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le panther au nombre des petits animaux, tels que les
loirs & les chats.
Le thos eft donc le chacal , Si le panther eft
l ’adive, Si foit qu’ils forment deux efpèces différentes
ou qu’ils n’en faffent qu’une, il eft certain que tout ce
que les Anciens ont dit du thos Si du panther convient
au chacal & à l’adive, Si ne peut s appliquer à
d’autres animaux, Si fi jufqu à ce jour la vraie lignification
de ces noms a été ignorée, s’ils ont toujours
été mal interprétés , c ’eft parce que les Traducteurs
ne connoiffoient pas les animaux, Si que les Natura-
liftes modernes qui les connoiffoient peu n’ont pu les
réformer.
Quoique l’efpèce du loup foit fort voifine de celle
du chien , celle du chacal ne laiffe pas de trouver
place entre les deux; le chacal ou adive, comme dit
Belon, eft bête entre loup ir chien; avec la férocité
du loup, il a en effet un peu de la familiarité du chien,
fa voix eft un hurlement mêlé d’aboiement & de gé-
miffemens * ; il eft plus criard que le chien, plus vorace
que
* I [ d’une belle couleur {aune, plus petit que le loup , marchant
toujours en troupe , jappant toutes les nuits........ Vorace & voleur,
en forte qu'il emporte non-feulement ce qui eft bon à manger, mais
meme les chapeaux, ies fouliers, ïes brides des chevaux , & tout ce
qu’il peut attraper. Obferv. de Belon, page 1 6 3 . — Jackalpenê ofrmem
orientent inhabitat; beftia ajluta audax & furaciffmm e ft......... Interdiu
Çirca montes la te t, noâu per vigil & vagus eft; catervatim proedatunt^
(pourrit in rura dft pagof. . . . . Ululation tioolu edunt execrabi/etjt ejulatui
hiajiaM
du C h a c a l i r de l 'A d i v e . 265
que le loup ; il-ne va jamais feul, mais toujours par
troupe de vingt, trente ou quarante; ils fe raffemblent
chaque jour pour faire la. guerre & la chaffe ; ils vivent
de petits animaux, Si fe font redouter des plus pniflàns
par le nombre ; ils attaquent toute efpèce de bétail ou
de volailles prefqu’à la, vue dès hommes; ils entrent
infolemment Si fans; marquer de crainte dans les; bergeries
, les étables, les écuries. Si lorfqu’ils n’y trouvent
pas autre chofe, ils dévorent le cuir des harnois, des
bottes , des fouliers, Si emportent les lanières qu’ils
n’ont pas le temps d’avaler. Faute de proie vivante,
iis déterrent les cadavres des animaux & des hommes;
on eft obligé de battre la terre fur les fépultures, Si
d’y mêler de greffes épines pour les empêcher de la
gratter Si fouir, car une épaiffeur de quelques pieds de
terre ne fuffit pas pour les rebuter * ; fis travaillent
humano non diftimilem quem interdum vox latrantium quaft canum interftrepit :
unique inclamanli omnes acclamant, quotquot vocem è longinquo audiunt.
Koempfer, Amcenit. exotic. pag. 4 .1 3 . — Vers le canal de la mer Noire,
il y a beaucoup de fiacalles ou chiens fâuvages qui ne refîemblent pas
mal à des renards, for - tout par le mufèau. On croit qu’ils iont engendrés
des loups <5t des chiens; ils font le loir, & quelquefois bien
avant dans la nuit, des hurlemens effroyables.. . . . Ils font fort médians
& auffi dangereux que les loups. Voyage de Corneille le Brun,
fo l. P a ris, 1 7 1 4 ; page y 6'.
* Les adives font très-avides de cadavres, particulièrement-de cadavres
humains. Quand les Chrétiens vont enterrer quelqu’un à la campagne,
ils font une foflè très-profonde, & qui n’eft pas fuffiiânte pour qu’ils
ne déterrent pas les corps ; c’eft pourquoi l’on a coutume de fouler
avec les pieds la terre que l’on jette dans la foflè, & d’y joindre des
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