
à des Tommes très-confidérables , dont l’Europe
s’eft rendue tributaire envers la Chine. Les graines
de thé qui nous viennent de ce pays, Te ranciffent
8c fe gâtent à la mer j de forte que fur des milliers,
il en lève à peine quelques-unes. Il faudroit
que les voyageurs qui vont à la Chine, s’en procu-
rafTent de bien fraîches, & qu’ ils euffent la précaution
de les femer dans des caifles remplies d’une
terre légère avant de les embarquer j elles leve-
roient pendant la traverfée : il fuffiroit de les arro-
fer de tems en tems, & de les préferver de l’eau
de la mer 5 alors les jeunes plantes pourroient arriver
à bon port.
« Le thé frais, dit M. Desfontaines, a une propriété
enivrante, qui agace & irrite les nerfs, &
que la torréfaction ne lui fait pas perdre entièrement
: on prétend même qu’il n’en eft totalement
privé qu’au bout de dix à douze mois j alors il eft
lain , agréable, & donne de la gaîté. Les Japonois
ne le boivent jamais frais fans y mêler une égale
quantité de vieux thé. Il lève les obftruétions,
excite les urines, aide la digeftion en donnant de
l ’aélion à l’eftomac, & on ne connoît point de
plantes dont ôn puifle boire l’ infufion fi fréquemment,
en fi grande quantité & fans dégoût. Les
Chinois le regardent comme très-falubre. Ils n’y
mêlent ni la it, ni firop, ni liqueurs fortes ; ils le
prennent pur avec un peu de fucre candi qu’ ils
tiennent dans la bouche, & l’ufage habituel que
ces peuplesen font depuis tant de fiècles, prouve
qu’ il n’a pas de qualités nuifibles quand il eft bien
préparé. Ils en retirent aufli un extrait qu’ils prennent
délayé dans une grande quantité d’eau, 8c
auquel ils attribuent d’excellens effets dans p!u-
fieurs maladies. Kalm afiure que le thé eft très-
utile pour corriger la mauvaife qualité de l’eau ,
qu’il ranime les forces , & qu’ il lui a été d’un
grand fecours dans. Tes voyages.
« L'ufage du thé en Chine remonte à la. plus
haute antiquité, & il eft tellement répandu parmi
toutes les clafles de. citoyens-, que le lord Ma-
cartney afiure que quand bien même les Européens
abandonneroient le commerce cela n’en
fêroit pas diminuer de beaucoup la valeur dansde
pays.
y> Les Japonois attribuent au thé une origine
miraculèufe. Ils difent que Darma, prince très-
religieux & troifîème fils d’ un roi des Indes, nom-
/ mé K o s ju fw o aborda en Chine l’an 5.10 de l ’ère
chrétienne > qu’ il employa tous fes foins à répandre
dans ce pays la connoifiance du vrai Dieu &.
de la vraie religion , & q u e , voulant exciter les
hommes par.fon exemple, il s’ impofoit des privations
& des mortifications de tout genre, vivant,
en plein air , & confacrant les jours & les nuits à
la prière & à la contemplation. Il arriva cependant
qu'après plufiëurs années, excédé de fatigues,
il sféndormit malgré lui j mais croyant avoir.
violé fon ferment, 8c pour le remplir fidèlement
à l’avenir, il fe coupa les paupières, & les jeta
fur la terre. Le lendemain , étant retourné au même
lieu, il les trouva changées en un arbrifieau que
la terre n’avoit pas encore produit} il en mangea
des feuilles ; elles lui donnèrent de la gaîté, & lui
rendirent fa première vigueur. Ayant recommandé
le même aliment à fes difciples 8c à fes feClateuts,
la réputation du thé fe répandit, 8c depuis ce tems
on a continué à en faire ufage. Koémpfer, dans fes,
Aménités exotiques, a donné l’ hiftoire & le portrait
de ce faint fort renommé à la Chine & au Japon,
On voit fous les pieds de Darma un rofeau, qui
indique qu’il avoit traverfé les mers & les fleuves.»
( Desfont. )
T H É LA . Thela. Genre de plantes dicotylédones
, à fleurs complètes, mono péta fées", régulières
, qui comprend des fous-arbriffeaux exotiques
à l’Europe, dont les tiges font grimpantes,
les fepilles alternes, entières} les fleurs difpofées
en épis prefque terminaux.
Le caractère eflentiel de ce genre eft d’avoir :
Un calice extérieur, a trois folioles ; Vintérieur
tabulé & papilleux ; une compile hipocratériforme ;
cinq étamines ; un ftyle ; un ftigmâte a cinq découpa?
res une baie, fupérieure , monofperme.
C a r a c t è r e g é n é r i q u e .
Chaque fleur offre :
i°. Un calice double ; l’extérieur à trois folioles
ovales-lancéolees ; l’intérieur tabulé , perfiftant,
Couvent coloré, à cinq lobes peu marqués, chargé
de petits mamelons pédicellés.
i ° : Une corolle monopétale, en foucoupe, dont
le tube eft cylindrique, une fois plus long que le
calice}.le limbe plane,.à cinq lobes prefque ronds,
acuminés..
30. Cinq étamines 3 dont les filamens font capillaires’,
de là longueur du tube , inférés fur le réceptacle,
terminés par des anthères oblongues,.
point vacillantes.
40. Un ovaire ovale-oblong , furmonté d’un
ftyle fil’ forme, plus long-que les étamines, terminé
par un ftigmâte à cinq découpures oblongues
, réfléchies.
Le fruit eft une petite baie oblongue, à cinq-
côtes , a une feule ioge, à une feule femence.
Obfervations. Le calice intérieur, papilleux ou-
parfemé de petits mamelons pédicellés, . indique
l ’étymologie du nom de ce genre,.qui vient du
mot grec télé (papilla papille ou- mamelon. Le
calice extérieur, compofé de trois folioles, ne-
pourroit-il pas être confidéré comme une force’
d’inyoluçre 011,comme des braéléèSi?;
E s p è c e s .
1. T hé LA à fleurs écarlates. T/tela coccinea.
Loureiro.
Thela caule fcandente, foliis ampleXicaulibus, ca-
licibus corolU concoloribus. Lour. Fior. cochinch.
pag. 147. n°. 1.
Ses tigés font prefque ligheufes, très-longues,
grimpantes, ftriées, médiocrement rameufes, gar- \
nies de feuilles alternes, à demi-amplexicaules,
ovales-lancéolées, glabres à leurs deux faces, très-
entières à leurs bords, un peu aigues à leur fom-
fnet. Les fleurs font difpofées, vers l’extrémité
des tiges, en longs épis très-fimplés. La corolle .
eft d’un rouge-écarlate, en forme de foucoupe }
le calice intérieur de la même couleur que la corolle.
Cette plante croît à la Chine & à la Cochin-
chine, parmi les haies de rofeaux autour defquels
elle's’entortille. t? ? ( Defcript. ex Lour. )
2. T héla à fleurs blanches. Thela alba. Lour.
Thela caule fcandente, foliis petiolatis , calicibUs
difcoloribus. Lour.Flor. cochinch. pag. 147.n°. 2.
Ses tiges font grêles, grimpantes, prefque li-
gneufes, glabres, alongées, prefque Amples, garnies
de feuilles médiocrement péciolées, alternes,
ovales - lancéolées , d’un v ert-ob fcur, glabres à
leurs deux faces, très-entières-, ondulées à leurs
bords. Les fleurs font difpofëës, vers l’extrémité
des tiges, en épis courts & fimples. Lè caïice in-
térieur eft long, tubûlé, muni de papilles 3 point
coloré} la corolle blanche, hippocratérifonne.
Cette plante croît parmi les rofeaux dans les
Indes orientales, à la Chine & à la Cochirtchinè.
b ? ( Defcript. ex Lour. )
THÉLÉBOLE. Thelebôlus. Genre de plantes
aCotylédones, de la famille des champignons, qui
fe rapprochent des rnoififlures , & qui renferment
de très-petites plantes , à peine fenfibles, la plupart
microfcopiques, aufli difficiles à reconnoître
qu’à déterminer.
Les théléboles font compofés de petits champignons
feffiles, folides, un peu gélatineux. Leur
réceptacle eft cortical, arrondi, globuleux, entier
fur fes bords : il renferme dans fa jeuneffe une vé-
ficule qu’ il rejette enfuite en dehorsr Cette véfi-
cule, d’après l’obférvation d’Hedwig , contient
un grand nombre de capfules libres, alongées ,
pointues, remplies de femencesnombreufes.
M. Decandolle cite une efpèce qui ,lui à été
communiquée par M. Ghail-lèt, qu’ il nomme thé-
lebole kérijj'éé ( thelebôlus hirfutus , Fior. franç. vol.
2 , pag. 272 ). Cette plante Croît fûr l’écorcé dé$
vieux arbres} elle forme une expanfion mince ,
membraneufe , de couleur grife , analogue à celle
de trichies. Sur cette bafe naiflent plufiëurs petits
champignons blanchâtres, globuleux, de moitié
plus petits que des têtes de camions, hérifiés d’ un
duvet coure 8c comme pulvérulent, ouverts au
fommet en un orifice arrondi par lequel s’échappe
la matière interne qui renferme les graines.
Cettè plante fe rapproche beaucoup du thélé-
bole ride ( thelebôlus rugofus , Hedv/. Fung. iriëd.
tab. 2 0 ) , mais elle en diffère par la membrane
commune, qui fe. trouve à la. bafe du réceptacle.
C e dernier cara&ère la rapproche du thelebôlus
ftercorèus de Todè (Fung. Meckl. vol. 1 , pag. 4 1 ,
tab. 7 , fig. y é ) , mais elle en diffère par la couleur,
la dation 8c le duvet qui couvre fes réceptacles.
( Decdhd. I. c.)
THÉLÉPHORE ou AURICULAIRE. Thele-
phora , W ill. Perf. Auricularia ÿ Lam. Genré dè
plantes acotylédones, cryptogames, de Ja famille
des champignon^, qui a des rapports avec les
bolets, & qui Comprend un aflez grarid nombrè
d’efpèces parafites, dont lé cara&è're effentiël eft
d’avoir :
Un chapeau fejjile , coriace , de forme variable ,
attaché fur lè tronc des arbres pat lè côté ou par le dos;
la furface inférieure ordinairement gantie de papilles
ou liffe ; point, de pores tabulés.
Obfervations. C e genre a de grands rapports
avec les hydnüm : ces derniers font d’une fubftance
plus épaifie, charnue, fubérëufe, garnis en deffous
de pointes ou de papilles nombreufes. Il diffère
également des boletus, ceux-ci étant munis en
deflbus de pofes rùbulés. Les théléphores naît
j fent fur les arbres, appliqués contre lés troncs par
leur furface ftérile} ils s’en détachent en fe développant
davantage , 8t fe reriverfent de manière à
fe trouver dans une pofition.horizontale} dé forte
que la furface qui porte les femences, fe trouve être
l’inférieure;
Les théléphores ont été divifés , par quelques
auteurs modernes, en plufîéurs autres genres ,
confidérés relativement à leur mode d’infertion.
Il renferme les craterelia, les ftereum & les corti-
cium de M. Perfbon , les auricularia de Bulliard.
C ’eft aufli fous ce dernier nom qu’ il a été gravé
par M. Lamarck , dans les Illajlrations des Genres.
Nous euflions préféré cette dénomination beaucoup
plus agréable, fans l’ordre alphabétique , qui
auroit renvoyé ce genre dans les Supplémens. Nous
lui avons confervé celui de thelephoraqui lui a
été donné par MM. Perfoon & Willdenow. Les
efpèces qui compofent ce genre offrent un très-
grand nombre de variétés, la plupart dépendantes
de l’âge 8ç de leur développement plus ou moins
avancé} ce qui a probablement occafionné l’éta-
bliffement de beaucoup d’efpèces incertaines. Nous
nous bornerons à ne préfenter que celles qui ont