qui paroît annoncer l'imbécillité, vient pëut-etre d une
caufe très-différente ; il eft certain que le glouton n eft
pas flupide, puifqu’il trouve les moyens de fàtisfàire a
fon appétit toujours prelïânt &. plus qu immodéré ; il
ne manque pas de courage, puifqu il attaque indifféremment
tous les animaux qu’il rencontre, & qu à la
vue de l’homme il ne fuit, ni ne marque par aucun
mouvement le fentiment de la peur fpontanee ; s il
manque donc d’attention fur lui-meme,. ce n eft point
indifférence pour là confervation, ce n eft qu habitude
» glouton le fit un jour jeter d'ans l’eau & lacha fur lui une couple
» de chiens ; mais le glouton îê jeta, auflitôt fur la tete d un de ces
chiens, & le tint fous l’eau jufqu’à ce qu’il l’eût fuffoqué. ^ .
L ’adreflè dont fè fert le glouton pour furprendre les animaux
( continue M. Gmelin ) eft confirmée par tous les chaffeurs...........
quoiqu’il fe repaiflê de tous les animaux vivans ou morts, il aime
de préférence le renne............. il épie les gros animaux comme un
voleur de grand chemin, ou bien il les lurprend quand ils dorment
au g îte ............. il recherche tous les pièges que les chafîêurs tendent
pour prendre les différentes.elpèces d’animaux , & il ne s’y laifîè
pas attraper............. Les chafîêurs de renards bleus & blancs ( ifàtis).
qui fe tiennent dans le voifinage de la mer glaciale, fe plaignent
beaucoup du tort que leur fait le glouton . . . On l’appelle ainfi avec
talion, parce qu’il eft incroyable ce qu’il peut manger ; je n’ai jamais
entendu dire, quoique je l’aie demandé plufieurs fois à des chafîêurs
de profefîîon , que cet animal fe preffe entre deux arbres pour vider
fon corps, & y faire de la place par force pour fàtisfàire de nouveau
& plus promptement fon infàtiable voracité. Cela tne paroît être îa
fable d’un Naturalifte, ou la fitftion d’un Peintre. Voyage de Gmelin,
tome I I I , page 492. Nota. C ’eft Olaiis qui le premier a écrit cette
fable, & un Deffinatcur, copié dans Gefner, qui l’a mife en figurç.
;de fécurité : comme il habite un pays prefque défère,
qu’il y rencontre très-rarement des hommes, qu’il n’y
connoît point d’autres ennemis ; que toutes les fois qu’il
a mefuré fes forces avec les animaux, il s’efl trouvé fu-
•périeur ; il marche avec confiance & n’a pas le germe de
Jacrainte, qui fuppofe quelqu’épreuve maiheureufe, quel-
qu’expérience de fa foibleffe ; on le voit par l’exemple
du lion qui ne fe détourne pas de l’homme, à moins qu’il
n’ait éprouvé la force de fes armes; & le glouton fe traînant
fur la neige dans fon climat défert, ne lailfe pas d’y
marcher en toute fécurité, & d’y régner en lion moins
par fa force que par lafoiblelfe de ceux qui l’environnent.
L ’ ifatis moins fort, mais beaucoup plus léger que
le glouton, lui fert de pourvoyeur, celui-ci le fuit à la
chaffe, & fouvent lui enlève fa proie avant qu’il ne l ’ait
entamée, au moins il la partage, car au moment que
le glouton arrive, l’ifatis pour n’être pas mangé lui-
même, abandonne ce qui lui relie à manger; ces deux
animaux fe creufent également des terriers; mais leurs,
autres habitudes font différentes, l’ifatis va fouvent par
troupe, le glouton marche feul, ou quelquefois avec là
femelle ; on les trouve ordinairement enfemble dans leur
terrier. Les chiens *, même les plus courageux, craignent
d’approcher & de combatre le glouton, il fe défend des
pieds & des dents, & leur lait des blelfures mortelles ;
* Via yix conceditur ut a canibus apprehendatur, cum vngulas, dentef-
que ade'o acutos habeat,.ut ejus congtejfum formident canes qui in ferocijfmos
bipos y ire sfuas extendere filen t. Olaï Mag. H ijt. de Gent. fept. pag. 139...
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