3 6 s H i s t o i r e N a t u r e l l e
m'a été communique par M. le marquis de Montmirail.
« On trouvoit autrefois dans la baie d’Horifont & dans
» celle de K Io ck, beaucoup de morfes & de phoques,
» mais aujourd’hui il en refte fort peu....... les uns & les
« autres fe rendent, dans les grandes chaleurs de l ’été, dans
» les plaines qui en font voifmes, & on en voit quelque-
» fois des troupeaux de quatre-vingts, cent & jufqu’à deux
à cents, particulièrement des morfes qui peuvent y relier
» quelques jours de fuite , & jufqu à ce que la faim les
» ramène à la mer ; ces animaux reffemblent beaucoup a
* l’extérieur aux phoques , mais ils font plus forts 8c plus
» gros, ils ont cinq doigts aux pttes comme les phoques,
« mais leurs ongles font plus courts & leur tête eft plus
» épaifTe, plus Tonde 8c plus forte,; la peau du morfe,
» principalement vers le c o u , eft epaiffe d .un pouce,
» ridée 8c couverte d’un poil très-oourt de différentes
>1 couleurs; la mâchoire fupérieure ell armee de deux
| (lents d’une demi -aune ou d ’une aune de longueur ;
» ces défenfes qui font creufes à la racine,, deviennent
« encore plus grandes à rnefure que ranima!! vieillit ; on
55 en voit quelquefois qui n en ont qn une, parce qu ils
» ont perdu l’autre en jfe battant, ou feulement en vieil-
liffant; cet ivoire ell ordinairement plus eiier que celui
» cfel’éléphant, parce qu’il eft plus compaéie 8c plus dur;
” la bouche du morfe reffemblt à celle d ’un boeuf, elle
33 ep garnie en haut & en bas de poils creux , pointus 8c
33 de i ’épailfeur d ’un tuyau de paille ; au-deffus de la
» bouche, il y a deux nafeaux defquels ces animaux
d e s P h o q u e s , des M o r s e s , ire . 363
foufflent de l’eau comme la baleine, fans cependant faire «
beaucoup de bruit ; leurs yeux font étinceians, rouges «
6c enflammés pendant les chaleurs de l’été; 8c comme «
ils ne peuvent fouffrir alors l’impreffion que l’eau fait fur «
les yeux, ils fe tiennent plus volontiers dans les plaines «
en été que dans tout autre temps__on voit beaucoup «
de morfes vers le Spitzberg__on les tue fur terre avec «
des lances__on les cftaffe pour le profit qu’on tire de «.
leurs dents & de leur graiffe; l’huile en eft prefqti’auffi «
eftimée que celle de la baLeine ; leurs deux dents valent «
autant que toute leur graiffe ; l'intérieur de ces dents a «
plus de valeur que f’ivoire, fur-tout dans les groffes dents «
qui font d’une fiibflancc plus compaéie 8c plus dure que «
les petites. Si l’on vend un florin la livre de l’ivoire des «
petites dents, cdiri des groffes fe vend trois ou quatre, «
& fouvent cinq florins; une dent médiocre pèfe trois «
livres..__ 8c un morfe ordinaire fournit une demi- «
tonne d’huile, ainfi l ’animal entier produit trente-fix «
florins , fa voir dix-huit pour fes deux dents à trois «
florins la livre, Sc autant pour fà graiffe..........autrefois «
on trouvoit de grands troupeaux de ces animaux for «
terre, mais nos vaiffeaux qui vont tous les ans dans çfe «
pays pour 4a pèche de la baleine, les ont tellement «
épouvantés, qn’Hs fe font retires dans des lieux écartés, «
& que ceux qui -y relient ne vont plus fur la terre en «
troupes, mais demeurent dans l ’eau ou diiperfés* çà «
* Nota. II faut que le nombre de ces animaux fort prodrgieufèmem
diminué, ou plutôt qu’ils fe foient prefquetous retirés vers des côtes
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