
Ocftave Sr le fils de Pompée , Appien dit ( B e l l , c i v i l . ,
V 3 p a g . 1 16 o , t o m . I l , T o f l i i ) qu’Agrippa enfonça l’éperon
de fon navire dans le corps de celui de Papias s de
forte que l’eau fubmergea les th a la m i t e s , 8 c que les autres
n’ échappèrent qu’en perçant le tilla c , qui étoit au
delîus d’eux. L e même hiftorien ( E x p é d . A le x a n d . 3 I l l 3
p a g . 2 4 1 ) parle ailleurs de rames inférieures, »drjM
Ktivras. L’ auteur des T a â ü q u e s -imprimées à la fuite d’E lien ,
d it expreffement...... : « U u n ir 'em e & la b ir èm e font ainfi
» appelées des rangs de rameurs qui font placés en haua
» te u r , les uns au deflus des autres......*«7« r« ù\J/os *#'
» «AAitAoif....»» D ’ailleurs , il eft certain que la paye des
t h r a n i t c s , rameurs du rang le plus é le v é , é to it plus fo rte;
c e qui annonce qu’ils fatiguoient davantage, parce que
leurs rames étoient les plus longues. Le s rameurs placés
entre les th r a n itc s 8 c les th a la m it e s étoient appelés £y-
g i t e s .
La birème du bas-relief de Prénefte, confervée aujourd’hui
au Capitole ( M u f . c a p i t o l . 3 I V , p a g . 1 8 7 ) , publiée
aufli par W inckelmann, & deflinée ic i au dernier n u p ié ro
du liv re de laG uER R E , préfente évidemment deux rangs
d e rames, dont chacune des inférieures eft placée au def-
fous 8 c dans le milieu de l’efpace occupé par deux fupé-
rieures. Dans les peintures d’Hetculanum ( t o m . I , p . 239
& 245 ) on voitplufieurs navires de gu er re, qui ont plufieurs
rangs de rames bien exprimés.
L e s rameurs portoient une feule tuniq u e, fo r t courte.
Lucien ( D i a lo g . M e r c t r i c . , 1 4 ) la décrit ainfi : « Une
» méchante tunique, fi p e tite , qu’elle defeend à peine
» fur les cuifTes. »
S i à la partie antérieure du navire de Prénefte, deflinée
dans le livre de la Guerre ( numéro dernier), on réunit la
partie poftérieure de celui du bas-relief confervé dans le
palais Spada àR om é 3 d e flin é e ic ifou s le n ° . y , PL C C C L I ,
d ’après Winckelmann ( Mon. ant., n é ) , & fi l’ on rapproche
la trirème des Recueils d’ Herculanum ( B r o n ^ i 3
13 16 ), ici fous le n°. 6 yPL C C C L I , on pourra facilement
recompofer un navire an tiqu e , 8 c en reconnoître. le s
diverfes parties. Je ne parlerai ni de l'éperon ni des
tours.
La proue fe préfente fous une fo rme é le v é e , terminée
en volute. C e lle du bas-relief de Prénefte po rte dans la
volute une tê te dihomme, qui pouvo it avo ir quelque
rapport avec le nom du navire; on l ’appelloit a c r o f to le ,
fommet de la proue : c’étoit une partie que l’ on ajout o i t .
à volonté à la p ro u e , & que l’ on portoit en trophée dans
un triomphe naval. Sur un bas-relief du Capitole ( I V 3
t a b . 34) on v o it deux a cm f to le s ifo lé s , qui ont par le bas
une échancrure pour fe lie r au tenon de la proue.
A u x côtés d elà proue étoient placés la tablette (■ ajr\ » z i s ')
fur laqu e lle on é crivo it le nom du n a vire , ou fur laquelle
on peignoir un fymbole qui le rap pe lo it, & deux y e u x ,
e d r ju \m t . Sur la proue du n ° . 6 , PL C C C L I , on v o it
une tê te de Médufe , qui fe roit conjecturer que cette trirème
en portoit le nom. Sur celle du dernier numéro du
livre de la G u erre , une tê te vue de fa c e , peinte fur une
forte de c a ffe tte , feroit connoître le nom de la birème
fi elle étoit plus diftxncle. Sur la. proue de l ’antépénultième
eft peint un bufte portant un cafque garni d’ailes :
Aucun, écrivain n'a fait connoître l ’ ufage de c e t oe il 3
eft-ce Perfée ? eft-ce Bellerophon ?
qu i étoit placé de chaque côté de la proue. On le v o i t à
l’antépénultième numéro du livre de la Guerre ; aux
proues de la colonne roftrale de D u i l l i u s au C ap ito le ; aux
fix proues de la frife de Saint-Laurent-hors-des-murs ,
aujourd’hui au C ap ito le ; fur une proue de la colonne.
traiane ; fur des proues des médailles de Pompée j
Demétrius, Roi de Syrie , & c .; enfin furplufieurs navir
des peintures d'Herculanum ( / , 243 6* 239), dontile^
font deflînées ici fous les nos. 7 ô 8, PL CCCLI. Ces de*1*
navires femblent avoir leurs proues figurées en face L*
maine ou en tête de poiflon ; ce qui rapporteroit l'0r:'
gine de cet oeil à la forme de poiflon qu’eurent les m'
vires dans le commencement, & qui eft exprimée fi.'
une pierre gravée du Mufeum florentinum ( I I , tab. y0) A
deflinée ici fous le n°. 9 , PL CCCLI, ou le navire entier
a la forme d’ un dauphin. Philoftratedécrivant un navire
des Tyrrhéniens, dit ( Icon. , /, 19) : « Afin d’effrayer ceut
» qui veulent l’aborder, & de leur préfenter la figure d’un
j » animal, il eft peint en bleuâtre, &ilfembleles regarder
! » avec les yeux étincellans placés auprès de la proue.»,
j Nous lifons dans le Voyage de lord Marcatney dans \%
térieur de la Chine ( Trad. Caftera, in-8°. , 4.V0/.).
« Les Cochinchinois peignent toujours des yeux furie
» devant de leurs canots, comme s’ils vôuloient par-là
*> donner à entendre qu’ il faut de la vigilance pour Iej
» conduire. « Je penfe que cet oeil cachoit une ouverture
qui donnoit de la lumière dans l ’intérieur, & qui fer-
voit à voir hors du navire.
A la proue étoient fixées deux poutres faillantes, pour
défendre le bâtiment du choc des autres navires & des
rochers : on les appéloit. épotides. Elles paroifîent au/i°,V
PL CCCLI, & un corps de charpente carré, Caillant fous. |
la tête de Médufe au «°. 6 , PL CCCLI, femble deftiné à j
en tenir lieu.
Enfin, c’étoit: à la proue qu’étoit placé le parafemum,
animal tel qu’ un cheval, un lion , un taureau, ou une
chofe inanimée, un arbre, une fleur, une montagne, &c.J
qui donnoient le nom au navire. On voit un crocodile
au dernier numéro du livre de la Guerre , un chévalmarin
avec deux dauphins à l’avant-dernier numéro, une tête
de fanglier, & un cheval marin à l’antépénultième, &c. .
L’apluftre, le chénifque & laTutèle fe plaçoient quel-1
quefois à la proue , mais ordinairement à la pouppe. J’en
parlerai bientôt.
La pouppe des navires anciens avoit une forme ordinaire
, celle du cou & de la tête d’une oie-Cet ornement,
appelé chénifque à caufe de cette forme , étoit une partie
additionnelle comme l’açroftole ;. aufli fur le, marbre du
Capitole, déjà cité ( IV , tab. 3 4 ) , voit-on 1 e çhéaiftui
du n°. 10, PL CCCLI, terminé par une .échancrure.qui
s’adaptoit au tenon de la pouppe. Le navire de l’avant-
dernier numéro du livre de la Guerre a fa pouppe terminée
par un cou & une tête d’ oie bien exprimes. Apulée
( Metam. 11 ) 8c Lucien (Navig. ) placent le chéniffi.
à la pouppe, comme le porte ce navire; mais le-grand.
Étymologifte le place à la proue. La dernière opinion eft
conforme au n°. 1 1, PL CCCLI, navire tiré des peintures
d’Herculanum ( V I I , 1 1 7 ) , qui porte le chénifque à la
proue, au deflus de l ’éperon & à l’oppofite du gouvernail.
Au n°. 1 , PL CCCLIl, tiré des .pierres gravées du
Mufeum.florentinum ( I I , t a b . 49 , y ) , qui préfente un
navire dont la proue, au deflus de l’éperon & àl’oppofte
du gouvernail, eft travaillée en oifeauMe rivière, la tête,
le long cou 8c les deux ailes'éployées. J’en conclus que
Y acroftole & le chénifque étant, des parties additionnelles>
on les fixoit tous les deux à volonté, ou fuivantlebefoin»
foit à la proue, foit à la pouppe.
Il faut appliquer le meme raifonnement à .l’apluftn*
ornement de la pouppe, qui remplaçoit fouvent le cher
nifque : c’étoit aufli une partie additionnelle, . comme U
paroît à l ’échancrure de l’extrémité inférieure des deux
. du n°. 2 » Ph CCCLIl, tirés du marbre du Ca-
Iftrole déjà cité ( I V , tab. 34). Cet ornement étoit
W mpoYé de planches diversement découpées & colo-
lées raffemblées par une pièce ronde , femblable à un
bouclier. Sur Yapluftre ou contre Yapluftre étoit plantée
1 ne longue pique ornée de flammes ou banderolles def-
Unées à faire connoître le vent. On voit ces flammes
iu «°. é , PL CCCLI. Quelquefois on les remplaçoit par
line girouette mobile autour de la pique, & chez les
fcrecs par un Triton qui étoit aufli mobile. On voit
jSgtte girouette ou planche mobile à Yapluftre du n°. 4,
fl. CCCLI. Le mot apluftre défigna quelquefois, chez les
Romains, tous lés ornemeris & les planches de la pouppe.
La tutela ou l’image de la Divinité fous la' proteaion
de laquelle on mettoit le navire, étoit placée à la pouppe,
en regard avec le parafemum delà proue. Quelquefois la
m ê m e Divinité remplifloit cette double fonction, & pour
fors onplaçoit fon image à la proue, ainfi qu’à la pouppe.
Le navire au n°. 3, PL CCCLIl, pris d’ une pierre gravée
|§! Mufeum florentinum ( I , tab. y8, 1 ) , jporte à la
pouppe, pour tutela, une tête coloflàle de Serapis, fur-
. m o n t é e du calathus. La tutela du n°. 6 eft placée à la
^roue, auprès du parafemum : c’eft la tête de Médufe.
B Le gouvernail étoit placé à la pouppe, comme on le
y o i t au plus grand nombre des navires deflinés dans ce
R e c u e i l . Quelquefois on en mettoit deux, & même tous
Mes deux à la pouppe (Heliodor. V , i$-y Ælian. Hift. IX ,
40 5 Petron. c. 62, 74 ). Un navire gravé fur une pierre
d u Mufeum florentinum ( I I 3 tab. 49 , 3 ) , ici fous le n°. 4,
fPl. CCCLIl, porte deux gouvernails. Le fameux navire
jde Philopator (Athen. V ) en avoit quatre., & Suidas
vfAw^a) dit que dés quatre on en plaçoit deux à la
p r o u e , & deux à la pouppe.
H ' Du tems de. la guerre de Troyé, les mâts n’étoient pas
fixés dans les navires ; mais on les plaçoit & on les ôtoit
félon le befoin, comme on le pratique aujourd’hui pour
ps felouques & pour d’autres petits bâtimens. Quoiqu’on
ait afliiré, d’ après des pafîages thaï entendus d’A-
hflote ( Qu&f t . mechan. V I 3 2 ) & de Denys d’Alexan-
.^rie (Eufeb. Pr&par. Evang. X I I I , 24) -, que les navires
fies Anciens n’avoient qu’ un feul mât, cependant on voit
fijur un jafpe rouge de la Colleétion de Stoch , un navire
pans rames, avec le grand mât & le mât d’artimon ou de
pouppe garnis de fleurs voiles enflées. Plufieurs autres
■ payires de cette même Colleétionportent un mât d’avant
ou de beaupré très-incliné.
^ Les mats des Anciens avoient une hune ou gabie,
comme les nôtres. Dès le tems d’Hiéron, Roi de Syra-.
fuie ('Athen. V ) , on plaçoit dans les hunes Ç corbes ) des
oldats qui jetoient fur lès navires ennemis des flèches,
res Pletrës, & c ., 8c des hommes char gés d’examiner les
ouvemens des navires ennemis, que l’ on appéloit cor-
-L°[es' SuF JafPe vert de la Colleétion de Stoch, on
À 'F,un ^xfleau fans rames , allant à la voile, 8c au deflus
of antenne du mat une hune où font liés les cordages
| ,une échelle de corde. Ce navire eft une corbita.
4irm,0^at n°* ^J P^ CCCLIl, eft terminé par une
.pu f Gu Par une petite flamme. Dans-les peintures
vn:ip .CU«-ai?um (H >Pag- 289 ) on voit un mât portant une
«°. r Z* p|arBe que le navire eft long. Le mât du navire
long * CCCLIj eft plus haut que le navire n’ eft
'les tems1)-c*ens'J1 employèrent d’abord les voiles que dans
vir ^ . ! VOrableV ma*s ü apprirent enfuite à s’en fer-
îtaixes ( pr n(r/S ^a^0HS > même avec les vents con-
■“ * 4,S).. La matière des voiles étoit le
lin, le papyrus , le genêt, le cuir & le poil ; elles étoient
de lin du tems d’Homère. Quelquefois les Anciens éten*
doient leurs habits pour fervir de voiles à de petits na*
vires. Ils leur donnoient trois formes différentes ; la triangulaire
, nQ. 3 , PI. C C C L Il3 comme celle des voiles
latines de la Méditerranée ; la carrée ou carré-long, &
la ronde, que les Portuguais ont trouvée encore en ufage
dans les Indes. La couleur ordinaire des voiles étoit la
blanche, à caufe du bon augure ; mais ils en mettoient de
noires dans le deuil & l’affliction; quelquefois elles étoient
bleues. On en fit de pourpre, avec des cordages mêlés
de foie 8c d’or. Enfin, ils employèrent des voiles de deux
couleurs & à petits carreaux, telle que celle du n°. 4 ,
PL CCCLIl. Pline dit expreffement qu’on plaçoit les
voiles les unes au deflus des autres, au même mâr.
C ’ eft avec des toiles à carreaux qu’eft faite l’efpèce de
pavillon du n°. y , PL CCCLIl. Ce navire eft gravé fur
une pierre du Mufeum florentinum ( I I , tab. 19 3 2 ).
# L e corps des navires des Anciens étoit divifé, à l ’extérieur,
par une ou plufieurs ceintures horizontales. On lit
dans les Ethiopiques d’Héliodore (lib. 1 , cap. 1 ) , que
la charge extraordinaire d’un navire le faifoit enfoncer
jufqu’ à la troifième ceinture : «Vi rçrjoy
Ces trois ceintures font très-apparentes fur le navire du
«°. 6, PL CCCLIl3 tiré des peintures d’Herculanum.
9 ).
Les premières ancres furent de pierre : on en fit en-
fuite de métal, avec un vide que l’on remplifloit de plomb.
Diodore de Sicile ( V3 cap. 34 ) raconte que les Phéniciens,
ayant acheté de l’argent en Ibérie, en remplirent
d’ abord la capacité de leurs navires, puis ils remplacèrent
le plomb de leurs ancres avec ce métal précieux.
On fe fervit aufli de facs pleins de fable pour
retenir les navires fur des fonds fableux ou vafeux. Les
premières ancres n’ eurent qu’une dent, comme l’appe-
loient les Grecs. Anacharfis , félon Strabon, ajouta la
fécondé. Ils appelèrent ancre facrée la plus grofle de
toutes celles d’ un navire , celle que l’on n’employoic
qu’après la perte des autres & à la dernière extrémité.
Ordinairement les ancres gravées fur les médailles & les
marbres n’ont ni anneau ni jas (traverfe de bois); elles
font telles que celle du n°. 7 , PL CCCLIl, prife du marbre
du Capitole, déjà cité (Muf. capit. IV , tab. 34). Elle
eft remarquable par l’anneau qui eft placé au deflus des
bras , & qui pouvoit préfenter une prife pour repêcher
l’ancre. On trouve cependant quelques ancres garnies de
leur jas, telle que celle de la PL L X V de la colonne
trajane, & celle du n°. 8, PL CCCLIl, tirée d’une frife
antique qui exîftoit à Rome du tems de Giuliano da
Sangallo. Le jas 8c l ’anneau de celle-ci font parfaitement
exprimés.
Les Anciens fe fervoient, comme on le fait encore
aujourd’hui, d’ une fonde de plomb attachée à une longue
corde, pour connoître la profondeur de la mer 8c
la nature de fon fond. Les Romains l’appeloient, d’après
les Gxecs ,,catapirater. Le poète Lucilius l’a- décrite ,
ainfi qu’Ifidore de Séville ( 19 , 4).
Nous connoifîons peu les navires des Barbares. Ce far
( Bell. gall. I I I , 12) a décrit ceux des Gaulois, qui pa-
roiflent avoir été aufli bienconftruits que les navires romains......
« Leurs carènes font plus plates que celles de
» nos navires ; ce qui facilite leur entrée dans les ma-
» rais, & leur mouvement dans le reflux. Les proues
» font très-élevées, & les pouppes difpofées pour ré-
» fifter à l’élévation des flots & aux tempêtes. Leurs
» navires font entièrement faits de chêne, 8c peuvent: