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paru fi parfaite, à l’exception de ta grandeur, que
nous avons cru devoir tes réduire tous deux à ta
même efpèce, fauf à tes tliftinguer dans ta fuite par un
nom different, fi l’on vient à acquérir ta preuve que
ces deux animaux ne fe mêlent point enfemble , &
qu’ils foient autïï diffërens par t’efpèce qu’ils le font
par la grandeur.
Le varia eft plus grand, plus fort & plus fauvage que
le niococo, il eft même d’une méchanceté farouche
dans fon état de liberté. Les Voyageurs difent «que
» ees animaux font furieux comme des tigres, & qu’ils
» font un tel bruit dans les bois, que s’il y en a deux, il
» fembte qu’il y en ait un cent, & qu’ils font très-difficiles
à apprivoifer l>. » En effet, la voix du vari tient
un peu du rugiffement dû lion, & elle eft effrayante
lorfqu’on l’entend pour la première fois; cette force
étonnante de voix dans un animal qui n’eft que de
médiocre grandeur , dépend d’une ftru&ure fmgulière
dans la trachée artère, dont les deux branches s’élar-
giffent & forment une large concavité avant d’aboutir
5 Nota. Flaccourt qui appelle le mococo vari, donne à celui-ci Te
nom de varicojfy ; il y a toute apparence que cojfy eft une épithète
augmentative pour la grandeur, la force ou la férocité de cet anintal,
qui diffère en effet du mococo par ces attributs & par plufieurs autres.
b Voyage de Flaccourt, pages ly y Ù" 1 5 Nota. Lorfque cet
animal eft pris jeune, il perd apparemment toute fa férocité, &il paroît
suffi doux que le mococo. « C ’eft, dit M. Edwards, un animal d’un
» naturel fbciable, doux & pacifique, qui n’a rien de la rulê ni de la
malice du linge.» Clamres, pag. 13.
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aux bronches du poumon ; il diffère donc beaucoup du
mococo par le naturel, auffi-bien que par la conformation;
il a, en general le poil beaucoup plus long, & en
particulier une efpece de cravate de poils encore plus
longs qui lui environne le cou , & qui fait un caraélèrc
très-apparent, par lequel il eft aifé de le reconnoître;
car au refte il varie du blanc au noir & au pie par la
couleur du poil, qui quoique long & très-doux, n’eft
pas couche en arrière, mais s’élève prefque perpendiculairement
fur la peau : il a le mufeau plus gros & plus
long à proportion que le mococo, les oreilles beaucoup
plus courtes & bordées de longs poils, les yeux d’un
jaune orangé fi foncé, qu’ils paroiffent rouges.
Les mococos, les mongous & les varis font du
même pays & paroiffent être confinés à Madagafcar *,
* La province de Mélagaffè à Madagafcar , eft peuplée d’un grand
nombre dé linges de plufieurs efpèces ; on en voit des bruns de couleur
de caftor, ayant le poil cotonné, la queue large & longue, de
laquelle, étant retrouffée lùr le dos, ils iè couvrent contre la pluie
& le loleil, dormant ainfi cachés fur les branches des arbres comme
l ’écurieù. Au refte, ils ont le mufeau comme une fouine & les oreilles
rondes ; cette elpece eft la moins nuifible & maligne de toutes. Les
Antavarres en ont de même poil que ceux-ci, ayant une forme de
fi ailé blanche autour du cou : il y en a de tout blancs comme neige
de la grofleur des précédons, ayant le mulêau long; ils grondait
comme des cochons. Relat. de Aladagafcar, par F . Couche, pâtre i 27.
Nota. Le mongous & le vari lotit indiqués par ce paffâge d’une
manière à ne pouvoir s’y méprendre ; & c’eft fur cette autorité que
j ai dit qu’il y avoit non-feulement des varis noirs & pies, mais encore
de tout blancs.