 6c même
éhofeî elles tiennent à l’effence même de la'Nature,
6c dépendent du premier établiflfement de la machine
du monde; fixe dans fon tout 6c mobile dans chacune
de fes parties', les mouvemens généraux des corps
céleftes ont produit les mouvemens particuliers du
globe de la T erre ; les forces pénétrantes dont cés grands
corps font animés , par lefquelies ils agiffent au loin 6c
réciproquement les uns fur les autres', animent auffi
chaque atôme de matière r 6c cette propenfion mutuelle
de toutes fes: parties les' unes vers* les autres eft le
premier lien des êtres , -le principe de laconfiftanee des
chofes , ôc le foutien de l’harmonie de l ’Univers; Les
grandes combinaifons ont produit toitsles petits rapports ;
le mouvement de la Terre fur fon axe ayant partagé ert
jours 6c en nuits les efpaces de la durée, tous les êtres
vï van s qui habitent la terre ont leur temps de lumière
6c leur temps de ténèbres, la veille 6c:le fommeil : une
grande, portion déTéeonornie animale, celle de faction
des fens 6c du mouvement des membres; eff relative à
cette première combinaifon. Y auroit-il des fens ouverts ■
à la lumière dans un monde oùla nuit ferait perpétuelle! -
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