372 H i s t o i r e N a t ur e l l e
fbrtir; on le nourrifloit avec de ia bouillie d’avoine ou»
de mil, il fuçoit lentement plutôt qu’il ne mangeoit;.
il approchoit de fon maître avec grand effort & en
grondant ; cependant il le fuivoit lorfqu’on lui pré-
fentoit à manger*.
Cette obfervation qui donne une idée aflez jufte dm
morfe fait voir en même temps qu’il peut vivre dans-
un climat tempéré, néanmoins- il ne paroît pas qu’il-
puiffe fupporter une grande chaleur, ni qu’il ait jamais-
fréquenté les mers du midi pour palier d’un pôle à-
l ’autre ; plufieurs Voyageurs parlent de vaches-marincs-
qu’ils ont vues dans les Indes, mais- elles font d-’une
autre efpèce ; celle du morfe efl toujours aifée à recon-
noître par fes longues d é fe n fe s l ’éléphant eft- le feu!
animal qui en ait' de pareilles-; cette production eft un'
effet rare dans la Nature, pùifque de tous- les animaux,
terreftres & amphibies , l’éléphant & le- morfe àuxquels-
elle appartient , font des efpèces ifolées, uniques dans-
leur genre, & qu’il- n’y a aucune autre efpèce d’animal
qui |)orle ce caraétère- . .
On affure que les morfes- ne s’ accouplent pas à la-
manière des-autres quadrupèdes, mais à rebours ; il y-
a, comme dans les baleines, un gros & grand os-dans
le membre du mâle; la femelle met bas en hiver fur
la terre ou fur la glace, & ne produit ordinairement
qu’un petit,-qui eft en naifîànt déjà gros-comme un
cochon d’un an ; nous ignorons la durée de la gef-
* Befcription des Indes occidentales,. par- de Laët'-y-gage 4 1 .
d e s P h o q u e s , des M o r se s , ire . 373
tâtion, mais à en juger par celle de l’accroiffement,
& aufii par la grandeur de l'animal, elle doit être de
plus de neuf mois ; les morfes ne peuvent pas toujours
re-fter dans l’eau, ils font obligés d’aller à terre foit
pour allaiter leurs petits , foit pour d’autres befoins ;
lorfqu’ils fe trouvent dans, la néceflité\de grimper fur
des rivages quelquefois efearpés, & fur des glaçons,
ils fe fervent de leurs défenfes a pour s’accrocher, &.
de leurs mains pour faire avancer la lourde maffe de
leur corps. On prétend qu’ils fe nourriffent de coquillages
qui font attachés au fond de là mer, & qu’ils fe
fervent aufli de leurs défenfes pour les arracherb; d’autres
difentc qu’ ils ne vivent que d’une certaine herbe
a larges feuilles qui croît dans la mer, & qu’ils ne
rhangent ni chair ni poilfon ; mais je crois ces opinions
mal fondées, & il y a apparence que le morfe vit de
proie comme le phoque, & fur-tout-de harengs &
d’autres petits poilTons, car il ne mange pas lorfqu’il
eft fur la terre, & c ’eft le befoin de nourriture qui le
contraint de retourner à la mer,
* Ces défenfes ne font pas tout-à-fait rondes ni bien unies, mais
plutôt aplaties & légèrement canelées ; la droite eft ordinairement un
peu plus longue & plus forte-que la gauche. . , . .J ’en ai eu deux dont
chacune avoit deux pieds un pouce de Paris de long & huit pouees-
dé circonférence par lé bas. H iflir t naturelle duGroenland, par Anderfon,.
terne I I , pages 1 6 2 ù " 1 6 3 .
h Hilloire naturelle du Groenland, page r tf2 .
* Defcription des Indes occidentales, par de Laët, page4 2 ,
A a a iij,-