24. Hi stoire Naturel le
mâle a le membre génital menu & recourbé , en forte
qu’il pifte en arrière. C ’eft un animal très - lafcif *, &
qui cependant a beaucoup de peine à s’accoupler. La
femelle a l’orifice des parties de la génération très-petit;
elle fe profterne pour attendre le mâle, & l’invite par
fes. foupirs ; mais il fe palfe toujours plufieurs heures
& quelquefois un jour entier avant qu’ils puiftent jouir
quelque chofe à celle du cheval & du mouton ; la lèvre fupérieure,
comme celle du lièvre, eft fendue au milieu , par-là ils crachent à dix
pas loin contre ceux qui les inquiètent, & fi ce crachat tombe fur le
vilâge, il fait une tache rouffâtre où fe forme fouvent une galle : ils
ont le,cou long, courbé en bas comme les chameaux à la naifïànce
du corps, & ils leur reflêmbleroient aflèz bien s'ils avoient une bolïè
fur le dos s leur hauteur eft d’environ quatre pieds & demi ; ils marchent
la tête levée & d’un pas fi réglé que les coups même ne peuvent les
hâter; iis ne veulent point marcher la nuit avec leurs charges , on,les
débarraffe tous les foirs de leurs fardeaux pour les laitier paître ; ils
mangent peu & on ne leur donne jamais a boire ; ils ont le pied
fourchu comme les moutons & un éperon aurdeiïùs qui leur rend’
le pied fur dans les rochers : leur laine a une odeur forte, elle eft
longue, blanche , grilè & roullè par taches , & allez belle, quoique
beaucoup inférieure à celle des vigognes. Voyagede F réter, page i y L
* Salaciffimum hoc ejfe animal id mihi conjeâuram fa c it, qmd cum fu i
generis femellis fit dejlitutum, magna cum prurigine capris fe commifceat,
non tamen ereâis ut ali'as eapræ hirco afcendente file n t fe d humi ventre
Mçcubantibm•, Ha cogente animali anteriorihus cruribus. haque fuper afcen-
dens coït , non autem ayerfis clunibus. Adeo venere, vernali autumnàlique
tempore , fimulqtur hoc animal ut illud viderim humile quoddam pm je-
pium avênâ refertum confcenfijfe , génitale que illi magno cum muymurc
tarndiu confricajfe quo ufque femen redderet, plurimis unâ horâ replicatis
vicibus,. Non. tamen concepere caprn hujufce animalis femme nfertce.
^atthioL Epift, lih. V. -
du L ama et du P aco. 25
l’un de l’autre, & tout ce temps fe paffe à gémir, à
gronder, & fur-tout à fe confpuer ; & comme ces longs
préludes les fatiguent plus que la chofe même, on leur
prête la main pour abréger & on les aide à s’arranger. Ils
neproduifent ordinairement qu’un petit & très-rarement
deux. La mère n’a aulfi«que deux mamelles, & le petit
la fuit au moment qu’il eft né. La chair des jeunes eft
très-bonne à manger, celle des vieux eft sèche & trop
dure; en général, celle des lamas domeftiques eft bien
meilleure que celle des fauvages, & leur laine eft aufit
beaucoup plus douce. Leur peair eft aflez ferme; les
Indiens en làifoient leur chauflure, & les Efpagnols
l’emploient pour faire des harnois. Ces animaux fi
utiles & même fi néceflaires dans le pays qu’ils habitent,
ne coûtent ni entretien ni nourriture ; comme ils ont le
pied fourchu il n’eft pâs néceftàire de les ferrer ; la laine
épaifle dont ils font couverts difpenfe de les bâter ; ils-
n’ont befoin ni de grain, ni d’avoine, ni de foin; l’herbe
verte qu’ils broutent eux-mêmes leur fuffit, & ils n’en
prennent qu’en petite quantité * ; ils font encore plus
* La peau des huanacus eft dure : les Indiens la préparaient avec
du fuif pour l’adoucir, & en faifoient les femelles de leurs fouliers ;
mais comme ce cuir n’étoit point corroyé, ils le déchaufloient en
temps de pluie. Les Efpagnols en font de beaux harnois de chevaj :
ils emploient ces animaux, comme faifoient les Indiens , pour le
tranfport de leurs, marchandifes. Leur voyage le plus ordinaire eft
depuis Cozer jufqu’à Potofi , d’où l’on compte environ deux cents
lieues, & leur .journée de trois lieues , car ils vont lentement, & fi
on les fait aller plus vite que leur pas ordinaire, iis le laiflènt tomber
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