D E S C R I P T I O N
D E L A P A R T I E D U C A B I N E T
qui a rapport à l ’HiJloire Naturelle
D E L A GIR AF FE, D E L ’U N AU , E T D E L ’A L
N.ff M C C X X I
Dos du rayon d’une Giraffe.
G - e t os a été tranfporté du Garde-meuble de la Couronné-
au Cabinet d’hifloire naturelle fous la dénomination de l’os,
d’un Géant : on nous a dit qu’il avoit fait partie de la colleétion
de euriofités que Gallon de France-, frère du roi Louis X I II
fit à Blois il y a plus d’un fiècle.. C e prétendu os de géant paflôit
pour être un os de la jambe , parce qu’il a quelque rapport au,
tibia par fa forme alongée ; & en fuppofant que ce fût le tibia
d’un homme , cet homme auroit. été en effet un- géant, car il.
auroit eu environ douze pieds de hauteur. Mais l’os dont il s’agit
ne pouvoir pas en impofêr à un- Obfêrvateur exaét, il étoit aife de:
voir que ce n’efl pas l’os d’un homme. J’avois penfé, qu’avec,
le fêcours de l’Anatomie comparée r on pourrait fàvoir de quelle-
partie du -corps & de quel genre d’animal vient cet- os, mais:
je fuis parvenu à reconnaître jufqu’à i’efpèce „ & j’ai donné des;
preuves qui ne permettent pas de douter que ce. ne foit l’os dui
rayon d’une G ir a ffe * , quoique je n’aie jamais vu cet animal, ni.
aucun autre de fes os. Celui dont il efl queflion a deux pieds-
*■ V o y e z les Mémoires de l’Académie royale des Sciences,, année i y 6 z t .
■ quatre pouces huit lignes de longueur-, quoique iepiphyfe de la
partie inférieure ( A , pl. i v , f i g. y ) manque dans cet os ; en
fuppofant cette épiphyfe de grandeur proportionnée à celle du
relie de l’os-, il auroit dansfon entier deux pieds fix pouces dix
lignes. Il y a fur la portion moyenne fupérieure de la face pofté-
rieure une partie fâiliante ( B ) , qui a été caffée & qui efl un refie
de l’os du coude; on n’aperçoit fur la partie inférieure ( A j de l’os
du rayon que de légers vertiges de l’os du coude, mais on voit
fur la partie fupérieure ( C ) des facettes articulaires qui dénotent
que l’os du coude y étoit joint par une articulation immobile.
L ’adhérence des deux os par leurs parties moyennes & inférieures,
prouve clairement qu’ils ne viennent pas d’un animal fifli-
pède, parce qu’il n’y a aucune adhérence dans les os de l’avant-
bras de ces animaux. En comparant l’os du rayon que j’attribue
.à la giraffe, avec l ’os du rayon des, animaux folipèdes & de
■ tous les animaux ruminans & à pied fourchu, j’ai trouvé qu’il
avoit plus de reflemblancè par fà forme à celui du chameau &
du dromadaire qu’à aucun autre , mais il en diffère par un caraélère
fuffifint pour prouver qu’il ne vient pas de ces animaux ; on ne
voit pas dans fà partie inférieure le joint qui fepare l’os du rayon
& l’os du coude dans le chameau & le dromadaire. Il vient certainement
d’un animal plus grand, en fuppofânt que la hauteur de
cet animalfoit proportionnée à la longueur de fbn os du rayon en
raifon de la hauteur du chameau ou du dromadaire, relativement
à la longueur de leur os du rayon, comme il y a tout lieu de le
croire'par les reflèmblanees de forme qui font entre l’os du rayon
de ces animaux & l ’os dont,il s’agit. C e t os ne peut donc venir
.que d’une giraffe, puifque" de tous les animaux à pied fourchu
dont il a jamais été fait mention, c’eft le feui dont l’os, du rayon
.puifîè être long de deux pieds fix pouces dix lignes. La hauteur