jambe de devant , il fait feulement glifîèr le pied fans étendre
les doigts ; les ongles refient fléchis en arrière , & le pied ne
porte que fur leur convexité & fur le poignet fans que la plante
touche la terre : ce mouvement ne fe fait pas direétement en
avant, mais un peit obliquement en dehors. La jambe & le pied
de derrière font encore plus écartés en dehors, de forte que le
pied décrit un arc de cercle lorfque l’animal veut le porter en
avant, & durant ce mouvement les ongles reftent couchés en
arrière comme ceux des pieds de devant, le pied ne portant
que fur leur convexité & fur le talon (ans que la plante appuie
fur la terre. Une telle démarche ne peut être prompte ni même
fa c ile , auffi l’animal femble ne marcher que malgré lu i, &
lorfqu’il y eft contraint pour fitisfaire fes befoins ; cependant il
eft moins lent qu’on ne l'imaginerait d’après une conformation fi
peu propre au mouvement progreflif : il m’a fembié qu’il alloit
plus vite que les tortues, & que fon allure avoit du rapport avec
celle des chauve - fo'uris lorfqu’elles marchent fur leurs quatre
pieds (ans s’aider de leurs ailes B
L ’unau a beaucoup plus de facilité a gravir & à fe fu(pendre
en l’air qu’à marcher fur la terre, alors il étend fes ongles & il
s’en fert comme de crochets en les appuyant fur tout ce qui
peut les arrêter. Ses ongles étant longs , crochus , pointus &
très-forts, ils le foutiennent fi aifément qu’il femble fe plaire
dans l’attitude où fon corps eft pendant & fes pieds accrochés-
en haut ; il y refte volontiers pendant long-temps, & même-
pour fe repofer il fe fufpend à demi en fe dreflànt fur fes feffès
& en accrochant fes pieds de devant & ceux de derrière à une
petite hauteur pour foutenir fon corps dans une fituation verticale,
e’efl dans cette attitude qu’il pafle la nuit; mais s’il n’avoit pas
* Voyez le tohimt V IH de cet ouvrage,page 122,
un point d’appui pour accrocher fes pieds de devant, il ne pourrait
tenir fon corps droit ; iorfqu’on le force à s’affeoir, fes jambes
de derrière fe dirigent en dehors de chaque côté au point d être
toutes les deux fur une même ligne. Quelque facilité qu’il ait a
gravir par la conformation de fes ongles, il eft fort lourd &
très mal-adroit pour tout ce qui dépend des mouvemens de fes
jambes & de fon corps. J’ai vu celui qui a fervi de fujet pour
cette defeription, fe (i ifpendre par les quatre pieds a i rebord qui
étoit autour d’une table à jouer, ainfi fufpendu il tounroit autour
dé cette table, mais il ne pouvoit pas monter deffus.
L ’unau lâifit avec le.pied de devant comme avec une main;
& s’en fert pour porter fes alimens à (à bouche; mais ce n’eft
qu’une main très-imparfaite, elle n’a que deux doigts, comme
je l’ai déjà ftit obferve'r, & deux grands ongles ; ces doigts &
ces ongles ne font l’office que d’un feul d oigt, car ils ne s’écartent
pas l’un de l’autre, ils s’étendent & fe fléchiflènt enfemble;
l ’animal en approchant de fon poignet l’extrémité de fes ongles
ferre les chofes qu’il veut faifir & les enlève. Celui que j’ai vu
mangeoit peu , on le nourrilfoit avec du pain deiïeché au fou r,
& on lui donnoit pour boîflôn du lait mêlé avec de l’eau : le
plus fouvent il fe fufpendoit par trois de fes pieds, & il mangeoit
avec le quatrième la tête en bas. Lorfepi’on l’obligeoit à
marcher trop long - temps, il jetoit des cris foibles & plaintifs.
Il aimoit la chaleur ; moins il faifoit chaud , plus il dormoit ;
quelquefois fon fommeil durait pendant dix-huit heures : il avoit
peu d’odorat , & il paroiffoit. n’avoir pas bonne vue. Cet
animal eft vivant dans la ménagerie de M. le Marquis de
Montmirail. pieds, pouc, lignes.
Longueur du corps entier, mefiifé en ligne droite
depuis le bout du mufeau jufqu’à l’anus.. . . . . . 1. 5. 6.
G ij