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vimes encore à file de Lobos de la M ar, fur la côte
du Pérou, dans la mer du fud, quelques lions marins,
& beaucoup plus de veaux marins \ »
Ces obfervations de Woodes Rogers, qui s’accordent
affez avec celles de l’auteur du voyage d’Anfon,
femblent prouver encore que ces animaux* vivent
d’herbes lorfqu’ils font à terre ; car il eft peu probable
qu’ils fe paffent pendant trois mois de toute
nourriture, fur-tout en allaitant leurs petits. L ’on trouve
dans le recueil des Navigations aux terres auftrales,
beaucoup de chofes relatives à ces animaux; mais ni
les defcriptions ni les faits ne nous paroiffent exaéts,
par exemple, il y eft dit qu’à la côte du port des Renards
au détroit de Magellan b, il y avoit des loups
marins fi gros , que leur cuir étendu fe trouvoit de
trente-fix pieds de large,cela eft certainement exagéré;
il y eft dit que fur les deux îles du port Defiré aux
terres Mageiianiques, ces animaux reffemblent à des
lions par la partie antérieure de leur corps, ayant la
tête, le cou & les épaules garnies d’une très-longue
crinière bien fournie', cela eft encore plus qu’exagéré ;
car ces animaux ont feulement autour du cou un peu
plus de poil que fur le refte du corps, mais ce poil
n’a pas plus d’un doigt de long d. II y eft encore dit
* Voyage autour du Monde, de Woodçs Rogers, tome I , pages 2 o j
i r 22 3 .
1 Navigations aux terres Auftrales. Paris, 1 7 y 6 , tome I , page 1 6 S .
cIdem, tome 1 , page 2 2 1 .
* Hiftoirc du Paraguai, par le P. Charlevoix, tome V I,p a g e 1 S i .
des Phoques, des Morsesy ère. 3 5 7
<]u’il y a de ces animaux qui ont plus de dix-huit
pieds de long, que de ceux qui n’ont que quatorze
pieds il y en a des milliers,, mais que les plus communs
n’en ont que cinq \ Cela pourrait induire à
croire qu’il y en aurait de deux efpèces, l’une beaucoup
plus grande que l ’autre, parce que l’Auteur ne dit pas
que cette différence vienne de celle de l’âge , ce qui
cependant étoit néceffaire à dire pour prévenir l ’erreur.
« Ces animaux (dit Coreal h ) ouvrent toujours
leur gueule : deux hommes ont affez de peine à en «
tuer un avec un épieu, qui eft la meilleure arme dont «
on puiffe fe fervir. Une femelle allaite quatre ou cinq «
petits,. & chaffe les autres petits qui s’approchent«
d’elle, d’où je juge quelles ont quatre ou cinq petits «
d’une ventrée ». Cette préfomption eft affez bien
fondée, car le grand phoque décrit par M. Parfons
avoit quatre mamelles fituées de manière qu’elles fo t-
moient un quarré dont le nombril étoit le centre.!
J ’ai cru devoir recueillir & prefenter ici tous les laits
qui ont rapport à ces animaux, qui font peu connus,
& dont il ferait à defirer que quelque Voyageur habile
nous donnât la defeription, fur-tout celle des parties
intérieures, de l’eftomac , des inteftins, Sic. car fi l’on
s’en rapporte amc témoignages des Voyageurs, on
pourrait croire que les lions marins font de la claffe
‘ Navigations aux terres Auftrales, ' tome I I , page j r .
‘ Voyage de Coreal, tome I I , page 1 S e .