14.2 H i s t o i r e N a t u r e l l e
font conformées comme celles du gerbo, mais qui a
cinq doigts aux pieds de devant & trois à ceux de
derrière, avec un éperon qui peut pafler pour un pouce
ou quatrième doigt beaucoup plus court que les autres.
qu’il fîgnifie animal qui ne peut marcher; cependant le mot alagtaga
me paroît très-voifin de letaga, qui, dans le même pays , défigne ie
polatouche ou écureuil-volant ; ainfî je ferois porté à croire qu alagtaga
comme letaga, font plutôt des noms génériques que fpécifiques,
& qu’ils défignent un animal qui vole, d’autant plus que Strahlenberg,
cité par M. Gmelin, au fujet de cet animal, l’appelle Lierre volant.
Cunicu/us feu lepus indicus utias diâus. Aldrov. de Quad. digit. fig.
p3g jp j . Nota, i M . ' s Linnæus & Edwards ont rapporté au gerbo
cette figure .donnée par Aldrovande, mais elle me paroît convenir un
peu mieux à l’alàgtaga; l’éperon ou quatrième doigt des pieds de
derrière y eft bien marqué, & c’eft par ce caractère que l’alagtaga
diffère du gerbo, qui n’a que trois doigts fans apparence d’un quatrième.
Nota. 2 ° Aldrovande a fait une faute en appliquant à cet animal
le nom à'U tias; ce mot eft Américain & n’a jamais été employé que
pour défigner un petit animal que les Elpagnols trouvèrent à Saint-
Domintme lorfqu’ils y arrivèrent; & depuis quelques Auteurs l’ont
appliqué au cochon d’Inde ; mais jamais il n’a pu défigner ni l’alagtaga
ni le gerbo. Je crois que ce mot utias, qu’on doit prononcer outias,
vient de coutias, nom que quelques Auteurs donnent à l ’acouti ou
agouti, & que par conféquent l’utias ne défigne pas un autre animal
que l’agouti ,qui étoit & eft encore naturel à l’île de Saint-Domingue,
& qu’on y a* trouvé lorfqu’on en fit la découverte. Il y a eu de
tout temps dans les Antilles ( dit l’Auteur de l ’Hiftoire des Antilles)
quelques bêtes à quatre pieds, telles que l’opoflum ffarigue), le javaris
(pécari), le tatou, l’acouti & le rat niufqué (pilori). H ift. N at. des
Ife s Antilles, page tai .
Cuniculus pumilio, fa lien s, caudâ longijfimâ. Gmelin. Nov. Coin.
Acad. Petrop. tom. Y , tab. X I , fig. I.
4..0 Le Daman lfra'éla ou Agneau d ’ifraél, qui pourrait
bien être le même animal que M. Linnæus a défigné
par la dénomination de Mus longipes h, & qui a quatre
doigts aux pieds de devant & cinq à ceux de derrière.
Le gerbo a la tête faite à peu - près comme celle
du lapin , mais il a les yeux plus grands & les oreilles
plus courtes quoique hautes & amples, relativement
à là taille ; il a le nez couleur de chair & fans poil ; le
mufeau court & épais ; l ’ouverture de la gueule très-
petite, la mâchoire fupérieure fort ample, l’inférieure
étroite & courte; les dents comme celles du lapin ; des
mouftaches autour de la gueule, compofées de longs
poils noirs & blancs; les pieds de devant font très-
courts &; ne touchent jamais la terre ; cet animal ne s’en
fert que comme de mains pour porter à fa gueule. Ces
mains portent quatre doigts munis d’ongles, Si le rudiment
d’un cinquième doigt làns ongle ; les pieds de
derrière n’ont que trois doigts, dont celui du milieu
eft un peu plus long que les deux autres, & tous trois
garnis d’ongles : la queue eft trois fois plus longue que
* Daman Ifraël, agneau d ’Ifraël. Voyag. de Shawr, tome II, page 7 y.
Animal quoddam pumile cuniculo non dijfmile, fe d cuniculis majus quoi
agnum fitiorum Ifraël nuncupant. P rofp. A lpin. H ift. Æ gypt. lib. iy ,
cap. IX , pag. 23 2.
1 Longipes. M u s caudâ elongatâ v efitâ , palmis tetradaflylis, plantes
pentadaâylis, femoribus longifftmis. Linn. Syft. nat. edit. X , pag. 6 2 .
Nota, Le m ot femoribus eft ici mal appliqué; ce ne font pas les cuifîes
ni même les jambes, mais les premiers os du p ie d , les métatarfes
que ces animaux ont très-longs.