« court, & fans un petit mouvement, qui le fait un peu
« plier, il ne feroit pas polfibie de diftinguer la tête du
» relie du corps. Quelques Auteurs prétendent (ajoute-t-il)
p que cet animal fe fert de fes deux mains ou nageoires
« pour fe traîner fur terre ; je me fuis foigneufement
» informe de ce fait; perfonrre n’a vu cet animal à terre ,
>> 6c il ne lui eft pas polfibie de marcher ni d’y ramper;
» fes pieds de devant ou fes mains ne lui fervant que
« pour tenir fes petits pendant qu’il leur donne à téter;
» la femelle a deux mamelles rondes, je les mefurai, dit
» l’Auteur, ellesavoient chacunefeptpouces de diamètre
» fur environ quatre d’élévation ; le mamelon étoit gros
« comme le pouce & fortoit d’un bon doigt au dehors ;
» le corps avoit huit pieds deux pouces de circonférence;
» la queue étoit comme une large palette de dix - neuf
» pouces de long, 6c de quinze pouces dans fa plus grande
» largeur, 6c l’épailfeur à l’extrémité étoit d’environ trois
» pouces; la peau étoit épaiffe fur le dos prefque comme
» un double cuir de boeuf, mais elle étoit beaucoup plus
mince fous le ventre ; elle eft d’une couleur d’ardoife-
& brune , d’un gros grain 6c rude avec des poils de même
» couleur, clair-femés, gros 6c alfez longs. Ce lamantin
» pefoit environ huit cents livres ; on avoit pris le petit
» avec la mère; il .avoit à peu près trois pieds de long; on
« fit rôtir à la broche le côté de 4a queue, on trouva cette
» chair aulfi bonne 6c aulfi délicate que du veau. L ’herbe
" dont ces animaux fe nourrilfent, eft longue de huit à
® dix pouces, étroite, pointue, tendre 6c d’un alfez beau
d e s P h o q u e s , des M orse s , èfc. 387
vert ; on voit des endroits fur les bords 6c fur les bas- «
fonds de la mer, où cette herbe eft fi abondante, que le «
fbndparoît être une prairie ; les tortues en mangent aulfi ”, «
ôcc. » Le Père Magnin de Fribourg, dit que le lamantin
mange l’herbe qu’il peut atteindre , làns cependant fortir
de l’eau. .. Q u ’il a les yeux petits 6c de la grolfeur d’une
noifette ; les oreilles fi fermées, qu’à peine il y peut
entrer une aiguille; qu’au dedans des oreilles fe trouvent
deux petits os percés ; que les Indiens ont coutume de
porter ces petits os pendus au cou comme un bijou.. . .
Et que fon cri relfembleà un petit .mugilfement
Le P. Gumiila, rapporte qu’il y a une infinité de
lamantins dans les grands lacs de l ’Orénoque ; « ces
animaux, dit-il, pèfent chacun depuis cinq cents jufqu’à «
fept cents cinquante'livres ; ils fe nourrilfent d’herbes; «
ils ont les yeux fort petits, 6c les trous des oreilles «
encore plus petits ; ils viennent paître fur le rivage «
lorfque la rivière eft balle. La femelle met toujours bas «
deux petits, elle les porte à fes mamelles, avec fes bras «
6c les ferre fi fort qu’ils ne s’en féparent jamais, quelque «
mouvement qu’elle fàlfe; les petits lorfqu’ils viennent «
de naître ne biffent pas de pefer chacun trente livres ; «
le lait qu’ils tètent eft très-épais. Au-delfous de la peau, «
qui eft bien plus épailfe que celle d’un boeuf, on trouve «
1 Nouveau voyage aux îles Je l’Ame'rique, tome 11, page 2 0 0eV fuiv,
1 Extrait J'un manuferk du Père Magnin de Fribourg , Miffionnaire
de Borja, Correipondant de l’Acade'mie des Sciences, traduction de
i’elpagnol, communique'e par M. de la Condamine.
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