portent en marchant leurs pieds diagonalement, c ’eft-
à-dire, le pied droit de devant avec le pied gauche de
derrière ; au lieu que la giraffe marche l’amble naturellement
en portant les deux pieds gauches ou les deux
droits enfemble; c ’eft un animal fi doux , qu’on peut
le conduirepar-toüt où l’on veut,avec une petite corde
paiïee autour de la tête \ il y a, dit Strabon, une
grande bête en Ethiopie, qu’on appelle Camelopardalis,
quoiqu’elle ne reffemble en rien à la panthère; car là
peau n’eft pas marquée de même; les taches de la
panthère font orbiculaires, & celles de cet animal font
longues & à peu près femblables à celles d’un faon ou
jeune cerf qui a encore la livrée ; il a les parties pofté-
rieures du corps beaucoup plus baffes que les antérieures,
en forte que vers la croupe il n’eft pas plus haut qu’un
boeuf, & vers les épaules il a plus de hauteur qtie le
chameau; à juger de fa légèreté par cette difproportion,
il ne doit pas courir avec bien de la vîteffe ; au refte c ’eft
un animal doux qui ne fait aucun mal, & qui ne fe
nourrit que d’herbes & de feuilles b. Le premier des
modernes qui ait enfuite donné une bonne defcription
de la giraffe , eft Belon. « J ’ai vu ( dit-il ) au château
du Caire l’animal qu’ils nomment vulgairement Zurnapa,
les Latins l’ont anciennement appelé Camelopardalis,
d’un nom compofé de léopard &. chameau, car il eft
bigarré des taches d’un léopard, & a le cou long comme
* Héliodore, lib, X ,
1 Strabon, lib, X V I & X V I I ,
un chameau, c ’efl une bête moult-belle, de la plus «
douce nature qui foit, quafi comme une brebis, & autant “
amiable que nul autre bête fàuvage ; elle a la tête pref <c
que femblable à celle d’un cerf, hormis la grandeur, “
mais portant des petites cornes mouffes de fix doigts f
de long, couvertes de poil; mais en tant, où il y a dif- «
tinélion de mâle à la femelle, celles des mâles font f
plus longues ; mais au demeurant en tant le mâle que «
la femelle ont les oreilles grandes comme d’une vache, «
la langue d’un boeuf & noire ; n’ayant point de dents f
deffus la mâchelière; le cou long, droit & grêle; les "
crins déliés & ronds, les jambes grêles, hautes, & fi tc
baffes par derrière, qu’elle femble être debout; fes pieds ft
font femblables à ceux d’un boeuf ; fà queue lui va pen-fc
dante jufque deffus les jarrets, ronde, ayant les poils <c
plus gros trois fois que n’eft celui d’un cheval ; elle eft j§
fort grêle au travers du corps, fon poil eft blanc & «
roux ; fà manière de fuir eft femblable à celle d’un «
chameau; quand elle court, les deux pieds de devant «
vont enfemble, elle fe couche le ventre contre terre & «
a une dureté à la poitrine & aux cuiffes comme un «
chameau ; elle ne fauroit paître en terre, étant debout, «
fans élargir grandement les jambes de devant, encore «
eft-ce avec grande difficulté, parquoi il eft aiféà croire «
qu’elle rie vit aux champs, finon des branches des *
arbres, ayant le cou ainfi long,tellement qu’elle pour- «
roit arriver de la tête à la hauteur d’une demiepique *, »
* Obfêrvations de Belon, feu illet 1 1 8 , refto & verfo.
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