i76 Histoire Naturelle
aller & venir fans craindre qu’il s’enfuie ; fa démarche
eft oblique comme celle de tous les animaux qui ont
quatre mains au lieu de quatre pieds : il faute de meif
leure grâce & plus légèrement qu’il ne marche ; il eft
aiïez filentieux & ne fait entendre fa voix que par un
cri court & aigu, qu’il laide pour ainfi dire échapper
lorfqu’on le furprend ou qu’on l’irrite. Il dort affîs, le
mufeau incliné & appuyé fur fa poitrine: il n’a pas le
corps plus gros qu’un chat, mais il l’a plus long ; ôc
il paroit plus grand, parce qu’il eft plus élevé fur fes
jambes : fon po il, quoique très-doux au toucher, n’eft
pas couché, & fe tient aflfez fermement droit ; le mo-
coco a les prties de la génération petites 6c cachées,
au lieu que le mongous a destefticulcs prodigieux pour
fa taille , ôc extrêmement apparens.
Le mongous eft plus petit que le mococo , il a
comme lui le poil foyeux & affez court, mais un peu
frifé; il a auflî le nez plus gros que le mococo , & affez
femblable à celui du vari. J ’ai eu chez moi pendant
plufieurs années un de ces mongous qui étoit tout
brun; il avoit l’oeil jaune, le nez noir & les oreilles
courtes; il s’amufoit à manger fa queue, & en avoit
ainfi détruit les quatre ou cinq dernières vertèbres;
c ’étoit un animal fort fale & affez incommode, on
étoit obligé de le tenir à la chaîne ; & quand il pouvoit
s’échapper, il entroit dans les boutiques, du voifinage
pour chercher des fruits, du fuere,& fur-tout des confitures
dont il ouvroit les boîtes ; on avoit bien de fa
peine
d e s M a k i s . \ jy
peine à le reprendre, & il mordoit cruellement alors
ceux meme qu’il connoiffoit le mieux: il avoit un petit
grognement prefque continuel ; ôc lorfqu’il s’ennuyoit
ôc qu’on le laiffoit feul, il fe faifoit entendre de fort
loin par un coaffement tout femblable à celui de la
grenouille, c ’étoit un mâle, & il avoit les tefticules
extrêmement gros pour fa taille ; il cherchoit les chattes,
6c même fe fàtisfiifoit avec elles, mais fins accouplement
intime & fins production. Il craignoit le froid ôc
l ’humidité, il ne s’éloignoit jamais du feu ôc fe tenoit
debout pour fe chauffer : on le nourriffoit avec du pain
6c des fruits ; fa langue étoit rude comme celle d’un
chat ; 6c fi on le laiffoit fiire , il léchoit la main jufqu’à la
Élire rougir, 6c finiffoit fouvent par l’entamer avec les
dents. Le froid de l’hiver 1750 le fit mourir, quoiqu’il
ne fût pas forti du coin du feu ; il étoit très - brufque
dans fes mouvemens , 6c fort pétulant par inftans,
cependant il dormoit fouvent le jour, mais d’un fommeil
léger que le moindre bruit interrompoit.
Il y a dans cette efpèce du mongous plufieurs variétés,
non-feulement pour le poil, mais pour la grandeur; celui
dont nous venons de parler étoit tout brun Sc de la taille
d’un chat de moyenne groffeur. Nous en connoiffons
de plus grands & de bien plus petits ; nous en avons vu
Un qui, quoiqu’adulte, n’étoit pas plus gros qu’un loir ;
fi ce petit mongous n’étoit pas reffemblant en tout au
grand, il ferpit fins contredit d’une efpèce différente;
mais la reffemblance entre ces deux individus nous a
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