
nous rendre certains que Tes fleurs ne font dioïques
que par avortement, & que le nombre des parties
qui lui manquent, font reflituées dans plufieurs
individus. N’ayant encore jufqu'à préferit rien de
politif fur ces faits, les tigarea fe diflingueront des
Retracera par leurs fleurs dioïques, par un feul.
ovaire, un feul ftyle, & par une capfule bivalve ,
monofperme. Le port des efpèces fe rapporte d’ail-
Jeurs parfaitement à celui des tetracera ,.ayany des
.tiges farmenteufes, des feuilles munies de ftipu-
• le s , &c.
E s p à c E s.
I. TlGARÉ à feuilles rudes. Tigarea afpera.
Aublet.
Tigarea foliis fubrotuadis, undulatis ; floribus ra-
cemofis. Aubl.Guian. vol. a. pag. 918. tab. yyo. —
Lam. IUuftr. Gen. tab. 8ad.
Tetracera (afpera) , foliis ftbrotttndis, fttbrepan-
dis , feabris ; flenbus monogynis. W illd. Spec. Plant,
vol. a. pag. 1241. n°. 3.
Rhinium. Schreb. Gen. Plant. a°. 154y.
Arbrilfeau qui produit des tiges farmenteufes
& rameufes, qui s'élèvent jufque fur la cime des
plus grands arbres, d'où pendent de très-longs
rameaux prolongés jufqu’à terre ; ils font très-rudes
& âpres au toucher, garnis de feuilles alternes,
médiocrement pétiolées, longues d'environ
tiois pouces & demi, fur trois poueps de large,
arrondies,din peu ovales , légèrement ondulées à
lïurs bords, chagrinées & couvertes à leurs deux
faces de poils ras, roides & crochus ; leur pétiole
’côû'rt-] cànaiiculé en delfus, accompagné à fa bafe
de deux ftipules caduques.
Les fleurs font dioïques, naiffent fur des pieds
différens ; elles font difpofées en petites grappes
qui forcent de l'allTelle des feuilles. Le calice- eû
. d'une feule p ièce, divifé en quatre ou cinq parties
concaves , aiguës ; la corolle blanche , com-
pofée de quatre ou cinq.pétales concaves, arrondis
, infères, par un onglet, entre les divifioiis.du
calice. Les étamines font nombreufes, fituées au
fond du calice, qu’elles recouvrent entièrement ;
les filamens courts; les anthères jaunes, à deux
lobes ; le piflil avorte. Les fleurs femelles, ont un
calice & une corolle femblables aux fleurs mâles i
elles renferment des filamens fans anthères; un
ovaire arrondi, furmonté d'un ftyle que termine
un large ftigmate obtus ? il en réfulte une capfule
fècha, rouffeâtre, rude au toucher , accompagnée
du.calice perlîftant, s'ouvrant en deux valves qui
ne contiennent qu’ une feule fefnence.
. Cet arbre croît dans l’île de Cayenne il fleurit
& fruèlifie dans le mois de janvier. f>
Les Créoles ont donné à cette plante le nom
de liane rouge, à caufe de la couleur que prend fa j
décoélion j elle paffe dans le pays pour un bon
remède dans les maladies vénériennes. « On rencontre
quelquefois cet arbriffeau en fi grande quantité
dans les bois , dit Aublet, qu’il eft impoflible
dé les parcourir fans être incommodé & déchiré
par l’âpreté de fes rameaux & de (es feuilles , &
furtout fans être arrêté par l'entrelacement de fes
branches & de fes rameaux. «
2. T igarÉ à feuilles dentées'. Tigarea dentata.
Aublet.
Tigarea foliis ovato-oblongis acuminatis \ fubtus
tomentofis, Aublet, Guian. vol. 2. pag. 910. tab.
3| t ;
Tetracera ( tomentofa ) , foliis ovatis ,. acuminatis
, dentatis, fuperne g la b ris, fubtus tomentofis •; flo-
ribus monogynis. Willd., Spec. Plant, voh 2. pag.
1241. n°. 2.
« Cet arbriffeau, dit Aublet, reffemble au précédent
par fes. fleurs & par fes fruits j il en diffère
feulement par fes- tiges qui font velues, par fes
branches qui font liffes & plus groffes, par fes
feuilles ovaies, dentées , terminées par une longue
pointe. Elles font glabres à leur face fupéri
eu re , v ertes, revêtues en deffous d’un duvet
foyeux & tomenteux, longues d’environ, cinq
pouces, fur deux pouces & demi de largé. «
Cet arbriffeau croît dans les bois de l’île de
Cayenne ; il fleurit en janvier,. & donne fes fruits
dans le mois de mars, fj
Les Créoles le nomment liane rouge, & l’emploient
aux mêmes ufages que le précédent..
TIGE ou TRONC. Caulis. Truncus. On a donné
ce nom à cette partie de la plante qui part dire élément
de L’extrémité fupérieure de la racine qu’on
nomme le collet, qui s’élève enfuite perpendiculairement
dans l’ air > ou rampe fur la terre „ ou
enfin grimpe & s’entortille autour des différens
corps qu’eile rencontre. C ’ eft de cette même
partie que forcent ordinairement les rameaux, les
fouilles, les fupports & les organes de la fructification
delà plante. «Cette partie fondamentale du
végétal ex ifted an s toutes les plantes ,.dit M-De-
candolle ,. tantôt développée & bien évidente,
tantôt tellement rabougrie, que la plante en par.oît
dépourvue, & que les feuilles femblent naître de
la racine , comme dans la jacinthe , Le polypode a
la primevère , & c . »
Dans le premier cas , on a donné aux plantes le
nom de plantes caulefcentes , ou munies de tiges
( caulefcentes,) >* dans le fécond , on les défigne fous
celui de plantes acaules, ou fans tiges , ou feffiles,
( acàulès ) ; maisces dénominations font inexactes,
puifque la tige exifte toujours. Dans la jacinthe &
les autres plantes bulbeufes, elle eft repréfentée
par le plateau orbiculaire qui émet les racines &
les feuilles 5 dans le polypode & les autres fougères
européennes , elle fe réduit à uneTouche
horizontale & fouterraine 5 dans la primevère &
les autres dicotylédones, elle fe confond avec le
collet de la racine , mais elle s’alonge quelquefois
par la culture j ce qui prouve qu’elle exifte réellement
quoique peu développée.
Le trône proprement dit eft la partie qui fou-
tient les branches & les feuilles dans les arbres &
les arbriffeaux. Elle a communément des dimen-
fions, confidérables ; elle eft toujours d’une matière
ligneufe., & s'élève le plus ordinairement
dans une direction verticale ou perpendiculaire à
l'horizon. i .
La tige s’emploie plus ordinairement pour exprimer
cette même partie dans les plantes herbacées
ou fous-arbriffeaux. Elle s’élève en généra!
beaucoup moins que le tronc, & a , furtout dans
les herbes, beaucoup moins de confiftance 5 mais
la tige ou l,e tronc eft pris indifféremmént l’un
pour l’autre lorfqu'il s’agit de leurs propriétés générales,
ou plutôt il conferve le nom commun
de tige.
Avant d’entrer dans les détails qui concernent
les propriétés des tiges , nous allons les confidérer
relativement à leur ftruéture, félon qu’elles appartiennent
aux plantes dicotylédones ou mopocoty-
lédones.
I. La tige des plantes dicotylédones eft com-
pofée de trois organes diftinófs * (avoir : la moelle,
îé corps ligneux & l'écorce. Si l ’on coupe en
travers une tige de dicotylédone ligneufe , on
obferve au centre un canal cylindrique nommé
canal médullaire. Ce canal eft rempli d’un tifïu cellulaire
ordinairement blanchâtre, quJon nomme
moelle ( medulla ). Sur le bord du canal on diftingue
une rangée circula re de. vaiffeaux lymphatiques.
La moelle eft très-abondante &' toujours humeétée
dans les jeunes pouffes ; elle fe deffèche, diminue
de volume , & fon canal finit par s'oblitérer entièrement
dans les vieux troncs, comme on le voit
facilement dans le noyer. Cette oblitération eft
probablement due à la formation de couches ligne
ufes dans l'intérieur du canal médullaire , ou
peut-être à l'endurciffement même de la moelle.
La moelle, en -vieil!ifiant, fe déchire de diverfes
manières qui font confiantes pour chaque efpèce,
parce qu'elles dépendent du mode d'accroiffement
du tronc.
La moelle communique au travers du corps ligneux
avec le tiffu cellulaire dé l'écorce, par le
moyen de prolongemens qui rayonnent en tout ]
fens , & qui paroiffent, fur la coupe tranfverfale |:
d'un tronc, comme les rayons 3’une roue, lefquels i
joignent le moyeu à la circonférence. On les a !
nommés rayons médullaires , prolongemens médul- :
lai res 3 productions & infentons médullaires. En fui- ■
vant ces rayor.s dans les plantes à tifiu lâche, on
voit clairement que la moelle & le tifiu cellulaire
font de même nature j la première eft blanche ,
parce qu'elle eft privée de lumière j le fécond eft
v e r t, parce qu’il eft expofé à la lumière.
Dès la naiffance d’ une tige , on voit autour de
la moelle une rangée circulaire de vaiffeaux ; il
s’en développe enfuite une fécondé qui naît entre
la première couche & l’écorce, puis une troifième,
une quatrième , & ainfi de fuite. La réunion de
toutes ces couches concentriques , dont la plus
ancienne eft placée au centre , & la plus jeune à
la circonférence, conftitue fon corps ligneux. Par
la manière même dont elles fe placent l’une fur
l'autre, on conçoit qu’ une fois nées, elles ne peuvent
plus croître 5 conféquemment le tronc d’un
arbre dicotÿlédon eft compolé d’une multitude
d etuis coniques qui s’emboîtent l’ un fur l’autre 5
chacune de ces couches , vifibles à l’oeil dans la
coupe tranfverfale d’un tronc, eft elle- même com-
pofée d'un grand nombre de couches ; l’intervalle
qui paroît à l’oeil eft dû au repos de la végétation
pendant l’hiver : ces couches annuelles peuvent:
donc fervir à compter l’âge d’ un tronc de dicotylédone.
Pendant la jeuneffe de la tige , les couches ligne
ufes qui entourent la moelle , reçoivent journellement
des molécules nutritives qui augmentent
leur denftté. Tant que ce dépôt de molécules a
lieu , elles font à l’état de bois imparfait, & portent
le nom à’aubier ( alburnum ). Dès que i’endur-
ciffement eft complet , elles prennent le nom de
bois ( lignum ) , o u , comme difent les artifans, de
coeur du bois. La différence du bois & de l’aubier
eft quelquefois très - notable ; ainfi , le bois de
l’ ébène eft noir , & fon aubier d’ un beau blanc»
Le bois eft toujours plus dur, plus coloré & placé
à l’intérieur du tronc. L’aubier eft plus mou , plus
pâle & placé à l’extérieur. Le bois n'étant plus
fufceptible d’ accroiffement , eft une partie réellement
morte 5 au Ai eft - il fournis à' la décompo-
fîtion , même pendant la vie du refte de la plante.
L’aubier réfifte à la décompofition pendant la vie ;
maislorfque l’arbre eft coupé, fon tiffu , plus mou
& plus aqueux , le difpofe à fe pourrir facilement.
Les plantes herbacées font celles qui meurent avant
que leurs couches aient acquis la dureté du bois.
L'écorce eft orgariifée comme le corps ligneux ,
c’eft-à-dire qu’elle offre des couches concentriques
d’abord imparfaites, puis parfaites,& un tiffu
cellulaire 5 mais ces trois organes font placés eu
fens inverfe. Chaque année il fe développe une
couche d'écorce qui naît à la furface intérieure
de la. couche précédente , en forte que dans le>
cône d'écorce qui recouvre un tronc, ies couches
les plus extérieures font les plus vieilles, & les
plus jeunes font à l’intérieur. L’accroiffement continuel
du corps ligneux force cependant l’écorce