
lioles font extrêmement fines & courtes, élégamment
découpéesj un peu velues.
Les fleurs font fituées à l'extrémité dés tiges &
de quelques rameaux ou pédoncules communs nus,
feulement munis à leur bafe d’une gaîne membra-
rieufe. L'ombelle univerfelle êft ample, formée de
douze à quinze rayons égaux, dépourvus de collerette,
ainfi que les ombellules. Lacorolle eftjaune,
à cinq pétales un peu réfléchis ; cinq étamines ;
deux ftyles perfiftans ; les femences comprimées ,
oblongues, llriées fur leur dos, bordées de quatre
ailes membraneufes, obtufes, échancrées a leurs
deux extrémités. j
Cette plante croît en Italie, dans la Pouille &
le Levant, sf ( V. f . )
5. T h a p s iE polygame. Thapfia polygama. Desf.
Thapfia foliis decàmpofitis , foliolis acutis ; irtvo-
lucro apice pinnatifido 3 fioribus centralibus evanidis.
Pesfont. Flor. atlant. vol. 1. pag.. 261. tab. 75.
Laferpitium ( polygamum ) 3fùiùs pinnatis, foliolis
pinnatifidis , brevibus ; umbellâ polygama, feminibus
coronatis. Lam. Di£t. vol. 3* pag. 4^5• n°*
Laferpitium gallicumdVar.Poir» Voyag» enBarb.
vol. 2. pag. 136.
Cette plante, déjà décrite dans cet ouvrage par
M. Lamarck, fous le nom de lafer polygame, eft
la même que M. Desfontaines a nommée thapfia
polygamay & que j'avois déjà mentionnée dans mon
Voyage en Barbarie comme variété du laferpitium
gallicum ; elle doit être rangée parmi les thapfia,
dont elle.offre tous les caractères de la fructification
; elle n'en diffère que par les ombelles munies
d’une collerette de cinq à fept folioles linéaires
quelquefois entières, plus fouvent à trois divifions
à leur partie fupérieure, & même pinnatifides. La
collerette des ombellules n'a. que des folioles fim- 1
pies, très,-menues, entières, aiguës, plus courtes ■
que les rayons ; le calice eft terminé par cinq petites
dents affez apparéntes. La corolle eft d'un jaune
pâle } les fleurs centrales des ombellules plus petites
que les autres, ftériles, ne contenant que des.
étamines j leurs rayons plus courts que ceux des
fleurs de la circonférence; les ftyles font diver-
gens, affez longs, aigus, perfiftans; les femences
munies de quatre grandes ailes membraneufes, un
peu crépues à leurs bords , & d’autres petites ailes
très-courtes fur les ftries de chaque femence.
( Voye^y pour les autres parties,la description qu'en
a donnée M. Lamarck a 1 article cite.)
J’ai recueilli cette plante en Barbarie, vers les
bords de la mer, dans les environs de Lacalle &
de Bonne. ( V. v .)
6. T hAPSIE trifolié. Thapfia trifoliata. Linn.
Thapfia foliis ternatis3 ovqtis. Miller, DifL n°. 5.
— Linn. Spec. Plant, vol. 1. pag. 161. — Wilid.
'Spec. Plant, vol. 1. pag. 14(35. n°. y r ’
Sium folio infimo cordât0 ; caulinis ternatis , omnibus
crenatis. Gronov. Virg. 31.
Cetre efpèce appartient davantage aux felinum
qu’aux thapfia, ayant les femences fortement ftriées,
mais non ailées ; elle fe rapproche beaucoup du
felinum monnïeri ou carvifoliAt mais la privation de I
collerette l'a fait placer parmi les thapfia.
Ses racines font grêles, fufiformes , affez fem-
blables à celles du perfiî ; elles produisent une tige I
droite, fimple , purpurine, articulée , haute d’environ
deux pieds, grêle, cylindrique, garnie de
feuilles alternes, petiolées ; les radicales Amples &
en forme de coeur ; les fupérieures ternées, à trois
folioles ovales, crénelées à leur contour. Les fleurs
font difpofées en ombelles à l ’extrémité des tiges, j
de couleur purpurine ; elles produifent des femences
oblonguës, comprimées & cannelées.
Cette plante croît dans l’Amérique feptentrio-
nale , à Philadelphie, dans là Virginie.
* Thapfia ( altiffima) , foliis decompofiùs ; lobis
maximis , lucidis ,• umbellâ maximâ. Miller , Diét.
n°. 6.
Thapfia montana , omnium maxima ; foliis lobatis,
Hort. Pif. 164.
Cette plante pourroit bien appartenir aux laferpitium.
D’après Miller, fa racine eft groffe & cy-l
lindrique ; les tiges s’élèvent à près de huit pieds
de haut; fes feuilles, qui s’étendent circulairement
près de terre, font divifées en plufieurs lobes, &
foufdivifées en plufieurs autres larges, luifans, &
placés alternativement fur de courts pétioles. Les
tiges font terminées par une ombelle de fleurs jaunes,
auxquelles fuccèdent des femences comprimées
& bordées.
Cette efpèce fe trouve dans la Pouille. ( Defcript. l
ex Miller. )
THÉ. Thea. Genre de plantes dicotylédones,
à fleurs complètes , polypétalées , régulières,
de la famille des orangers, qui a des rapports
avec les tonabea & les camellia^, & qui comprend
des arbriffeaux exotiques à l’Europe, dont lîS
feuilles font alternes, les fleurs axillaires.
Le caractère effentiel de ce genre eft d’avoir.:
Un calice h cinq ou fix folioles y cinq a neuf pétales
j des étamines nombreufes ; trois fiyles conni-
vens ÿ une capfule fupérieure , a trois coques.
C a r a c t è r e g é n é r i q u e .
Chaque fleur offre :
i° . Un calice inférieur à cinq ou fix divifions
profondes, courtes, planes, arrondies, obtufes,
perfiftantes.
i°. Une corolle conlpofée de cinq à neuf pétales
affez grands, arrondis, concaves; trois pé--
tales extérieurs plus courts dans les fleurs à neuf
pétalës.
20. Des étamines nombreufes, inférées fur le
réceptacle, dont les filamens font filiformes, plus
cou’ts que la corolle , terminés par des anthères
à deux lobes, arrondies.
40. Un ovaire fupérieur, globuleux, à trois
côtes, furmonîé de trois ftyles rapprochés & con-
nivens en un feul corps, fubulés, de la longueur
des étamines, terminés par troisftigmatesfimples.
Le fruit eft une capfule globuleufe , à trois
coques réunies à leur partie inférieure, à trois
loges, renfermant chacune une femence globu-
îeufe, anguleufe à une de fes faces.
Obfervadons. Ce n’eft guère que vers le milieu
du dix-huitième fiècle que le thé a été connu en
Europe. On affure que vers ce tems des aventuriers
hollandais, fachant que les Chinois faifoient
leur boiffon ordinaire avec les feuilles d’un ar-
bufte de leur pays, voulurent effayer s'ils feroient
quelque cas d'une plante européenne, à laquelle
on fuppofoit de très-grandes vertus, & s'ils vou-
droient la recevoir comme un objet de commerce;
ils leur portèrent donc de la fauge, plante
que l’école de Salerne vanroit, autrefois comme
un puiffant préfervatif contre toutes fortes de
maladies. Les Chinois payèrent la fauge avec du
thé que les Hollandais portèrent en Europe;
mais l’ ufage de l’herbe européenne ne dura pas
long-tems à la Chine, & la confommation du thé
augmenta chaque jour dans nos climats. On ignore
l’époque & les motifs qui engagèrent les Chinois
à fe fervir du thé infufé. Il eft vraifemblable que
leur première intention fut de corriger l’eau ,
qu’on dit être faumâtre & de mauvais goût dans
plufieuts parties de la Chine. En 16.41 , Tulpius,
médecin hollandais, fit le premier connoître cette
plante dans une Differtation qu’il en donna. En
1657, Joncquet, médecin français, l’appela herbe
divine , & la compara à l’ambroifie. En 1679 ,
Cornélius Bentekôe, médecin hollandais, publia
un Traité fur le thé , le café & le chocolat ; il
s’y déclara le partifan du thé il 'affura que
cette boiffon ne pouvoir faire aucun mal à l’ef-
tomac, quand même on en prendroit deux cents
taffes par jour; mais il faut obferver qu’il étoit
premier médecin de l'éleéteur de Brandebourg,
& que fon opinion n* étoit pas indépendante de la
politique hollandaifé. Plufieurs de* fes compatriotes
furent encore au-delà dë ces éloges ; ils en
firent une panacée univerfelle.- Comme les feuilles
du thé furent d ’abord rares & peu connues , plufieurs
perfonnes crurent avoir trouvé,en France
en Europe ce qu'on allo.it chercher fi loin. Ainfî
Simon Pauli nous donna le Piment royal ( myrica
gale. Linn.) pour le véritable thé de la Chine;
d’autres retrouvoient les vertus merveilleufes du
thé dans les plantes de nos contrées, telles que
l ’origan, la véronique , le myrte , la fauge, l ’ai-
gremoine , &c. mais on a fini par accorder la
préférence au véritable thé de la Chine & du
Japon.
Le célèbre Linné fit tous fes efforts pour procurer
cet arbriffeau à l’ Europe ; il en fema vingt
fois des graines fans aucun, fuccès. Osbeck en
avoit apporté un pied de la Chine; mais étant
en-deçà du Cap de Bonne- Efp é 1; an ce , un tourbillon
de vent s’éleva tour-à-coup , emporta ce
pied de thé de deffus le gaillard d'arrière & le
jeta dans la mer. Lagerftrom apporta au Jardin
d’Upfal deux arbriffeaux pouf le vrai th é , qui fe
portèrent bien pendant deux ans, mais lorfqu’iis
fleurirent on reconnut que c’ étoic le came Ilia.
Quelque tems après on étoit parvenu , avec de
grandes difficultés, à en apporter un à Gotthem-
bourg. Les matelots, empreffés de defçendre à
terre, mirent le foir le thé fur une. table de la
chambre du capitaine : pendant la nuit les rats du
bâtiment le maltraitèrent & le mirent tellement en
pièces , qu’ il en mourut. Enfin Linné engagea le
capitaine Ekeberg à en mettre des femences fraîches
dans un pot rempli de terre, au moment où
il feroit voile de la Chine, afin que pendant le
Voyage, lorfque le vaiffeati auroit paffé la ligne,
elles puffent germer; ce qui réuflît fort bien , &
le navire étant .mouillé à Gptthembourg, toutes
les plantes levèrent. La moitié fut de fuite envoyée
à Up fa l, & périt dans le tranfport : le
capitaine y porta l ’autre moitié le 3 o&obre 1763.
Les cotylédons ou feuilles féminales étoient encore
adhéreris à chacun de ces pieds , & la Suède
fe glorifie d’avoir fait connoître à l’Europe le
véritable thé de la Chine.. Il n'y a pas encore cent
ans que la compagnie des Indes anglaife, d’après
la relation du lord Macartney, ne vendoit pas annuellement
plus de cinquante mille livres pefant
de th é , Sz il n’en étoit en outre importé clan-
deftinement qu'une très-petite quantité. Aujourd’hui
les ventes de la compagnie s’élèvent à vingt
millions pefant de livres ; ce qui , en moins d’ un
fièc le, fait une augmentation de quatre cents fois
la même quantité.;
On eft partagé fur les avantages & les dangers
d’un ufage habituel & journalier du thé en
infufion. Quelques perfonnes prévenues contre
cette boiffon la condamnent comme étant Uni-
. verfellement pernicieufe; d'autres ,^u contraire,
voudroient que leur expérience particulière eût
l’extenfion d’une loi générale. Il eft difficile au
refte , fans louer ni .décrier -univerfellement cet
ufage , de déterminer jufqu’à quel point il peut
être utile ou nuifible. Beaucoup de perfonnes dif