
de Néron, les réparateurs d’Oftie. A l'entrée eft placé I
Neptune ou le dieu.des porcs, Portumnus, aflis fur les
•ondes, appuyé fur un dauphin & tenant un gouvernail.
MER. Je ne parle point ici de la Mer en général :
l’Océan étoit fon fymbole. Je défigne telle ou telle Mer.
On a vu à l’article de I’Isthme , que, dans un tableau
décrit par Philoftrate, les Mers Egée & Adriatique
étoient repréfentées aflifes & adoflées à l’ifthme de C o rinthe.
Le même écrivain ( Icon. lib. i , cap. 17 ) , décrivant
une peinture, dit : « Elle reprefente Oropus fous la
*> figure d’ un jeune homme, place entre deux jeunes
*» femmes habillées de couleur glauque : ce font des
w Mers. *> On fait que la contrée de la Grèce -appelée
Oropus étoit fituée entre l’Attique & la Béotie, & , par
extenfion, entre les deux parties de l’Euripe.
F LEU V E , RIVIÈRE. Les Anciens repréfentoient les
Fleuves & les Rivières de deux manières, fous la figure
d’hommes & de femmes, & fous celle d’un boeuf, t lie n ,
qui nous attelle cet ufage ( Variar. lib. i , cap. 33) ,
ajoute : « De celte fécondé manière les Stymphaliens
J figurent YÉrafine & la Métope ; les Lacédémoniens,
« Y Eurotas s les Sicyoniens & les Phliafiens 3 YAfopus,
oo & les Argiens, le Cépkijfe. Mais YErymantke a chez
» les Pfophidiens la figure d’un homme, ainfi que Y Al-
•» phée chez les Héréens & chez les Cherronefiens de
~ Cnide. Les Athéniens repréfentent aufli, dans les cé-
33 rémonies religieufés , le Cépkijfe fous la forme d un
os homme, mais avec des cornes. Dans la Sicile, les Sy-
:>3 racufains peignent YAnapus fous la figure d’un homme,
03 & ils rendent un culte à la fontaine Cyané fous la figure
33 d’une femme. Les habitans d’Égefte honorent le Por-
03 pax, le Crimiffus & le Telmiffus fous la figure d’hom-
33 mes. Les Agrigentins offrent des facrificés au Fleuve
33 qui a donné le nom à leur ville, & ils le peignent fous
»3 la forme d’ un bel adolefcent. »-
Lorfque les Fleuves.étoient représentés fous la figure
humaine, ils étoient ordinairement a moitié couché-s, le
coude appuyé fur une. urne, tenant des rofeaux ou une
corne d'abondance. Philoftrate {Icon. lib. 1 , ca p.iif) ,
•décrivant le portrait du Penee, lui donne cettè attitude,
& ajoute : « Car il n’eft pas d’ufage de repréfenter les.
33 Fleuves debout. ?=> Le même écrivain dit ( Epift. 16 )
que les poètes donnent toujours aux FLuves de longues
chevelures, & les artiftes en ont agi de même. Dion-
" Chryfoftôme ( O rat. 4 , pag. 73.) peint les Fleuves « cou-
3, chés, nus, le plus fouvent avec une longue barbe,
33 couronnés de rofeaux ou de bruyère . 33 C ’ eft
ainfi que paroît le Danube fur la colonne trajane ( tab.4 ) , :
& ici au n°. 2, PI. CCXXXlI. Ce Fleuve eft couronné
de rofeaux, porte une chevelure & une barbe longues ;
il eft nu jufqu'à là ceinture, & il regarde à fa droite. On
.en a conclu avec beaucoup de vraifemblance , que 1 ar-
tifte avoit voulu peindre par ce regard l’Orient, vers
lequel coule le Danube , parce que la main droite &.le
côté droit défignoient ce point de l’horizon. C ’èft auffi
vers fa droite que regarde le même Fleuve, qui eft appuyé
fur une urne & tient des rofeaux fur les bas-reliefs
de Trajan, encaftrés dans l’arc de Conftantin. Une draperie
l’enveloppe de la ceinture aux pieds.
Sur une pierre gravée ( Majfei, tom. I I , tav. 33 ) paroît
un Fleuve couché, la main droite appuyée fur'une
urne, tenant de l’autre main le trident. On avoit cru
voir Neptune 5 mais l’urne fait reconnoitre un Fleuve. A
fes pieds font deux dauphins qui «lignifient, dit Winc-
3, kelmann {Defcript. des pierres de Stofck. pag. 1 io ) , que
33 c’eft un Fleuve, qui a fon embouchure dans la mer. »
Cette manière de diftinguer les Fleuves des Rivières eft
très-élégante. Quant à l'attribut diftinétif que quelques
perfonnes avoient voulu placer dans-la barbe, cette
règle fouffre trop d’exceptions pour être adoptée. Sur
un bas-relief de la; villa Borghèfe, qui repréfente la chute
de Phaéton ( Winckelm. Monum. a ne. n°. 4 O j voit
l’Éridan ou le Pô repréfenté fans barbe ; il tient des rofeaux
& s’appuie fur une urne. Il eft ici defliné fous le
n°. $, pi. CCXXXU. D'ailleurs, nous avons vu plus
haut, dans le .paffage d’Élien, que le Fleuve Acragas-
étoit honoré à Agrigente fous la figure d’un beau jeune
homme. Il n’eft pas douteux que cette figure n’eut point
de barbe, quoique l’Acragas^ fe jetât dans la mer.
On a donné encore pour règle générale, que les Fleuves
étoient repréfentés fous la figure d’homme, & les Rivières
fous la figure de femme j mais Winckelmann {Monum.
ant. pag. 20, n°. 18) a publié le deflin d’une peinture
antique des thermes de T itu s , qui .repréfente Minerve
jetant les flûtes dont elle s’étoit amufée à jou er,
parce qu’ elles l’ avoient fait paroître difforme à caufe de
l’enflure des-joues. « La femme, dit-il, qui, aflife aux
33 pieds de la déeffe, s’ appuyant du bras droit fur une
33 urne, étend le bras gauche comme pour recevoir les
» flûtes, paroît être la figure d’un Fleuve. En effet, Pro-
33 perèe { lib. 2 , eleg. i$,verf. 80), dit que ce fut en fe
33 regardant dans le Méandre, quelle s’apperçut de cette
33 difformité. C e n’eft pas une chofe extraordinaire de
d, voir les Fleuves repréfentés fous la figure de femme.
.33 M-. Thomas Jenkins, peintre à Rome, poffédoit
33 un Fleuve fous cette forme, avec les attributs ordi-
i'*> naires & d’un beau travail. On voit encore fur un bas-
33 relief de la villa Albani (dans la falle du Roi captif) ,
„ où eft repréfenté Bacchus monté fur un tigre , avec
33 diverfes autres figures, un Fleuve fous la figure d ’une
! » femme, appuyant à l’ordinaire fon coude droit fuf’une-
! 33 urne d’ où l’ eau s’é c o u le ,& tenant-des rofeaux de la
! 33 main gauche. « Ce Fleuve eft deffiné ici fous le n9. 4 ,
j PI. CCXXXU, d’après les Mon. ant, de Guattarii ( 1786 ).
Winckelmann ajoute : « Toutefois le Méandre paroît
33 toujours fur les médailles fous la figure d’ un homme
33 qui a de la barbe, & fous celle d’un jeune homme
33 (ans barbe fur le feul monument que je c.onnoiffe, pu-
33 hlié dans ces Monum. ant. n°. 42 , & repréféntant le
33 fupolice; de Marfyas. On pourroit » donc reconnoitre
33 dans cette figure une Nymphe ou .une Naïade du
»3 Fleuve Méandre y parce que les urnes appartiennent à
33 ces Nymphes comme aux Fleuves, fi toutefois ôn n a
33 pas repréfenté ic i, par cette figure dé femme, la fon-
; 33 taine ou la fource du Fleuve, les fontaines étant ordi-
33 nairement peintes fous la figure de femme. >» On voit
enfin que les Siciliens donnoient indifféremment les formes
dnommè ou de femme au x Fleuves & aux fontaines.
Ôn trouve dans Philoftrate { Icon, lib. 2 , cap. 14 ) une
manière élégante d’ indiquer qu’un Fleuve reçoit une Rivière.
« L e Pénee, dit-il, fupportéle Titarefius, comme
33 plus léger, de meilleur goût. 33 '
Vaillant affuroit que les Fleuves ne font repréfentés
couchés que lorfqu’ils reçoivent dès Rivières , qui alors
font reprefentées deboiit 5 mais plufieurs médailles ont
des types qui détruifent cette obfervation. Sur une médaillé
dés Saïtténiens dans la Lydie , frappée en 1 honneur
de Gordien-Pie, on voit le Paélole ou 1 Hyllus &
l’Hermus ,‘ dans lequel il fe je tte, tous deux • a demi
couchés fur feurs urnes, il en eft de.même, fur une médaillé
d’Apamée , du Marfyas & dû Méandre .qui le
reçoit. . . .
Les draperies des Fleuves font ordinairement de couleur
verte {Ovid. de A rte am. lib. i , verf. 224).
l orfque les Fleuves font repréfentés fous la figure humaine,
on met auprès d’eux des attributs qui peuvent
les faire reconnoitre. Auprès du Nil font places de petits
enfans , relatifs aux feize coudées qui formoient fon ac-
croiffement le plus avantageux, le crocodile, 1 hippopotame
& l’ibis. Le Xanthus tient le palladium, fymbole
de-Troyé qu’il arrofoit. La louve allaitant deux enfans
•défigne le Tibre , &c. Quelquefois on écrivoit leurs
noms auprès de leurs figures ou fur leurs urnes.'
Paffons à la fécondé manière dont les Fleuves ont été
repréfentés , félon Élien , -cite plus haut, fous la forme
de boeuf : de là vint que plufieurs d’entr’ eux furent appelés
cornigcri & tauriformes. On croit que cette forme
rappeloit le bruit fourd de leurs eaux, que l’on compa-
roit au mugiffement des tauréaux. Homère le dit du
Xanthe. Euftathe ajoute {pag. 12.57) que cette reffèm-
blance engagea les Anciens à immoler des taureaux à la
mer & aux Fleuves , & il donne quelquefois aux lits des
Fleuves le nom de cornes. Sur les; médailles d’Agyrium,
de Catane en Sicile ( Gejfneri, tom. 1, tab. 1 , n°. 18 > &
tab. 17', n°. 2 4 ) , on voit la tête d’un jeune.homme, def-
finée de profil avec une corne de boeuf placée fur le
front : ce font les figures de deux Fleuves, & nous-avons
déjà cité Élien, qui dit que les Athéniens repréfentoient
ainfi b Céphiffe. Quelquefois les Fleuves ont la figure,
entière du taureau. Mais c’ eft à Bacchus, défîgné par le
furnom particulier à’ Hé bon, & non'aux Fleuves , qu’il
faut rapporter le boeuf à face humaine que l’ori voit fur
les médailles de la Campanie & de la Sicile, comme je le
prouverai d’après Eckhel, à l’article de ce monftre.
Une fardoîne gravée d’Orléans {tom. I , PL X X IX )
prëfente de face une tête.d’homme fans barbe, qui a des
.cornes & des oreilles, de boeuf. Il eft très-vraifemblable
qu’elle.repréfente un Fleuve.
FONTAINES. Les Fontaines font ordinairement repréfentées
fous la figure de jeunes femmes qui s’appuient
.fur des urnes. Sur quelques médailles „de Sicile , leur
- fymbole eft une tête de lion avec de l’eau qui coule
de fa bouche. Sur quelques monumens, les Fontaines
fout repréfentées par des vafes couchés & pofés fur de
petites colonnes. .C’eft fur une urne femblablement placé
e, & percée pour fervir à une conduite d’eau, qu’ eft
appuyée une Nymphe de grandeur naturelle, debout &
.revêtue d’une draperie élégante , qui fe voit à la villa
Albani.
PROVINCES & VILLES. Les antiquaires fe fervent
du mot Provinces pour défigner les pays j régions ou contrées
perfonnifiées, parce.qu’elles étoient appelées de
ce nom par les Romains, dont elles formoient l’Empire
ou dont elles étoient tributaires. Je réunis dans un feul
• article les Provinces & les Villes, parce qu’aux fymboles
près, la manière de lès repréfenter étoit là même: C ’é-
•toit ordinairement une figure dé femme plus ou moins
-vêtüe, debout ou aflife, & coiffée de tours. On voit fur
un- bas-relief de la villa Médiçis ( Admir. Roman. Antiq,
tdb. 13 ) la figure d’une Province flëehiffant un genou 5
•mais fur un bas-relief du Capitole ( Muf. Capit. tom. I V ,
■ pug. f o ), on voit une femme vêtue d-uhe tunique courte,
• fans manches ôc retrouftëe,.portant un cafque & des cothurnes,
s’appuyant fur une hache qui a un tranchant
une pointe> en un mot, fous le WUV j-«...----- ---------3 . co, ftume des Amazo»nes.
On lit au deffous l’infcnption antique U n g a r ia , & au
deffus l’infcrr'tion moderne : Imperi i r om an i pr o -
v in c ia .
Nous avons vu une Prov.': fiéchiffant le genou :
prcieiiL U1IC » /WVÜIH cumjuiiv. — -
dailles & fur les marbres, elle eft repréfentée fous \Z
fi pure d’une femme aflife ou debout, la tete inclinée ,
l’index d’une main rapproché du menton ou la tête appuyée
lur la main. La Judee paroît dans ces deux attitudes
fur les médailles de Vefpafien & de Titus. La
Germanie, la Sarmatie & l’Armenie paroiffent de même
fur diverfes médailles impériales, & la Dacie fur un
bas-relief qui eft placé fous la ftatue de Rome dans le
palais des confervateurs au Capitole. La vue de ces monumens
m’a fait penfer que la ftatue de la villa Medicis,
dont on voit aux Tuileries une imitation par Legros, &
que l’ on a cru repréfenter le Silence ou Mnemofyne, eft
nne Province conquife, qui faifoit partie de quelque grand
trophée ou d’ un arc de triomphe. Je l’ ai prouvé {Mém.
de LInfluât, Littér. & Beaux-Arts, tom. V ) d’après fon
attitude & d’après les car a &ères des Barbares qu’elle préfente,
les cheveux droits & épars, un fein découvert,
& une chaufliïre étrangère aux.Grecs & aux Romains.
Sur les monumens', l’Orient eft repréfenté par une
tête jeune, couronnée de rayons : fouvent le mot Oriens
eft exprimé. La Macédoine ,eft vêtue en conducteur de
chars ou de chevaux, parce qu’elle élevoit d’ excellens
courfiers pu parce qu’elle rendoit au Soleil un culte particulier.
Ses, fymboles fur les médailles font un bouclier
rond & la maffue d Hercule, héros dont les rois de Macédoine,
le vantoient de defeendre. La Mauritanie fe fait
reconnoitre.par le cheval & par la baguette , parce que1 >
dans cette Province, on ne conduifoit les chevaux qu a
la voix & avec une baguette, fans fe fervir de bride ni
d’éperon. Le filtre, l’ibis & le crocodile défignent l’ Egypte.
Une plante d’ ache ou de perfil dans un vafe défigne.
l’Achaïe, à caufe des jeux de cette contrée, où la couronne
d'ache étoit là récompenfe des vainqueurs.
L’Efpagne paroît fur les médailles fous la figure d une
femme qui tient un bouclier & deux javelots, ou une
branche d’olivier. A fes pieds eft un lapin, appelé en.
latin cuniculus, nom que 1 on donna aux galeries des
mines.. L ’Ffpagne renrermoit plufieurs mines très-riches,
& les lapins y étoient en abondance. Sur une
médaille d’Hadrien , la Gaule a près d’elle .un mouton ,
à caufe de fes riches pâturages 5 elle porte ordinairement
un Jagum rayé, & l’efpèce de javelot propre aux
Gaulois,«le g&fum. Les trois Gaules peuvent être diftin-
guées par des attributs relatifs à leurs furnoms, les longues
enauffes de la braccata, la longue chevelure de U
comaxa, &r le coftume romain de la togara. Sur des médailles
d’argent de Galba {Gejfn. tom. I l , tab. j 0 , nn. 42
ù 45), on lit très Galliæ , & l’on voit trois buftes de
femme : l’un a les cheveux liés autour de la tête & noués
fur la nuque4 l ’autre les porte longs & liftes j le troifième
les a liés feulement autour de la tête. Sur une autre
médaille d'argent du même Empereur {ibid. n°. 41 ) , on
lit Gallia autour d’une tête coiffée comme la première
des trois qui ont été citées plus haut. Deux épis font
placés devant, & deux javelots derrière cette tête. La
Phénicie a pour attribut le palmier, parce que le mot
: 4>om§, nom du fruit de cet arbre, eft analogue -à celui
| de la contrée «uoinikh. Le même arbre & fes .rameaux
, caraétéufeiit la Judee, qui faifoit partie de la Phenicie.