
recueil d’antiquités. 206
la première, celle des Achéménides, qui fut détruite par
Alexandre. Xénophon ( Cyri Infiitut, lib. VIII3 cap. 3,
k°. 7 ) dit que Cyrus portoit la tiare droite, entouree
d’un diadème i & Quinte-Curce dit que Darius, con-
duifant fon armée contre Alexandre , portoit la couture
royale entourée d’un diadème pourpre, avec une bande
blanche. Le palais de Perfépolls a etebatipar les Rois
perfes de la première dynaftie, par Cyrus ( Ælian. Animal.
lib. I y cap. 59 ) , ou plutôt par le dernier Darius ,
félon les traditions de l’Inde. On voit dans fes bas-reliefs
le Roi coiffé avec un bonnet rond, coupe carrément,
femblable à un turban peu élevé. Probablement te diadème
étoit peint à l’entour ; ce que la fculpture n’ a pu
exprimer. Cette coiffure eft ici dettinee fous les n . 1 0 ,
1 1, PI. CXLIV) mais on n’y voit point tes pertes, les
pierres précieufes ni tes plumes de paon dont elle étoit
ornée ( Schol. Arijioph. , Acham., ad. I , f c . 2. ).
La dynaftie d’Alexandre & de fes fuccelfeurs fut de
courte durée. On n’ en a point de monumens.
Les monumens de la dynaftie des Arfacides ou des
Parthes font abondans. Leur tiare eft furmontee d une
partie convexe 5 elle eft chargée de divers monumens,
diadème .perles , fanons, &c. On en voit iciplulieurs
fous les nos. i l XJ j 14 . PC C X U V ; i U H U
PI. C X L V & CX LVI. La Flanche X X X V , n . 5, pre-
fente le bufte d'un P.oiparthe, avec une chevelure ex-
cefiivement bouclée & frifée.
Les Saffanides, qui fuccédèrent aux Arfacides, prirent
les titres faftueux de frères du foleil & de la lune, de
Rois des Rois. Ils placèrent fur la tiare de leurs predecef-
feurs des attributs analogues a ces titres, tels que^le
globe, fymbole de l’Univers, & deux diadèmes. On tes
vo itici fous tes nos. 3, 4 , PI- CX LV. „
Cet article des Rois de Perfe eft extrait de mes Mémoires,
inférés dans ceux de l’Inftitut. ( Littér. & Beaux-
Arts , tom. IV , Pag- 1 & I4l * ) ,
La chevelure des Rois de Perfe eft toujours tres-vo-
lumineufe & très-frifée , ainfi que leur barbe, & ils ne
portent quelquefois que 1e diademe. C eft: la ce qui peut
leur faire attribuer la belle tête inconnue du nQ. y ,
Pl. C X L V ( Monrfaucon, tom. I I I , PL X L I I I s n°. 1).
Les Rois d’Arménie portent fur leurs médaillés une
tiare très-ornée, garnie de fanons, d un diademe, &
furmôntée d’une couronne de rayons, ici n°. 6 ,
PL CXLV. . .
Le prétendu Sardanapale du Muféum Pio-Clementin
/ aujourd’hui duMufeum Napoléon), defline ici fous le
)to L P im CXLV y feroit à fa place dans ce Recueil,
s’il repréfentoit véritablement le Roi d’Aflÿrie, comme
Ta cru Winckelmann ( Mon. amie. pag. 219, tav. 163).
11 y eft encore placé avec raifon, quoique M. Vifconti,
éditeur du Muféum Pio-Clémentin {Statue, tom. I l ,
pag. 81, tav. 41), l’ait pris pour un Bacchus indien, femblable
à la figure principale des bas-reliefs qui ëtoient
connus fous la défignation de Repas de Trimalcion, malgré
la préfence des Silènes & des Faunes, cortege ordinaire
de Bacchus. Vainqueur de l’ Inde, Bacchus, fur ces
bas-reliefs & fur divers autres monumens, eft reprefente
avec 1e coftume adopté par tes fculpteurs pour peindre
les Rois de l’ Inde. Quelqu’opinion que l’on embralle ,
/ ce bufte doit donc faire partie de ce Recueil.
L’ arrangement affeété des cheveux de la tête du n . ô ,
Pl. CXLV} tirée des Recueils d’antiquités deÇaylus, l’a
. fait attribuer à un Roi d’ Afie inconnu,
i La couronne de rayons & les bouts du diademe ,
pendant des deux côtes, font reconnoître un Roi barbare
dans la tête du 9 » p/- CXLV, qui eft gravéeft,; j
un as romain du cabinet de Sainte-Genevieve ( iHo/iil
faucon, tom. l l l , PL LX X X IX , n°. 3 )•■ .*
Les Reines barbares paroiffent rarement fur les monu. ■
mens. Caylus a publié dans fes Recueils d’ antiquités»
tête du n°. 10, PL CXLV, celte d’une Reine d’Arménie,
Le diadème qui entoure la tiare empêche qu’ on ne prenne
cette figure pour l’Arménie perfonnifiée. Au relie, fi iy
pouvoit conclure du particulier au général , on diroit J
les Reines barbares portoient la même coiffure que leuts.
maris.
S E C T I O N I I I .
D e la Barbe.
§ . I er. O b f e r v a t io n s g é n é r a le s .
On peut réduire à trois manières de porter la barbe .
celles que l’on voit fur tes monumens. Tantôt elle i l
toute la longueur dont elle eft fufceptible , & alors elle!
eft droite ou bouclée : telles font les barbes des Roi
perfes dans 1e dernier paragraphe de la fection prece!
dente ; telle ori la voit ici a l’Océan, PL I n . y, & i l
Neptune , PL U I , n°. 1. Je défignerai cette barbe parles!
mots barbe longue. , , I
Tantôt elle a une longueur moyenne, qu on empecte
d’excéder, -en la coupant dans une proportion confiante: - ,
telle eft la barbe ordinaire des Grecs & des Romains dans!
tes fiècles où ils ne fe rafoient pas } & telle eft celle <[*
| tes philofophes affectèrent de porter chez les Grecs&l
les Romains dans tes fiècles mêmes où ces deux peuples
fe rafoient. Je défignerai cette barbe par ce mot leulj
j barbe. . , f;
Tantôt on n’apperçoit de la barbe qu au bas des jouai
& fous 1e menton : c’eft ainfi que la portent Caracalla«|
Élagabale, PL X X IX 3nos. 3 & J. Je la defignerai parlai
mots barbe naiffante. .
On ne fera pas étonné de voir employer le mot
tache pour défigner la barbe qui croit fur la lèvre m
rieure , fi l’on fe rappelle qu’il eft la traduftion littefi ■
du mot grec^-wr*! > dont Tneocrite & Plutarque (m 11
Agidis ) fe font fervis dans 1e même fens. Suidas ( *H i
dit que ce mot défignoit les poils de la lèvre fuperieure!
& •zru.7rxos ceux de l’ inférieure. _ 1
Enfin je défignerai par tes mots barbe herijfee celle don
on ne prend aucun foin, dont la longueur eft telle quelil
produit la Nature, telle que la portent fur les monumej
les Barbares confidérés en général : telle eft enfin e n
des Divinités champêtres.
§. II. De la barbe che[ les Grecs.
Athénée ( Deipn. lib. 13 , cap. 2) rapporte le témoigna*
du philofophe Chryfippe, quidifoit que les; Grecs avoie ■
adopté l’ufage de te rafer vers le tems d Alexandre.
Les Grecs des tems héroïques font repretentes tu ■
marbres avec une barbe courte & frifee. Les Or: .■
portèrent de même jufqu’au quatrième fiècle avant
vulgaire , témoins Démofthène, Périclès, Socrate, ■
gravés dans ce Recueil : on y voit que 1e Poete _tJ
nandre n’ a point de barbe ; aufli m^urut-ill’ an 29 3, «e ■
fept ans après la bataille d Arbelle. HMH
J’ ai cite h bataille d’ Arbelle, parce que Plutarqu L|
Thcfco) dit qu’avant de la livrer Alexandre fit coup m
barbe à fés foldats, pour ôter aux ennemis la racn ■
B . awir oar-là. Synefius ( Ericom. calyitatis , pag. 79)
%s temoisnage de ce fait Ptolemée , fils de Lagus,
clt<r e.n 1 Chevelure à la barbe. Les fuccelfeurs d A-
& X ne portèrent point de barbe, mais fes prédé-
celfeurs ne fuivirentpas fur cela un tifageconllant, comme
ifurs médailles en font foi.
f Antiphane, poète comique du fiecle d Alexandre,
parle (Athendjib. 4 , cap. 3 ) de la mquftache des Lace-
démoniens. Mais, dans les tems pofténeurs, tes Èphores
lenouveloient chaque annee la defenfe de porter la barbe
(Plu,arc. déféra nurnin. vind. I I , pag. f jo ) , qui etoit leur
laraftère diftinélif : ils ne permettoient que la mouftache.
lyfandre , dit Plutarque , avoit une barbe fort longue &
fortépaiffe (en 450) : c’ eft ainfi que la portoit Lycurgue
fön 800). Les Èpnores ne furent créés, félon Plutarque,
Aue cent trente ans après ce légiflàteur.
^ Depuis 1e fiècle d’Alexandre (quatrième) tes Grecs
fi raferent iufqu au règne de Juftinien, époque où l’ on
fommença a porter de longues barbes (fixième fiècle).
-;f Les philofophes affedtèrent de porter la barbe. Selon
- fiogène-Laerce (lib. 6) , Antifthène , qui.floriffoit vers
lin 3 2 4 avant l’ère vulgaire , fut 1e premier des philo-
fiphes qui la laiffa croître. Le fehohafte d’Ariftophane
nNub. 120) dit fans. reftriétion, que tes anciens philo-
lophes fe rafoient.
I Les Rois de Sicile ne portent point de barbe fur tes mé-
milles. Dans la vie de Denys-le-Tyran il eft fait mention
'|e barbier qui rafoit ; ce qui prouveroit que tes Siciliens
oeportoient point de barbe, même avant Alexandre.
Les Étrufques fuivirent l’exemple des Grecs, auquels
iß appartenoient à tant de titres.
§. III. De la barbe che% les Romains.
^■ Les Romains portèrent long-tems la barbe & les che-
yeux longs. Cicéron (pro Coelio , c. 14 ) l’attefte : Barba
Horrida, quam in datais antiquis 6* imaginibus videmus.
ffite-Live ( y , yi ) , parlant des Sénateurs qui relièrent
fluls dans Rome à l’arrivée des Gaulois , dit : Barbam3
ut t:,m omnibus promijfa e ra t .
JS L ’an 300 avant l’ère vulgaire, fous 1e cohfulat de Q.
,Apuleius Panfa & de M. Valerius Corvüs, arrivèrent à
Home des barbiers ficiüens : accepere tonfores ficulos,
dit Pline ( lib. 7 , cap. y9 ) $ dès-lors tes Romains fe firent
'jjffer de tems à autre. Plinè ( ibidem) rapporte que le fe-
#nd Scipion-1'Africain fut. 1e premier qui fe fit rafer tous
f jours , primas omnium radi quotidie inflituit Africanus
■ muens. Aulu-Gelle (lib. 3 , cap. 4 ) ajoute que ce fut à
■ quarante ans , & qu’ il voyoit par tes portraits des con-
^mporains du fécond Africain, que c’ étoit l’ufage ordi-
5|ir® ^es citoyens les plus diftingués , no biles viros. Ce
ocipion mourut l’an 130 avant l’ère .vulgaire, âgé d’environ
cinquante-fix ans. 11 faut donc rapporter cet ufage à
w S .Depuis cette époque on voit fur les médailles
J§f ftomains rafés, Marcellus qui fut cinq fois Conful ,
Coelms Caldus , Sylla , Pompée , Céfar, &c. Les Romains
ne ceflèrent point de fe rafer, quoique fous le
barbe leS -GreCS euflent repris l’ufage de porter la
ÿ fJour ^es fhmilîes romaines un jour de fête que
:^U! ou 1 on rafoit un jeune homme pour la première
fo is. I époque a varié fouvent. Macrobe >, Somn. Scip. 1 ,
lA a ^arbe couvre les joues des jeunes gens après
■ aiis- 6me écoulé, c’ eft- à-dire, à vingt-deux «IL a av^rt ce tems ^es jeunes Romains ne fe feryoient
S® ds Clteaux pour tailler leur barbe.
Dans l’affliétion ou fous 1e poids d’une accufation
très-grave, on laifloit croître fa barbe & fes cheveux :
c’eft pourquoi, dit Eckhel ( Doclrin. Num. vet. vol. 6 ,
pag. 3 7), Antoine, Sextus-Pompée, M. Brutus, Oélavien,
Lépide, Domitius Ænobarbus & Labienus portent la.
barbe fur tes médailles , pour marquer 1e deuil public de
la mort de Céfar , de celle de Pompée ou de la fin de
la République} c’eft auffi pourquoi, depuis l’an 713 de
Rome feulement, Antoine, fur tes médailles, ne porte
plus de barbe : la mort de Céfar fembloit vengée par celle
de Brutus & deCaflïus. C ’eft ainfi que nous voyons dans
Suétone (in Csfare, cap. 67 ) Céfar laiffer croître fa barbe
& fes cheveux, jufqu’à ce qu’ il eût vengé la défaite de
Titurius.
Quoique Dion (lib. 4$, §. 34) dife, fous l ’année 71 y,
que Céfar-O&avien fe fit rafer pour la première fois, &
que « depuis ce tems il eut toujours les joues rafées ,
» comme c’étoit l’ufage général n , cependant on 1e voit
avec de la barbe fur tes médailles de 7 17 & 718. Eckhel
. ( ibidem, pag. -j-i ) en donne pour raifon la guerre contre
1e fils de Pompee, dont la défaite eft de l’année 718 :
on ne pourroit donner pour caufe la mort de Cé far,
arrivée en 7 10 , c’eft-à-dire, cinq ans-avant l’année où
Augufte, âgé de vingt-cinq ans, fe fit rafer pour la première
fois.
En général, on peut afîbrer que les Empereurs romains
ne portèrent point de barbe jufqu’à Hadrien.
Suétone (cap. 10) raconte que Caligula s’étoit fait
rafer pour la première fois à l’âge de vingt ans. Cinq
ans après il monta fur 1e trône, & il laiffa croître une
partie dè fa barbe , une barbe naiffante.
Néron porte la barbe naiffante fur les premières médailles
de fon règne 3 qu’il commença âgé de dix-fept
ans ; il fe fit rafer folennellement à vingt-deux.
« Hadrien ( Dion. lib. 68 , cap. 1 y ) , le premier des
» Empereurs, laiffa croître fa barbe. » Spartien en donne
pour caufe l’envie de cacher des cicatrices > mais il eft
plus vraifemblable que ce fut pour paroître philofophe.
Ses fuccelfeurs l’imitèrent jute u’à Conftantin. On pourroit
conclure des récits que Dion ( lib. 68, cap. 1 y , not.
108 ) & Hérodien font de la fuite de Macrin devant
Élagabale fon vainqueur, que les Romains n’avoient pas
imité leurs Empereurs depuis Hadrien, & que ceux-ci
portoient feuls la barbe. « Macrin, dit 1e premier, fe rafa
« la tête & tout 1e menton, changea fa pourpre contre
» un vêtement roufleâtre, afin de relfembler a un limple
» particulier. Macrin, dit le fécond, quitta fon manteau,
n tous tes ornemens de l’Empereur......& fe rafa 1e men-
» ton pour n’ être pas reconnu : «V pé yyaçlÇ-i'jo. »
Élagabale porte fur les médailles une barbe naiffante.
Conftantin adopta le luxe des Rois de l’Orient. On le
vit orner fes vétemens de pertes & de pierres précieufes
: fon diadème en fut tifiu. Pour différer entièrement
de fes prédécefleurs, il quitta la barbe , qu’ils avoient
reprife depuis Hadrien.
Julien I I , étant limple particulier, portoit la barbe ,
de même que tes philofophes dont il profeffoit tes opinions.
Nommé Cé far, il fut forcé de la couper, comme
il nous l’apprend (ad S. F. Q. Atheu. pag. 274) &
comme le prouvent fes médailles} il en ufa de même dans
tes commencemens de fon règne , tant qu'il ne perdit pas
l’efpoir de conlerver la paix avec Confiance ; mais depuis
il s’ affranchit de cette gêne, & reprit la barbe.
Jovien quitta la barbe, qu’avoit reprife fon prédécef-
feur Julien. Ses fuccelfeurs l imitèrent.
Phocas ( 1e premier depuis Jovien ) & fes fuccelfeurs