de varier du blanc au noir, du petit au grand, &c. le
Lappon, le Patagon, l’Hottentot, l’Européen, l’Américain,
le Nègre, quoique tous iUus du meme père,
font bien éloignés de fe reffembler comme frères.
Toutes les efpèces font donc fujettes aux différences
purement individuelles; mais les variétés confiantes, &
qui fe perpétuent par les générations, n’appartiennent'
pas également à toutes; plus l ’efpèce eft élevée, plus le
type en eft ferme, & moins elle admet de ces variétés.
L ’ordre, dans la multiplication des animaux, étant en
raifon invërfe de l ’ordre de grandeur, & la poffjbiüté
des différences en raifon direéte du nombre dans le
produit de leur génération, il étoit néceftàire qu’il y
eût plus de variétés dans les petits animaux que dans
les grands: il y a aulfi, & par la même raifon, plus
d ’efpèces voifines; l’unité de l’efpèce étant plus reffèrrée
dans les grands animaux, la diftance qui la fépare des
autres eft aufti plus étendue : que de variétés & d’efpèces
voifmes accompagnent, fuivent ou précèdent
l ’écureuil, le rat & les autres petits animaux, tandis que
l ’éléphant marche feul & fans pair à la tête de tous.
La matière brute qui compofe la maffe de la Terre
n’eft pas un limon vierge, une fubftance intaéle & qui
n’ait pas fubi des altérations; tout a été remué par la
force des grands & des petits agens, tout a été manié
plus d’une fois par la main de la Nature ; le globe de
la T erre a été pénétré par le feu, & enfuite recouvert
& travaillé par les eaux ; le fable qui en remplit le
dedans eft une matière vitrée; les lits épais de glaife
qui le recouvrent au dehors, ne font que ce même
fable décompofé par le féjour des eaux ; le roc vif,
le granité, le grès, tous les cailloux, tous les métaux
ne font encore que cette même matière vitrée, dont
les parties fe font réunies, preffées ou féparées félon
les loix de leur affinité. Toutes ces fubftances font
parfaitement brutes, elles exiftent & exifteroient indépendamment
des animaux «Sodés végétaux; mais d’autres
fubftances, en très-grand nombre & qui paroiffent
également brutes, tirent leur origine du détriment des
corps organifés ; les marbres, les pierres à chaux, les
graviers, les craies, les marnes ne font compofés que
de débris de coquillages «St des dépouilles de ces petits
animaux, qui transformant l’eau de la mer en pierre,
produifent le corail & tous les madrépores, dont la
variété eft innombrable &. la quantité prefque immenfe.
Les charbons de terré, les tourbes & les autres matières
qui fe trouvent auffi dans les couches extérieures de
fa terre , ne font que le ré fi du des végétaux plus ou
moins détériorés, pourris & confumés. Enfin d’autres
matières en moindre nombre, telles que les pierres
ponces, les foufres, les mâchefers, les amiantes, les
faves, ont été jetées par les volcans, & produites par
une fécondé aétion du feu fur les matières premières.
L ’on peut réduire à ces trois grandes combinaifoins
tous les rapports des corps bruts, & toutes les fubftances
du règne minéral.