Les Joix d’affinité par lefquelles les parties confti-
tuantes de ces différentes fubftances fe féparent des
autres pour fe réunir entre elles, & former des matières
homogènes, font les memes que la loi générale par
laquelle tous les corps céleftes agiffent les uns fur les
autres;, elles s’exercent également & dans les mêmes
rapports des. maffes & des diftances; un globule d’eau,
de fable ou de métal agit fur un autre globule comme
le globe de la Terre agit fur celui de la Lune : & fi
jufqu à ce jour 1 on a regardé ces loix d’affinité comme
différentes de celles de la pefanteur, c’eft faute de les
avoir bien conçues , bien fàifies , c ’eft faute d’avoir
embraffe cet objet dans toute fon étendue. La figure,
qui dans les corps céleftes ne fait rien ou prefque rien
à la loi de l ’aétion des uns fur les autres, parce que
la diftance eft très-grande, fait'au contraire prefque tout
lorfque la diftance eft très-petite ou nulle. Si la Lune
Si. la Terre, au lieu d’une figure fphérjque, avoient
toutes deux celle d’un cylindre court, & d’un diamètre
égal à celui de leurs fphères, la loi de leur action
réciproque ne feroit pas fenfiblement altérée par cette
différence de figure, parce que la diftance de toutes les
parties de la Lune à celles de la Terre , n’auroit auffi
que très-peu varié ; mais fi ces mêmes globésdevenoient
des cylindres très-étendus & voifins l’un de l’autre, la
loi de 1 aétion réciproque de ces deux corps paroîtroit
fort differente, parce que la diftance de chacune de leurs
parties entre elles, & relativement aux parties de l’autre,
auroit prodigieufement changé ; ainfi dès que la figure
entre comme élément dans la diftance, la loi paroît
varier, quoiqu’au fond elle foit toujours la même.
D ’après ce principe , l’efprit humain peut encore
faire un pas, & pénétrer plus avant dans le fein de la
Nature: nous ignorons quelle eft la figure des parties
conftituantes des corps; l’eau, l’air, la terre, les métaux,
toutes les matières homogènes font certainement com-
pofées de parties élémentaires femblables entre elles,
mais dont la forme eft inconnue; nos neveux pourront,
à l’aide du calcul , s’ouvrir ce i nouveau champ de
connoiffances, & lavoir à peu près de quelle figure font
les élémens des corps ; ils partiront du principe que
nous venons d’établir, ils le prendront pour bafe: Toute
matière s’attire en raiftm inverfe : du carré de la dijlance, i r
cette loi générale ne paroît varier, dans les attractions particulières,
que par l ’effet de la figure des parties conftituantes
de chaque fubflance; parce que cette figure entre comme élément
dans la diftance. Lorfqu’iis auront donc acquis, par des
expériences réitérées, la connoiflance de la loi d’attraction
d’une fubflance particulière , ils pourront trouver
par le calcul la figure de fes parties conftituantes. Pour
le faire mieux fentir, fuppofons par exemple, qu’eu
mettant du vif-argent fur un plan parfaitement poli, on
reconnoiffe par des expériences que ce métal fluide
s’attire toujours en raifon inverfe du cube de la diftance,
il faudra chercher par des règles de fauflè pofitiorr,
quelle eft la figure qui donne cette expreffion ; & cetto'