les figures & les defcriptions de l’un & de l’autre, que
les différences ne laiffent pas d’être confidérables , &
qu’il manque à la robe de la femelle beaucoup de fleurs
& d’ornemens qui fe trouvent fur celle-du mâle a.
Lorfque l’ocelot a pris fon entier accroiffement, il
a, félon Grégoire de Bolivar, deux pieds & demi de
hauteur fur environ quatre pieds de longueur, la queue,
quoiqu’affez longue, ne touche cependant pas la terre
lorfqu’elle efl pendante , & par confisquent elle n’a
guère que deux pieds de longueur. Cet animal efl très-
vorace, il efl en même temps timide; il attaque rarem
e n t les hommes, il craint les chiens; & dès qu’il en
eflpourfuivi, il gagne les bois & grimpe fur un arbre;
il y demeure, & même y féjourne pour dormir & pour
épier le gibier ou le bétail, fur lequel il s’élance dès
qu’il le voit à portée; il préfère le fang. à la chair, &
c ’ eft par cette raifon qu’il détruit un grand nombre
d’animaux, parce qu’au lieu de fe ràffafier en les dévorant
, il ne fait que fe défaltérer en leur fuçant le fang h.
prie ter ventrem tamen qui albicat. M acula nec ordinaux adeo nec ita
rotunda rofeive coloris & figura fied oblongoe nigricantes omnes in medio
yero albicantes fparguntur, crura non ita fiortia, ù “c. ibid. pag. 5 12..
a Voyez ci-après la defoription de l’ocelot.
* Nota. Dampier parle de ce même animal fous le nom de Chat-
tigre, & voici ce qu’il en dit : « Le chat-tigre des terres de la baie
53 de Campeche elt de la groffeur de nos chiens qu’on fait battre avec
x les taureaux ; il a les jambes courtes, le corps ramafle & à peu près
x comme celui d’un mâtin, mais pour tout le relie, c’elt-à-dire la tête,
» le poil, & la manière de quêter la proie, il reflèmble fon au tigre
Dans l’état de captivité il conferve fes moeurs, rien
ne peut adoucir fon naturel féroce, rien ne peut calmer
fes mouvemens inquiets , on efl obligé de le tenir
toujours en cage. « A trois mois ( dit M. l’Efcot )
lorfque ces deux petits eurent dévoré leur nourrice, je «
les tins en cage, & je les y ai nourri avec de la viande «
fraîche, dont ils mangent fept à huit livres par jour; «
ils frayent enfemble mâle & femelle, comme nos chats «
domeftiques ; il règne entre eux une fupériorité fingulière «
de la part du mâle ; quelqu’appétit qu’aient ces deux «
animaux, jamais la femelle ne s’avife de rien prendre«
que le mâle n’ait fa faturation, & qu’il ne lui envoie «
les morceaux dont il ne veut plus ; je leur ai donne «
plufieurs fois des chats vivans, ils leur fucent le fang«
jufqu’à ce que mort s’enfuive, mais jamais ils ne les «
mangent ; j’avois embarqué pour leur fubfiftance deux «
chevreaux, ils ne mangent d’aucune viande cuite ni «
fàlée *. »
(jaguar), excepté qu’il n’eft pas tout-à-fait fi gros : il y en a ici une ce
grande quantité; ils dévorent les jeunes veaux & le gibier qu’on y «
trouve en abondance , aufli font-ils moins à craindre pour cela même «
qu’ils ne manquent pas de pâture . . . ils ont la mine altière & le regard «
farouche.» Voyage de Dampier, tome III, page 306.
* Lettre deM. l’Efcot, qui a amené ces animaux du continent de
Carthagène, à M. de Beoft, Correlpondant de l’Académie des
Sciences, en date du 17 feptembre 1764. Nota. M. de Beoft, qui
a bien voulu me communiquer cette Lettre, a beaucoup de con-
noiflànces en Hiftoire naturelle, & ce ne fera pas la feule occafîon
que nous aurons de parier des choies dont il nous a fait part.
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