26 Histoire Naturelle
fobres fur la boiiïbn : iis s’abreuvent de leur fàlive qui,
dans cet animai, eft plus abondante que dans aucun autre.
L e huanacus ou lama dans l’état de nature eft plus
fort, plus vif & plus léger que le lama domeftique; il
court comme un cerf & grimpe comme le chamois fur
les rochers les plus efcarpés ; fa laine eft moins longue
& toute de couleur fauve. Quoiqu’en pleine liberté, ces
animaux fe raffembient en troupes , & font quelquefois
deux ou trois cents enfemble ; lorfqu’ils aperçoivent
lins qu’il fait poffible de les faire relever, même en leur ôtant leur
charge, de façon qu’on les écorche fur la place............ Quand ils
marchent en portant des marchandilês, ils vont par troupes, & l’on
en laifïe toujours quarante on cinquante à vide, afin de les charger
d’abord qu’on s’aperçoit qu’il y en a quelques-uns de fatigués.. . . . .
La chair de cet animal eft parfaite, car elle eft faine & de bon goût,
fur-tout celle des jeunes de quatre ou cinq mois d’âge........ Quoique
ces animaux Ibient en grand nombre , il n’en coûte prefque rien à
leur maître pour leur nourriture ou pour l’entretien de leur équipage,
car après la journée on leur ôte leur charge pour les laifîèr paître dans
la campagne ; il n’eft pas néceflâire de les ferrer, car ils ont le pied
fourchu, ni de les bâter , car ils ont luffilâmment de laine pour
n’être pas incommodés de leur charge que le Voiturier prend loin
de placer de façon qu’elle ne porte pas fiir l’épine du dos, ce qui
les feroit mourir............. (Ceux qui les conduilènt campent fous des
tentes tans entrer dans les villes, pour les faifTer pâturer ; ils font quatre
mois' entiers pour faire le voyage de Cozer à Potofi , deux pour
aller & deux pour revenir...............Les meilleurs lamas fè vendent à
Cozer dix - huit ducats chacun, & les ordinaires douze ou treize
ducats. La chair des huanacus fâuvages eft bonne , mais cependant elle
eft inférieure à celle des domeftiques. Hijioire des Incas, tome I I ,
page 2 .6 e & fuiy.
quelqu’un, ils regardent avec étonnement fans marquer
d’abord ni crainte ni piaifir; enfuite ils foufHent des
narines & henniffent à peu-près comme les chevaux,
& enfin ils prennent la fuite tous enfemble vers le
fommet des montagnes ; ils cherchent de préférence
le côté du nord & la région froide ; ils grimpent &
féjournent fouvent au - deffiis de la ligne de neige t
voyageant dans les glaces, Ôc couverts de fnmats ils
fe portent mieux que dans la région temperee, autant
ils font nombreux & vigoureux dans les Sierras, qui
font les parties élevées des Cordillieres, autant ils font
rares & chétifs dans les Lanos qui font au-defTous. On
chafte ces lamas fauvages pour en avoir la toifon ; les
chiens ont beaucoup de peine à les fuivre ; & fi on
leur donne le temps de gagner leurs rochers, le chaffeur
& les chiens font contraints de les abandonner. Ils
paroiftent craindre la pefanteur de 1 air autant que la
chaleur; on ne les trouve jamais dans les terres baflesq
& comme la chaîne des Cordillieres qui eft elevee de
plus' de trois mille toifes au-deftïis du niveau de la mer
au Pérou , fe foutient à peu-près à cette même élévation
au Chily & jufqu’aux terres Mageilaniques, on y trouve
des huanacus ou lamas fauvages en grand nombre * , au
* Dans les terres du Port - defiré, à quelque diftance du de'troit
de Magellan, il y avoit bon nombre de ces betes fauvages ou brebis
fâuvages, que les Efpagnols appellent Wionaques...........Quoiquelles
fufîent bien alertes & fort craintives , nous en tuâmes fèpt pendam
notre fejour, & l’on peut dire que leur laine eft la plus fine qu il y
ait au monde.. . . . . . Elles vont par troupes de fix ou fèpt cents f &