
SUITE DE LA TROISIÈME PARTIE
LIVRE PREMIER.
COSTUMES DES ÉGYP T IENS .
ï i V . B. A u moment où j ’é c r iv o is , l ’admirable travail de la Commission d’E g yp te n’avoit point
encore paru ( mars 1 8 10 ) . L e premier volume seul a été livré au public dans le courant de cetre
innée. La fin de ce Recueil d‘Antiepùtés esr trop désirée pour pouvoir attendre la publication des
travaux: de nos savans vo y ag eu r s , comme je l’avois promis. L e Voyage d’Égypte de mon illustre
confrère M . Den on suppléera à ce défaut. L e meilleur éloge que l'on puisse faire de cet ouvrage
Jst de dire : On a peine à concevoir qu’un seul homme ait pu faire autant de dessins en si peu
de teins, et y joindre autant de .réflexions savantes W judicieuses. M es lecteurs me sauront gré
l ’avoir reproduit ici ses dessins : l ’examen d ’une partie de ceux de la Commission m’en a lait
■ pprécier la fidélité.
C H A P I T R E PREMIER,
Ob s e r v a t i o n s générales.
I ) n lit dans le chapitre Iï de la troilième partie de ce
Recueil d'Antiquités3 compofé & publié avant cette fuite,
due « fur les plus anciens monumens de l’Egypte, ceux
» que l’on trouve à Thèbes, à Éléphantis, &c. on voit
» les têtes formées comme celles des Nègres. « J’avois
été conduit à cette opinion, par le plus grand nombre
de ceux qui ont écrit fur l’Egypte avant le dix-neuvième
fècle. Je vais réparer cette erreur. Un texte précis de
Strabon nous apprenoit déjà que les Égyptiens relfem-
bloient aux Hindoux (.lib. i y , pag. 690- : 1620) : « Les
M Indiens-méridionaux relfemblent, dit-il^ par la couleur
” ailx Éthiopiens, & aux autres Indiens par la chevelure
">& la phyfionomie. Leurs cheveux ne font pas crépus,
” a caufe de l'humidité de l’ air ; mais les Indiens fep-
“ tentrionaux relfemblent aux Égyptiens. » V o ilà d’une
P a r t une diftinétion bien établie entre les Éthiopiens &
les Egyptiens, & de l’autre une relfemblance formelle-
®ent reconnue entre les Hindoux ( les Indiens fepten-
trîonaux de Strabon ) & les Égyptiens.
La defeription que fait M. Denon {pag. 6 1 ) des Bara-
:ias (oens A’en haut, d’au-dalà des çataraétes ) qui font
répandus dans toute l’Égypte, convient aux Éthiopiens de
Jpabon. «Ce font, dit-il, les habitans de la Nubie & des
«ornières de l’Aby{finie ; ils n’ont ni grailfe ni chair, mais
f u ement; des mufcles & des tendons......Leur peau lui-
:jante e un noir tranfparent & ardent, femblanle abfo-
||gênJ f *a Patine des bronzes de l’autre fiècle 5 ils ne
jnemblent point du tout aux Nègres de l’ oueft de
Énr3U? ' 1 '^ r,s Xeux Lont profonds & étincelans fous un
la k lU /'“ f,3 ^eurs narines larges avec le nez pointu,
cheveu* % T u e^ nS que les Ièvi'es Soient grolfes , les
»Ona & a Varbe rares & par petits flocons. »
rairn^io aUX ^yP.t,eFls anciens, M. Denon croit avec
erpCmm *S rec?,nno,tre flans les Cophtes, qui habitent
E S C S Eg yp te. «Ils font, dit-il ( p a g . y9 ) . Lan-
tels nii’n UC^S e?y;P;t^enPe j efpèce- de Nubiens bafanés,
tures* • doc f ” vo^ formes dans les anciennes fculp-
I • - ronts- plats-, furmontés de cheveux demi-laineux
j les jeu x peu ouverts, & relevés aux angles ; des
joues élevees, des nez plus courts qu’épatés, la bouche
grande & plate, éloignée du nez & bordée de grolfes
lèvres ; une barbe rare & pauvre , peu, de grâce dans le
corps, les jambes arquées & fans mouvement dans le
contour, & les doigts des pieds alongés & plats. » On
voit ici fous les nos. 1 & 2 PI. CCCLVIII, deux têtes
de^Cophtes deflinées par le voyageur (PI. CVI1I ) . Le
même auteur dit encore , en parlant des corps qui n’é-
toient point emmaillottés, Comme les momies , & qui
étoient couchés fur le fol des tombeaux de Kournou, la
Necropolis de Thèbes (pag. 2;2) : «Ils me lailïerent voir
que la circoncifîon étoit connue & d’un ufage général j
que l’épilation, chez les femmes, n’ étoit point pratiquée
comme à préfent jq u e leurs cheveux longs & liffes, que
le caractère de tête de la plupart tenoit du beau ftyle.
Je rapporterai une tête de vieille femme , qui étoit auflï
belle que celles des Sibylles de Michel-Ange , & leur
relfembloit beaucoup. » Comme il s’ agit ici de détruire
une erreur très-accréditée j je ferai encore une autre
citation de M. Denon (pag. 139). Il d it, en parlant des
peintures & des fculptures de Thèbes : « N’empruntant
rien des autres nations, les Égyptiens ont copié leur
propre nature , qui étoit plus gracieufe que belle. Celle
des femmes reffemble éneore à la figure des jolies femmes-
d’aujourd’hui : de la rondeur, de la volupté, le nez petit,
les yeux longs, peu ouverts & relevés à l’angle exté-<
rieur, comme tous les peuples dont cet organe eft fatigué
par 1 ardeur du foleil ou la blancheur de la neige ;
les pommettes des joues un peu grolfes , les lèvres bordées,
la bouche grande, mais riante & gracieufe, en
tout le caractère africain , dont le Nègre eft la charge &
peut-être le principe. »
J’ en donne ic ipo urp reu ve les deux têtes des n*s. 3 ,4 ,
PI. CCCLVIII, deflinées p a r le même voyageur (P L
CXXl V 3 n°. 4 2 , g’ CXXIJ n°. 2 ) . La première eft c e lle
du héros de Ja pompe triomphale fculptée fur le mur
intérieur d’une des galeries d’ une cour du temple, ou du