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LOUTRE DE CANADA.
C ; e t t e Loutre, (pl. x u v ) beaucoup plus grande que
notre loutre, & qui doit fe trouver dans le nord de
l'Europe comme elle fe trouve en Canada, m’a fourni
l ’occafion de chercher fi ce n’étoit pas le même animal
qu’Ariftote a indiqué fous le nom de Latax, qu’il dit
être plus grand & plus fort que la loutre; mais les
notions qu’il en donne ne convenant pas en entier à
cette grande loutre, & la trouvant d’ailleurs abfolument
femblable à la loutre commune, à la grandeur près,
j ’ai jugé que ce n’étoit point une efpèce particulière,
mais une fimpie variété dans celle de la loutre. Et
comme les G re c s , Si fur-tout Ariftote, ont eu grand
foin de ne donner des noms différens qu’à des animaux
réellement différens par l’efpèce , nous nous
fournies convaincus que le latax eft un autre animal ;
d’ailleurs les loutres, comme les caftors, font communément
plus grandes & ont le poil plus noir & plus beau
en Amérique * qu’en Europe. Cette loutre de Canada
* Les Loutres de l’Amérique (èptentrionale diffèrent de celles de
France en ce qu’elles font toutes communément plus longues & plus
noires; il s’en trouve qui le font bien plus les unes que les autres,
il y en a d’aulli noires que du jay ; celles-ci font fort recherchées &
fort chères. JDefcripthn de l ’Amérique feptenirionale par Denys, tome II,
page 2 8 0 .
doit en effet être plus grande Si plus noire que la
loutre de France; mais en cherchant ce que pouvoit
être le latax d’Ariftote, ( chofe ignorée de tous les
Naturalises)*j’ai conjeéturé quec’étoit l’animal indiqué
par Belon fous le nom de loup marin, & j ’ai cru devoir
rapporter ici la notice d’Ariftote fur le latax, Si
celle de Belon fur le loup marin, afin qu’on puiffe
les comparer *.
Ariftote fait mention dans ce paffage de fix animaux
amphibies; Si de ces fix nous n’en connoiffons que
* Sunt inter quadrupèdes ferafque, quæ vichim ex lacu i f flm iis pétant,
atvero a marinullum, præterquam vitulus marinas. Sunt etiam in hoc genere
fiber, fatherium, fatyrium, lutris, Latax quæ latior lutre efl, dente(que habet
robußos, quippe quæ fioclu plerumque egrediens, virgulta proxima fu is
dentibus ut ferro præcidat ; lutris etiam hominem mordet, nec d e fifit,u t
ferunt, nifi ojfis fra éli crepitum fenferit. Lataci pilus durus, fpecie inter
pilum vituli marini & cervi. Arift. H iß . anim. iib. Y 111, cap. v. —
Le loup marin, te D ’autant que les Anglois n’ont point de loups fur
leur terre, nature les a pourveus d’une bête au rivage de leur mer. ü ce
fort approchante de notre loup, que fi ce n’étoit qu’il le jette plutôt ce
fur les poilïons que fur les ouailles, on le diroit du tout fèmbbbfe à OE
notre bête tant ravifîcipte ; confédéré la corpulence, le pci!, k tête ce
( qui toutefois efl fort grande ) & la queue moult approchante au <x
loup terreflre ; mais parce que celui-cy ( comme dit efl ) ne vit que ce
de poifîons, & n’a été aucunement connu des anciens, il ne ma ce
femblé moins notable que les animaux de double vie cy-defius aEé- ce
gués, parquoi j’en ai bien voulu meure le pour trait.» Helen, Je la naîzsre
des poijfons, page 1 8. Nota. La figure ell à la page 19 , éx reilèmbîe
plus à l’hyæne qu’à aucun autre animal, mais ce ne peut être Fhyaoaç,
car elle n’eft point amphibie, elle ne vit pas de poiüon, & d ailleurs
elle eft d’un climat tout diffèrent,
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