336 H istoire Naturel le
terre & la glace; il eft avec le morfe le feul des quadrupèdes
qui mérite le nom T amphibie, le feul qui ait
le trou ovale du coeur ouvert *, le feul par conféquènE
qui puifle fe paflfer de refpirer, & auquel l’élément de
i ’eau fort au (Il convenable, au (fi propre que celui de
l ’air ; la loutre 6c le caftor ne font pas de vraies amphibies,
puifque leur élément eft l’air; & que n’ayant pas
cette ouverture dans lacloifon du Coeur, ils ne peuvent
refter long-temps fous l’eau, & qu’ils font obligés d’en
fortir ou d’élever leur tête au-de(fus pour refpirer.
Mais ces avantages qui font très-grands, font balancés
par des imperfections qui font encore plus grandes. Le
veau marin eft manchot ou plutôt eftropié des quatre
membres, fes bras, fes cuiffes & fes jambes font pref-
qu’entièrement enfermés dans fon corps; il ne fort au
dehors que les mains & les pieds, lefquels font à la
vérité tous divifés en cinq doigts; mais ces doigts-ne
font pas mobiles féparément les uns des. autres, étant
réunis par une forte membrane, 6c ces extrémités font
plutôt des nageoires que des mains & des pieds, des ef-
pèces d’inftrumens faits pour nager âc non pour marcher ;
* C om m e les phocas font deftinés à être long-tem ps dans l’eau , &
q ue le pafïàge du fang par le poum on ne peut fe faire fans la refpira-
tion ; ils ont le trou ovalaire tel qu'il eft dans le foetus, qui ne relpire
pas non plus ; c’eft utie ouverture placée au-defïous de la veine-cave,
& une communication du ventricule droit du coeur avec le gauche,
qui fait paflêr directement le fàng de la cave dans l’aorte, & lui épargne
le long chemin qu’il auroit à prendre par le poum on. Hiftoire de
l ’Académie des Sciences, depuis 1666, tome I , page S4
d’ailleurs
d ailleurs les pieds étant dirigés en arrière, comme la
queue , ne peuvent foutenir le corps de l ’animal qui,
quand il eft fur terre, eft obligé de fe traîner comme
un reptile a, & par un mouvement plus pénible ; car
fon corps ne pouvant fe plier en arc , comme celui du
ferpent, pour prendre fucceiïivement différens points
d’appui, 6c avancer ainfi par la réaétion du terrain ; le
phoque demeureroit giflant au même lieu, (ans (à gueule
6c fes mains qu’il accroche à ce qu’il peut (àifir, 6c il
s en fertavec tant de dextérité qu’il monte aflez promptement
fur un rivage élevé, fur un rocher 6c même fur
un glaçon, quoique rapide 6c güflànt1’. Il marche auflx
Les loups marins, que quelques-uns appellent veaux marins des côtes
du C anada, font gros com me des d ogues, ils fë tiennent prefquç
toujours dans l’eau , ne s’écartant jamais, du rivage de la mer. Ces
, animaux rampent plus q u ’ils ne m archent, car s’étant élevés de l’e a u ,
ils ne font plus -que glifler fur le fable ou for La vafè. . . . Les femelles
font leurs petits fur des rochers ou fur de petites îles près de la mer.
C es animaux vivent de poiftons; ils cherchent les pays froids. Voyage
de la Hontan , tome II, page 4y.— S ’élevant par un bout à la faveur
de leurs nageoires & tirant leur derrière fous eu x , ils fe rebondiflent
par manière de dire, & jettent le corps en avant, tirant leur derrière après
g ux, fo relevant enfoite & fautant encore du devant alternativement, ifs
vont & viennent de cette manière pendant q u ’ils font à terre. Voyage
de Dampier, tome 1, page 11 y.
b Les veaux marins ont des dents très-tranchantes avec lefquelles ils
couperoient un bâton de la groflëur du bras; quoiqu’ils paroifîènt
boiteux du train de derrière , ils grim pent for les glaçons où ifs
dorm ent.............Les veaux marins qui habitent for les rivages font plus
gras & donnent beaucoup plus d ’huile que ceux qui habitent for les
glaces. . . . . L ’on trouve quelquefois les veaux marins for des glaçons
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