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réfléchie , mais un développement fuivi de toutes
les parties des êtres organifés. Nous dirons feulement,
pour revenir à nos deux animaux, qu’autant la Nature
nous a paru vive, agiflante, exaltée dans les finges,
autant elle eft lente , contrainte <Sc refferrée dans ces
pareflgux ; & c’eft moins parefle que misère , c ’eft
défaut , c’eft dénuement , c ’eft vice dans la conformation
; point de dents incifives ni canines , les yeux
ôbfcurs & couverts, la mâchoire aufli lourde qu’épaifle,
le poil plat & femblahle à de l’herbe féchée, les cuifles
mal emboîtées & prefque hors des hanches, les jambes
trop courtes, mal tournées, & encore plus mal terminées
; point d’aiïïette de pied, point de pouces ,
point de doigts féparément mobiles; mais deux ou trois
ongles excelfivement longs, recourbés en deifous, qui
ne peuvent fe mouvoir qu’enfemble & nuifent plus à
marcher qu’ils ne fervent à grimper : la lenteur , la
ftupidité, l’abandon de fon être, & même la douleur
habituelle , réfultans de cette conformation bizarre &
négligée; point d’armes pour attaquer ou fe défendre;
nul moyen de fécurité , pas même en grattant la terre ;
nulle reflource de faiut dans la fuite : confinés, je ne
dis pas au pays, mais à la motte de terre, à l’arbre
fous lequel ils font nés ; prifonniers au milieu de l’efjaace ;
ne pouvant parcourir qu’une toife en une heure * ;
* Perillo ligero, jive canicùla a g ills, ariimâl ejl omnium quce viderim
ignaviffimum ; nam adeo lente movetur , ut ad Conficiendum iter longum
gumtaxat quinquaginta pajfus, integro. die illi opus f i t , . . . . . . In a des
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grimpant avec peine, fe traînant avec douleur , une
voix plaintive & par accens entrecoupés qu’ils n’ofent
tranfatum naturali fu â tarditate movetur, nec a damatione ullâ aut im-
pulfione gtadum accélérât. Oviedo in fummario Ind. occid. cap. XXIII,
traduit de l’EfpagnoI en Latin par Clufius, Exotie. lift. V , cap. x v i .
Tanta ejl ejus tarditas ut unius diei fpatio vix quinquaginta pajfus per-
tranfire poffit. Hemand. H ijl. M e x . — Les Portugais ont donné le
nom de Parejfe à un animal affez extraordinaire , il elt de la grandeur
du Cerigou ( Sarigue) ..............Le derrière de fa tête eft couvert d’une
grolTe crinière, & fon ventre eft fi gros qu’il en balaie la terre : il ne
fe lève jamais fur pied, & fe traîne fi lentement que dans quinze jours
à peine pourroit-ii faire la valeur d’un jet de pierre. Hiftoire des Indes,
par M a jfé , trad. de Dépuré, page 7 / , — L ’animal que les Portugais
ont appelé Parejfe, le traîne. . . . . . . làns jamais fe lever debout,
& eft fi tardif qu’il n’avance en deux femaines pas un jet de pjerre.
D efcr. des Indes occid. par Herrera. Amft, \ 6 i z , page 2 p z .— Tam
letitus ejl i/lius grejfus & membrorum motus ut quïndecim ip fs diebus ad
lapidis iâum continua tmâu vix prodeat. Pi fon, H ijl. Braf. pag. 322.
Nota. Cette alfertion de Pifon, empruntée de Maffé & de Herrera , eft
très-exagérée. — Il n’y a point d’animal plus pareflêux que celui-ci, il,ne
faut point de lévriers pour le prendre à la couriê, une tortue fuffiroit.
Defmarchais, tome I I I , page g o r . N O T A . Ceci eft encore exagéré.
— II leur faut huit ou neuf minutes pour avancer un pied à la diftance
de trois pouces, & ils ne les remuent que l’un après l’autre avec fa
même lenteur ; les coups ne fervent de rien pour leur faire doubler le
pas, j’en ai fefle moi-même quelques-uns pour voir fi ‘cela les
animerait, mais ils paroiflbient inlènfibles, & otj ne finirait les contraindre
à marcher plus vîte. Voyage de Dampier, tome 111, page y 0 y .
— Le Pareflêux ne fait pas cinquante pas en un jour, le Chaflêur
qui le veut prendre peut bien aller faire une autre chafîê , if le retrouvera
encore en fe place , ou il ne fera pas bien éloigné. Voyage à
Cayenne par Binet. Paris , 1 6 64 , page y 4 1 . — Perico ligero , Pierrot
coureur............On lui donne l’épithète de Coureur, parce qu’il lui