H i s t o i r e Na t u r e l l e
La défcription de Gillius me paroît encore mieux
fàitfc que cefle de Belon. « J ’ai vu ( dit Gillius, ckap- ix )
„ trois giraffes au Caire, elles portent au-deffus du front
« deux cornes de fix pouces de longueur, & au milieu
» du front un tubercule élevé d’environ deux pouces, &
» qui refTentbie à une troifième corne; cet animal a feize
» piecl^ de hauteur lorfqu’il lève la tête, le cou feul a
» fept pieds, & il y a vingt-deux pieds depuis l’extré-
v mité de la queue jufqu’au bout du nez; les jambes de
» devant &-de derrière font à peu près d’égale hauteur,
» maïs-lès.chiffes du devant font fr longues en compa-
» raifon de celles de derrière , que le dos de l’animal
» paroît êtrë incliné "comme un toit : tout le corps efl
» marqué1 dé grandes taches fauves , de figures à peu
» près carrées.........il a le pied fourchu comme le boeuf,
» la lèvre fupérieuré plus avancée que l’inférieure, la queue
» menue avec du poil à l’extrémité; il rumine comme le
» boeuf, & mange comme lui de l’herbe; il a une crinière
'» comme le cheval, depuis le fommet de la tête jufque
'»-furie dos ; lorfqu’il marche, il femble qu’il boiteinon-
» feulement des jambes, mais des flancs, à droite & à
» gauche alternativement; & lorfqu’il veut paître ou boire
» à'Jerre , il faut qu’il-' écarte prodigieufement lès jambes
de devant. » -
Gefner cite Belon, pour avoir- dit qtie les cornes
tombent à la giraffe comme au daim *. J ’avoue que
* Giraffis .& Damis cornua cadunt, Belonius. Gefner, Hïjl. quad,
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je n’ai pu trouver ce fait dans Belon; on voit qu’il
dit feulement ici que les cornes de la giraffe font
couvertes de poil; & il ne parle de cet animal que
dans un autre endroita, à l’occafion du daim axis, où
il dit que « la giraffe a le champ blanc , & les taches
phcnicées , femées par-deffus, affez larges , mais non «
pas rouffes comme l’axis. » Cependant ce fait que
je,n’ai trouvé nulle part, feroit un des plus importans
pour décider de la nature de la giraffe ; car fi fes cornes
tombent tous les ans , ' elle e if du genre des cerfs, &
au contraire fi fes cornes font permanentes, elle eft
de celui des boeufs ou des chèvres ; fans cette connoif-
fànce précife, on ne peut pas affurer, comme l’ont
.fit nos Nomenclateurs, que la giraffe foit du genre
des cerfs : & on ne fauroit affez s’étonner qu’HaffeL
quift , qui a donné nouvellement une très-longue, mais
très-sèche defeription de cet animal, n’en ait pas même
indiqué la nature; & qu’après ^voir entaffé méthodiquement,
c ’efl-à-dire en écolier , cent petits caractères
inutiles, il ne dife pas un mot de la fubftance des
cornes, & nous laiffe ignorer fi.elles font folides ou
crcufcs, fi elles tombent ou non ; fi ce font en un mot,
des bois ou des cornes. Je rapporte ici cette defeription
d’Haffelquilt j , non pas pour l’utilité, mais
h Obfervatîons de Belon , feuillet 1 2 0 , reâo.
Cervus camelopardalis Caput prominens , labium fuperius craffî m,
infH us tenue, nares oblon'goe , amploe , p ili rigrdi, JpurJi in utroque labio
anUrius & ad lateta. Supendia rigida, dijUnfiiJ/ma, ferie una