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font celles qui font les plus eftimées ; la différence
qu’il y a de cette fourrure à toutes les autres, c ’eft
qu’en quelques fens qu’on pouffe le poil , il obéit
également jjjj au lieu que les autres poils pris à rebours
font fentir quelque roideur par leur fefiftance.
La chaffe des zibelines .fe fait par des criminels
confinés en Sibérie, ou par des foldats qu’on y envoie
exprès, & qui y demeurent ordinairement plufieurs
années ; les uns & les autres -font obligés de fournir
une certaine quantité de fourrures à laquelle ils font
taxés ; ils ne tirent qu’à balle feule pour gâter le moins
qu’il eft poffible la peau de ces animaux, & quelquefois
au lieu d’armes à feu ils fe fervent d’arbalètes & de
très-petites flèches. Comme le fucc.es de cette chaffe
fuppofe de l’adreffe & encore plus d’affiduité , on
permet aux Officiers d’y intéreffer leurs foldats, & de
partager avec eux le furplus de ce qu’ils font obligés
de fournir par femaine, ce qui ne laiffe pas de leur
faire un bénéfice très-confidérable *.
Quelques
font damaiïees de noir, & fe prennent en Tartarie ; il s’en trouve
peu en Lapponie : plus la couleur du poil eft noire & plus elle eft
recherchée, & vaudra quelquefois foixante écus, quoique la peau
n’ait que quatre doigts de largeur, on en a vu de blanches & de grifes.
Regnard, tome 1, page 176. Nota. Scheffer dit de même qu’il fe
trouve quelquefois des zibelines blanches. Hijloire de la Lapponie,
p a g '3 l S •
* Un Colonel peut tirer de fes fept années de fervice a la chafle
des zibelines, environ quatre mille écus de, profit, les Subalternes a
proportion
de la Z i b e l i n e . 3 1 3
^ Quelques Naturaliftes ont foupçonné que la zibeline
étoit le Satherius d’Ariftote, & je crois leur conjecture
bien fondée. La fineffe de la fourrure de la zibeline
indique quelle fe tient fouvent dans l’eau; & quelques
Voyageurs a difent qu’elle ne fe trouve en grand
nombre que dans de petites îles , où les chaffeurs
vont la chercher ; d’autre côté Ariftote parle du fa-
therius comme d’un animal d’eau, & il le joint à la
loutre & au caftor. On doit encore préfumer que du
temps de la magnificence d’Athènes, ces belles fourrures
n’étoient pas inconnues dans la Grèce , & que
l ’animal qui les fournit avoit un nom ; or il n’y en a
aucun qu’on puiffe appliquer à la zibeline avec plus de
raifon que celui de faiherius, fi en effet il eft vrai que la
zibeline mange du poiffonb & fe tienne affez fouvent
dans l’eau pour être mife au nombre des amphibies.
proportion, & chaque Soldat fix ou fept cents écus. Voyage du P . Avril,
page 1 6p. — Voyez aufli fa relation de fa M ofcovie, par fa Neuville.
Paris, 1 6 y 8 , page 2 1 j .
| Les Chaflëurs vont chercher les zibelines dans de petites îles o i
elles fe retirent, ils les tuent avec une efpèce d ’arbalète, &c. Voyage
du P . Avril, page 1 6 8.
k ln umbrofis faltibus verfaturfemper, infidiatur aviculis. . . . in efcam.
ajjumit mures, p iß e s, uvas rubeas. Rzaczinski, auCl. H iß . Nat. P ilo n ,
pag. y j S.
Tome X l II. Rr