» quatre enveloppes ou couches, dont deux font de'
» grailfe & les deux autres d’une chair fort délicate 8c
» favotireufe, qui étant rôtie, a l’odeur du cochon & le
» goût du veau. Ces animaux, lorfqu’ii doit pleuvoir,
» hondilfent hors de l’eau à une hauteur allez confidé-
rable * : » il paroît que le P. Gumilla fe trompe comme
le P. du Tertre, en difant que la femelle produit deux
petits; il eft prefque certain, comme nous l’avons dit,
qu’elle n’en produit qu’un.
Enfin M. de la Condamine qui a Bien voulu nous
donner un deffein qu’il a fait lui- même du lamantin
fur la rivière des Amazones , parle plus précifément
& mieux que tous les autres des habitudes naturelles
de cet animal. « Sa chair, d it - il, & fa grailfe ont alfez
* de rapport à celle du veau ; le père d’Acuna rend là
» relfemblance avec le boeuf encore plus complète en
» lui donnant des cornes dont la Nature ne l’a point
»pourvu; il n’eli pas amphibie à proprement parler,
» puifqu’il ne fort jamais de l’eau entièrement, & n’en
» peut fortir, n’ayant que deux nageoires alfez près de la
» tête, plates & en forme d’ailerons , de quinze à feize
»pouces de long, qui lui tiennent lieu de bras & de
» mains ; il ne fait qu’avancer fa tête hors de l’eau pour
» atteindre l’herbe fur le rivage. Celui que je deffmai
» ( ajoute M. de la Condamine ) étoit femelle, là Ion-
» gueur étoit de fept pieds & demi de r o i, & fa plus
» grande largeur de deux pieds. J ’en ai vu depuis de plus
'* H i f to i r e d e i ’O r é n o q u e , p a r l e P . G u railla.
d e s P h o q u e s , des A Io r s e s , frc. 389
grands; les yeux de cet animal n’ont aucune proportion «
à la grandeur de fon corps, ils font ronds & n’ont «
que trois lignes de diamètre ; l’ouverture de fes oreilles «
efl: encore plus petite & ne paroît qu’un trou d’épingle. «
Le manati n’elt pas particulier à la rivière des Ama- «
zones, il n’elt pas moins commun dans l’Orénoque ; «
il fe trouve àulfi, quoique moins fréquemment, dans «
l ’Oyapoc & dans plufieurs autres rivières des environs «
de Cayenne & des côtes de la Guiane, 6c vrai-fembia- «
biement ailleurs. C ’elt le même qu’on nommoit autre- «
fois Manati, & qu’on nomme aujourd’hui Lamantin à «
Cayenne & dans les îles françoifes d’Amérique, mais «
je crois l’efpèce un peu différente. Il ne fe rencontre <ç
pas en haute mer, il ell même rare près des embou- «
chûres des rivières, mais on le trouve à plus de mille «
lieues de la mer dans la plupart des grandes rivières «
qui defeendent dans celle des Amazones, comme dans «
le Guallaga, le Paltaça, &c. il n’ell arrêté, en remon- «
tant l’Amazone , , que par le Pongo ( cataraéte ) de «
Borja, au-delfus duquel on n’en trouve plus *. »
Voilà le précis à peu près de tout ce que l’on lait
du lamantin ; il ferait à defirer que nos habitans de
Cayenne , parmi lefquels il y a maintenant des per-
fonnes inltruites & qui aiment l ’Hiltoire Naturelle,
obfervalfent cet animal & filfent la defeription de fes
parties intérieures, fur-tout de celles de la refpiration,
* Voyage fur la rivière des Amazones, par M. delà Condamine, in~ 8 .’ ,
pag. 1 j 4, & fuiv. Mém. de l ’Aead. des Scien. 174 5 , pag. 4 6 4 àr 4 $ <■ ,
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