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car l’adive eft au chacal à peu près ce que le bichon
ou petit chien barbet eft au chien de berger ; cependant
comme ce fait n’eft indiqué que par quelques
exemples particuliers ; que l’efpèce du- chacal en
général n’eft point domeftique comme celle du chien;
que d’ailleurs il fe trouve rarement d’aufii grandes différences
dans une efpèce libre ; nous fommes très-
portés à croire que le chacal & l’adive font réellement
deux efpèces diftinéles. Le loup, le renard, le chacal
& le chien forment quatre efpèces qui, quoique très-
voifines les une des autres, font néanmoins différentes
entre elles : les variétés dans l’efpèce du chien font en
très-grand nombre; la plupart viennent de l’état de
domefticité auquel il paroît avoir été réduit de tous les
temps. L ’homme a créé des races dans cette efpèce
en choififfant & mettant enfemble les ' plus grands ou
les plus petits, les plus jolis ou les plus laids, les plus
velus ou les plus nus, &c. mais indépendamment de
ces races produites par la main de l’homme, d y a
dans l’efpèce du chien plufieurs variétés qui femblent
ne dépendre que du climat. Le dogue, le danois,
l ’épagneul, le chien turc, celui de Sibérie, &c. tirent
leur nom du climat d’où ils font originaires, & ils
paroiffent être plus différens entr’eux que le chacal ne
i’eft de l’adive : il fe pourrait donc que les chacals
fous différens climats euffent fubi des variétés diverfes,
& cela s’accorde afTez avec les faits que nous avons
recueillis. Il paroît par les écrits des Voyageurs qu’il
y en a par-tout d e grands & d e petits ; q u ’ en A rm é n ie ,
en C i l i c i e , en P e r fe & dans tou te -la partie d e l ’A f i e ,
que nous ap p e lon s le L e v a n t, o ù c e tte e fp è c e eft
t r è s -n om b r e u fe , t r è s - in c om m o d e & très - n u ifib le , ils
fo n t com m u n ém en t grands c om m e n o s renards * ,
* Le jacard ou adive eft grand comme un chien médiocre, reflem-
blant au renard par la queue & au loup par le mufèau ; on en élève
dans les maiforis, mais leur nature eft de le cacher dans la terre pendant
Je jour, d’où iis ne forrent que la nuit pour chercher à manger ; ils
vont par troupes , dévorent les enfàns & fuient les hommes ; leurs cris
font plaintifs, & l’on diroit foüvent que ce font ceux de plufieurs
enfàns de divers âges mêlés enlèmble ; les chiens leur font la guerre &
les éloignent des maifons. Voyage de D elon, page t op. — Il fe trouva
en Perfe une efpèce de renard appelé Schakal, que les habitans nomment
communément T u lk i, qui y font en très - grand nombre & de la
grandeur à peu près de nos renards d’Europe , le dos & les côtés
.couverts d’une efpèce de grofïè laine avec des poils longs & roidés,
le ventre blanc comme neige , les oreilles noires comme jai, la queue
plus petite que celle de nos renards; nous les entendions la nuit roder
autour du village où nous étions , fort importunés de leurs cris lu «libres,
afièz lèmblables à ceux d’un homme qui fè plaint, & qu’ils ne cefîènt
de frire entendre. Voyage d’Olearius, page y y i . — L ’addibo ( adive )
reflëmble au loup par la figure, fbn poil & fa queue, mais il eft plus
petit, & fit taille eft même au-deflbus de celle du renard; il eft très-
vorace, mais ftupide, il voyage la nuit & relie le jour dans fit tanière ; fur h
brune on ne voit autre choie dans la campagne ; ces animaux s’approchent
des Voyageurs & s’arrêtent pour les regarder fans paroître rien craindre.
Ils courent dans les maifons & dans les églilès pii- ils déchirent & dévorent
tout ce qui leur convient ; tout ce qui eft fait avec du cuir eft
leur mets favori. L ’adive glapit comme le renard, & quand un crie
tous les autres lui répondent; cet inftinâ: de crier tous enlèmble ne
paroît point volontaire, mais de pure ne'ceffité , au point que fi l’un
de ces animaux eft entré dajis une maifon pour voler & qu’il entende
Tome X I I J. K k