a la tête ronde, les dents fortes & aiguës, femblables
à celles du loup, le poil noir, le corps large & les
pieds courts comme ceux de la loutre. La Hontan a qui
a parlé le premier du carcajou de l’Amérique fepten-
trionale, dit, «Figurez-vous un double blaireau, c ’eft
n l’image la plus reffemblante que je puiffe vous donner
de cet animal.» Selon SarrSzin h, qui probablement
n’en avoit vu que de petits, les carcajous n’ont guère
que deux pietfc de longueur de corps & huit pouces
de queue; «ils ont, dit-il, la tête fort courte & fort
„ greffe , les yeux petits , les mâchoires très - fortes ,
garnies de trente-deux dents bien tranchantes.» Le
petit ours ou louveteau d’Edwardsc, qui me paroît être
le même animal, étoit, dit cet auteur, 1106" fois auffi
gros qu’un renard, il avoit le dos arqué, la tête baffe,
les jambes courtes, le ventre prefque traînant à terre,
la queue d’une longueur médiocre & touffue vers l’extrémité.
Tous s accordent a dire qu on ne trouve cet
animal' que dans les parties les plus feptentrionales de
l ’Europe, de l’Afie & de l’Amérique ; M. Gmelind eft
le feul qui femble affurer qu’il voyage jufque dans les
* V oyage de la H g n ta n , tome I, page p » ,
1 H iftoire de l’Académie des Sciences, année iji3, page 14.
I H iftoire des O ifeaux, par E dw ards, page 1 0g.
* L e glouton eft le feul dont on puîffè dire comme de l’homme
qu'il vit auifi-bien fous la L igne q u ’au Pôle. O n le voit p ar-to u t, il
court du m idi au n o rd , & d u nord au m id i, pourvu q u ’il trouve
à manger. Voyage de Gmelin, tome I I I , page 4y 2 & fuiy>
pays
d u G l o u t o n . t Y 2 8 ?
pays chauds; mais ce fait me paroît très-fufpeél, pou?
rie pas dire faux ; Gmelin , comme quelques autres
Naturalises \ a peut-être confondu l’hyæne du midi
avec le glouton du nord qui fe reffemblent en effet par
les habitudes naturelles, & fur-tout par la voracité, mais
qui font à tous autres égards des animaux très-différens.
Le glouton n’a pas les jambes laites pour courir, il
ne peut même marcher que d’un pas lent, mais la
rufe fupplée à la légèreté qui lui manque, il attend
les animaux au paffage ; il grimpe fur les arbres pour
fe lancer deffus, & les faifir avec avantage , il fe jette
fur les élans & fur les rennes, leur entame le corps,
8c s’y attache fi fort avec les griffes & les dents, que
rien ne peut l’en féparer ; ces pauvres animaux précipitent
en vain leur courfe, en vain ils fe frottent contre
les arbres & font les plus grands efforts pour fe délivrer
; l’ennemi affis fur leur croupe ou fur leur cou,
continue à leur fucer le fàng, à creufer leur plaie, à
les dévorer en détail avec le même acharnement, la
même avidité jufqu’à ce qu’il les ait mis à mort b ; il
* BrifC R e g . ûnim. pag. 2.35 & 2.36.
1 Le glouton eft un animal carnaflier, un peu moins grand que
ïe loup ; il a le poil rude, long & d’un brun qui approche du noir,
fur-tout fur le dos ; il a la rufe de grimper fur un arbre pour y guetter
ïe gibier ; & iorfque queiqu’aniinai pafle il s’élance. fur Ion dos, Ôc
fait fi bien s’y accrocher par le moyen de fès griffes, qu’il lui en.
mange une partie , & que le pauvre animal, après bien des efforts
inutiles pour fe défaire d’un hôte fi incommode, tombe enfin par
terre & devient la proie de fou ennemi. II faut au moins trois des
Tome X I I I . Nu