que par tontes les autres habitudes phyfiques, & meme
par la forme du corps, elle approche plus de la figure
& de la nature du chameau que de celle d’aucun autre
animal ; qu’elle eft du nombre des ruminans , & qu’elle
manque' comme eux de dents incifives à la mâchoire
fùpérieure ; & l’on voit par le témoignage de quelques-
uns , qu’elle fe trouve dans les parties méridionales de
l ’Afrique * aüffi- bien que dans celles- de l’Afie.
II eft bien clair, par tout ce que nous venons d’ex-
pofer, que la giraffe eft d’une efpèce unique & très-
différente de toute autre ; mais fi on vouloit la rapprocher
de quelqu’autre animal, ce feroit plutôt du
chameau que du cerf ou du boeuf : il eft vrai qu’elle a
deux petites cornes & que le chameau n’en n’a point;
mais elle a tant d’autres reffemblances avec cet animal,
que je ne fuis pas furpris que quelques Voyageurs lui
aient donné le nom de chameau des Indes. D ’ailleurs-,
l ’on ignore de quelle fubftance font les cornes de la
giraffe, & par conféquent fi par cette partie elle approche
plus des cerfs que des boeufs, & peut-être ne
* Dans l'île cle Zanzibar, anx environs de Madagafcar, il y a une
certaine efpèce de bète qu’ils appellent Graffe ou Giraffe, qui a te
cou fort, long comme de toife & demie, de laquelle tes jambes de
devant font beaucoup plus longues que celles de derrière ; elle a petite
tête & dediverfes couleursg ainfi que te corps : cette bête eft fort douce
& privée, ne failant mal a peribnne. Defcription des Indes orientalesJ
par M arc Paul. Paris, 1556, liv. I I I , page 1 1 6 . — Giraffa animal ade>
fylvalkum utraro videripoffit..........hommes videys in fugam fertur tametji
non fit multoe yelocitalis. Leon. Afriq. Defc. Afr. vol. II, pag. 74. j .
font-elles ni du bois comme celles des cerfs, ni des
cornes creufes comme celles des boeufs ou des chèvres.
Qui fait fi elles ne font pas compofées de-poils réunis
comme celles des rhinocéros, ou fi elles ne font pas
d’une fubftance & d’une texture particulière ! il m’a
paru que ce qui avoit induit les Nornenclateurs à mettre
la giraffe dans le genre des cerfs, c ’eft r.° le prétendu
paffage de Belon , cité par Gefner * , qui feroit en effet
déciftf s’il étoit réel. 2 ° 11 me fenible que l’on a mal interprété
les Auteurs ou mal-entendu les Voyageurs lorf-
qu’ils ont parlé du poil de ces cornes; l’on a cru qu’ils-
avoient voulu dire que les cornes de la giraffe étoient
velues comme le refait des cerfs, & de-là on a conclu1
qu’eiles étoient de même nature:; mais l’on voit au
contraire, par les notes citées ci-deffus, que ces cornes
de la giraffe font feulement environnées & furmontées--
de grands poils rudes & non pas revêtues d’un duvet
ou d’un velours , comme le refait du cerf ; & c ’eft
ce qui pourrait porter à croire qu’elles font compofées-
de poils réunis à peu-près comme celles du rhinocero^,
leur extrémité qui eft moufle, favorife encore cette idée :
Et fi l’on fait attention que dans tous les animaux qui
portent des bois au lieu de cornes, ,tels que les élans,
les rennes, les cerfs, les daims & les chevreuils , ces-
bois font toujours divifés en branches ou andouiliers,
& qu’au contraire les ebrnes de la giraffe font Amples.
& n’ont qu’une feule tige ; on fe perfuadera aifément.
.* Gefner, Hi/l, quad. pag. 1.4.S, litieâ antepenultimâ, 13 ii|