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de Lapponie, mais il en defcend quelquefois en fi grand
nombre dans de certaines années * & dans de certaines
faifons, qu’on regarde l’arivée des Lemings comme
tin fléau terrible, & dont il eft impoflibie de fe délivrer
; ils font un dégât affreux dans les campagnes, dé-
vaftent les jardins, ruinent les moiflons , & ne laiflent
rien que ce qui eft ferré dans les maifons, où heureu-
fement ils n’entrent pas. Ils aboient à peu près comme
* On a remarqué que les Lemmers ne paroilîènt pas régulièrement
tous les ans, mais en certain temps à l’improville & en Ci grande
quantité, qu’ils fe répandent par-tout & couvrent toute la terre...........
Ces petites bêtes, bien loin d’avoir peur & de s’enfuir quand elles
entendent marcher les paflàns, font au contraire hardies & courageufes,
vont au-devant de ceux qui les attaquent, crient & jappent prelque
tout de même que des petits chiens ; Ci on les veut battre, elles ne
fe loucient ni du bâton ni des hallebardes, fautant & s’élançant contre
ceux qui les frappent, s’attachant & mordant en colère les bâtons de
ceux qui les veulent tuer. Ces animaux ont ceci de particulier, qu’ils
n’entrent jamais dans les mailôns ni dans les cabanes pour y faire du
dommage , ils fe tiennent toujours cachés dans les broffailles & le long
des coteaux ; quelquefois ils fe font la guerre, fe partageant comme
en deux armées le long des lacs & des prés........ Les hermines &
les renards font leurs ennemis & en mangent beaucoup......... l’herbe
renaiffonte fait mourir ces petits animaux, il femble qu'ils fe fâffent
auffi mourir eux-mêmes ; on en voit de pendus à des branches d’arbres,
on peut croire auffi qu’ils Ce jettent dans l’eau par troupes comme
les hirondelles. Hijloire de la Lapponie, par Scheffer, page y 2 2 . Nota.
II y a bien plus d’apparence que les lemings, comme tous les autres
rats, Ce mangent & s’entredétruifent dès que la pâture vient à leur
manquer, & que c'eft par cette raifon que leur deflruélion' cil auffi
prompte que leur pullulation.
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des petits chiens ; lorfqu’on les frappe avec un bâton,
ils fe jettent deflus & le tiennent fi fort avec les dents,
qu’ils fe laiflent enlever & tranfporter à quelque difi-
tance, fans vouloir le quitter; ils fe creufent des trous
fous terre, & vont comme les taupes manger les
racines, ils saflemblent dans de certains temps, &
meurent pour ainfi dire'tous enfemble; ils font très-
courageux & fe défendent contre les autres animaux :
on ne fait pas trop d ou ils viennent, le peuple croit
qu’ils tombent avec la pluie * ; le mâle eft ordinairement
plus grand que la femelle, & a auffi les taches
noires plus grandes ; ils meurent infailliblement au
renouvellement des herbes ; ils vont auffi en grandes
troupes fur l’eau dans le beau temps-, mais s’il vient un
coup de vent, ils font tous fubmergés; le nombre de
ces animaux eft fi prodigieux, qup quand ifs meurent,
1 air en eft infeéte, 6c cela occafionne beaucoup de
* Bejtiohe quadrupèdes, Lemmai- vel Leimmjs du'lee, magnitudine
foricis, pelle varia per tempejlates & repentinos imbres... incompertum m de,
an ex remotioribus infulis i r vente delatce an ex nubibus fteculentis natte
deferantur. ld tamen cowpertum ejl Jlatim atque deciderint, reperiri in v if-
ceribus herbee crudee nondum concoélte. H te more locujlarum in maxima
examine cadentes omnia virentia deflruunt & quee morfu tantum attiaerint
emoriuntur virulentiâ; vivit hoc agmen donec non gujlaverit herbam renatam.
Conveniunt quoque gregatim quafi hirundines evolaturte, fe d Jlato tempore
aut moriuntur acervatim cum lue terne ( ex quorum corruptione aer f t
pejlilens & afficit incolas vertigine & iâero ) aut bis bejlüs diâis yulg*.
riter Lekat vel Hermelin confumuntur mde iidem Hermelini pinguefcunî*
OI. Mag. H ijl. G en t.J ep t.p sg. 142,
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