
èntraînoit fon ennemi mort ou vif. Valerius Flaccus en:
fait mention ( Argonaut. V I , 132.) : Doftus & Auchates
patulo vaga v'mcula gyro fpargere, & extremas laqueis addu-
cere turmas, ,
Voici la defcription des tambours des Parthes, qui
rappellent les longs & gros tambours des Orientaux
(Appian. Bell. Bank. tom. I , p. U ? ) • K Lorfque ceux-ci
m fe furent approchés , leur chef éleva un lignai, & la
»a plaine retentit fur-le-champ d’un bruit fourd & d un
99 frémiffement horrible, car les Parthes ne s excitent
» point au combat avec des cors & des. trompettes j mais,
S9 en frappant fur des inftrumens de bois concaves, &
99 couverts de peaux tendues avec des clous de cuivre ,
9? ils font entendre en mêmè tems, & de plufieurs cotes ,
a» un fon profond & grave , femblable au mugiffemeiit des
»9 animaux mêlé au bruit du tonnerre. »9 ^
Quant à la milice des Perfes fous les Saffanides,' on ne
connoît de monumens qui puiffent y avoir rapport, que
des revers de monnaies ou médailles frappées par les
Rois de cette dynaftie. Sur ces .revers eft le feu facre ,
dont ils. rétablirent le culte profcrit fous les Arfacides>
& fon autel eft gardé par deux figures /dont une eft ici
deflinée fous le n°. 4 , PI. CCXCIII. Il femble que les
Salfanides aient affetté de reprendre lé coftume des anciens
Perfes, car ce gardien porte le bonnet à créneaux,
une tunique, les longues chauffes, le manteau > un poignard,
& il tient une lance. Cette lance eft ici armée a un
crochet pair le haut 5 mais à d’ autres figures elle en a deux
placés au même cô té , & ces figures portent des épées
droites au lieu du poignard.
' GAULOIS. Si l’on prenoit à la lettre les.mots yoftvtx,
nudi, nus, dont les écrivains grecs & romains fe fervent
fouvent lorfqu’ils parlent des Gaulois allant au Combat,
on croiroit que . ce peuple courageux ne portoit
alors aucun yêtement; mais il faut rendre’ ici le mot nus
par cette expreflion, fans calque & fans cuiraffê.: En
effet, nous voyons les Gaulois vêtus, fur le petit nombre
de monumens qui nous font parvenus, tels que la médaille'du
«°. 3, PL L X X V , & les bas-reliefs trouvés en
1710 à Paris, en çreufant fous le choeur de la cathédrale
( Montfaucon , tom. IV , PI. X V I i l ). Sur les deux faces
d’un; de ces cippes font fculptées les figures deffinées ici 1
fous les «os. 5 , PL CCXCIII, & 1 , PL CCXCIV. L’e- |
poque de ces bas-reliefs eft fixée par une infcription qui
y eft gravée, & qui nous apprend qu’ ils furent travaillés
fous le règne de T ibère par les négocions de Paris, Nauu
Parifiaci. Trois hommes*ayant de la barbe, & trois jeunes
gens fans barbe -, ont un bonnet peu élevé. Les premiers
portent une. lance & un bouclier héxagone ; les féconds,.
une. lance & un bouclier ovale. Tous font vêtus
de tuniques & d’une efpèce de manteau ; mais ces figures
, preffées les unes contre les autres, ne font vues que
jpfqu’ à la ceinture. D’ailleurs,‘le travail eft fi groflier,
quë l’ on ne peut parler de la formé précife de leur habillement.
Au refte, ofi voit dans, les bas-reliefs de la .colonne
trajane, parmi les auxiliaires des Romains, & combattant
avec eux, des figures qui n’ont pour tout vêtement
que de.longues chauffés (dés pantalons) liées avec,
la ch sulfure, s’élevant un peu au deffus du nombril,
où une ceinture affèz étroite les' ferre autour des reins.
Quelquefois ces auxiliaires portent une efpèce de bonnet
femblable à. celui des figures gaulbifes citées plus haut.
Ils tierinént ordinairement une maffue & un bouclier. Une
épée droite, longue' de près d’un' tiers de leur hauteur,
eft fufp’endue à un baudrier étroit, qui de l’ épaule gauche
defcend fur la hanche droite. Il y a grande apparence
que ces auxiliaires font des Gaulois. On en voit un ici
fous le n°. 2 , Pl. CCXCIVi il eft pris de la PL LXXX1I}
& la maffue, qui eft caffée, a été rétablie dans mon deflin
d’après les figures de la Planche X X V I I . Dans les mêmes 1
bas-reliefs (P/. L X X V ) on trouve un homme vêtu & !
coiffé de la même manière ; mais il porte de plus un manteau
militaire ou fagum borde de franges, & agraffe fur
l’épaule droite. Seroit-ce le coftume des chefs gaulois ?
Il eft ici deflirié fous le n°. 3 , PL CCXCIV.
Pour décrire avec exactitude le coftume militaire des
Gaulois, il faut donc diftinguer avec foin les tems & les
lieux. Quant, au tems, il n’y a que deux époques bien
remarquables.: l’ arrivée de Céfar dans les Gaules, & les
quatre premiers fiècles de l’ère vulgaire, jufqu’à la conquête
des Francs au commencement du cinquième ; car
on n a fur les Gaulois que des notions vagues pour lestems
antérieurs à Çéfar. La Gaule cifalpine & la_ Gaule tran-
falpine , féparées par les Alpes : la Tranfalpine ou Gaule
proprement dite, fous-divifee en Province romaine, qui
étoit termitïée par les Alpes , les fburces du Rhône, les
Çevennes & la Méditerranée ; en Aquitaine, terminée par
la Garonne, les Çevennes, les Pyrénées & l’Océan j en
Celtique, terminée par la Marne, la Seine, la Saône, la
Garonne & l’Océan ; en Belgique, terminée par l’Océan
Armorique, le détroit, le Rhin & la Marne ( c eft-a-dire,
à peu près tout le nord de la Gaule, depuis _1 embouchure
de la Loire jufqu’au Rhin ) : telle eft la divifion générale
de la Gaule, donnée par Céfar.
Les Cifalpins adoptèrent de bonne heure les moeurs &
les ufàges des Romains leurs vo ifin s jils en portèrent
même la toge , d’ où vint le nom de Galliatogata. La
Province romaine les imita bientôt, quoiqu’elle gardât
affez long-tems les longues chauffes (vêtement de tous
les Gaulois) , qui la firent appeler G allia braceata. Le
refte de la Gaule fut diftingue par les longues chevelures
de fes habitans, G allia comata. Les Aquitains reiïem-
bloient aux Efpagnols, dont ils avoient le teint, 1 air &
les manières, & dont probablement ils parloient la langue
j ils étoient riches, polis , & plus rufés que les
autres Gaulois. Les Celtes , que Cefar appelle fimple-
ment Galli (peut-être parce qu’ ils étoient les plus anciens
habitans de la Gaule) , parloient la langue celtique,
& étoient moins civilifés que les habitans'de la Province
romaine, qui avoient fait partie dé la Celtique, mais
plus que les Belges. Les Belges, iflus probablement des
Germains, différoient des Celtes’ dont ils ne parloient
pas la langue, par. des moeurs prefque barbares & par
une bravoure .féroce qui retarda long-tems le joug que
Céfar vouloir impofet. aux Gaulois. Après ces obferva-
tions préliminaires, je vais.extraire les textes des anciens
écrivains, relatifs au coftume militaire des Gaulois 3 que
l ’on claffera facilement à l’ aide des mêmes obferva-
tions. ,
Gaulois armés. Êuftathé (Ilad . V ) dit que la trompette
gauloife n’ eft pas longue , qu’elle eft çompolee
d’ un tube de plomb & d’une embouchure qui a la forme
de quelque b ê te , & enfin qu’elle"rend des fons très-
' aigus. On en voit ici une pareille dans l’ article des trot*-
'D ettes des Barbares. Polybe raconte ( I I 3 29) que dan
l'armée de Gaulois qui fuivit Antfibal, il y avoir une
multitude innombrable de joueurs de trompettes &
flûtes, *vctçiï(*tf\ov TO ray pv^rjav «SH sa^vifx.'jav
I. On ne peut doutër qüe les Gaulois n’euffent une a
I mure particulière. Polybe' ( i* ié .) le dit expreflemeij ■
1 Strabori ( V1I 3 pag. 315. 1610) dit auffi des Iapyue
A’TUvrie......ce Ils avoient F armure des Gaulois. Tite-
1 ive ( X X I , 42 ) parle d ’armes gauloifes, armis galli-
cis Strabon décrit en détail la milice gauloife W M , pag.
tqô ) « Les Gaulois font naturellement belliqueux: leur
9j cavalerie eft plus redoutable que leur infanterie. La
99 meilleure partie de la cavalerie romaine eft compofée
99 de Gaulois ( Strabon écrivoit fous Tibère ). Ceux qui
»9 habitent les provinces feptentrionales & les bords de
99 TOcéan font les plus belliqueux......Leurs armes font
99 proportionnées à leur haute taille : ‘une épée longue,
.9 fufpendue du côté droit} un bouclier long, une lance
9? proportionnée, & la macarisx efpèce de javelot. Quel-
99 ques Gaulois fe fervent d’ arcs & de frondes j d’autres
99 ont auffi un bâton femblable au javelot, qu’ ils lancent
99 avec la main, fans courroie, plus loin qu’ une flèche,
» & avec lequel ils chaffent aux oifeaux. >9
On voit ici deux armes de jet propres aux Gaulois, le
gifum & la mataris. Claudien ( Prim. Conf. Stilich. lib. 2,
Verf. 140 ), voulant perfonnifier la Gaule, lui donne la
• chevelure blonde, le collier & deux gsfum..... binaque
; gtfa tenens. Nonius ( X V I I I , 19) dit : Gsfum 3 telum gai-
liarum. Cependant, à en croire Athénée (lib. 6 ) , les
î Gaulois auroiént reçu des Efpagnols 1 e gsfum. Strabon
[ le décrit ainfi..... «Un bâton femblable au javelot qu’ on
| „ lançoit avec la main, fans courroie, plus loin qu’une
i „ flèche. » Le gsfum eft appelé »orjos (bâton ferre) par
i . Suidas., qui dit auffi qu’on le lançoit fort loin. Auffi de-
t vint -il l’arme des troupes légères : Levés ( Tic. Liv.
I- V lll, 8) autem qui haflarn tantum , gsfaque gererent, ,vo-
m- cabantur. Varron (apud Nonium) ajoute-qu’ elles por-
E toient l’épée, mais non le bouclier..... Qui gladiis cincli
B fine feuto cum binis gsfes effint. Enfin , les deux gsfum de-
p vinrent l’arme ordinaire des chaffeurs.
La mataris ou materis étoit tellement propre aux Gau-
L lois, que l’auteur des livres de rhétorique ad Herennium
■ (lib. ^, cap. $iy d it, pour exprimer la réfiftance que,ces
peuples oppofèrent aux Romains...... « Ce n’eft pas fans
■ >9 peine que la materis des Tranfalpins a été repouffée
ü »9 loin de l’Italie. » On voit dans Strabon, cité plus haut,
que la mataris.étoit une forte de javelot : on ne peut
} donc la confondre avec la lance. Ce n’étoit pas un javelot
ordinaire proprement dit, mais c’ étoit un javelot,
armé d’une pointe de fer péfante & obtufe. La mataris
- meurtriffoit plutôt qu’elle ne perçoit.
Paufanias (Phoçiç. 19, pag. 843 , Khunii ) avoit vu à
j Delphes des boucliers gaulois..... « Us avoient à peu près
l « la forme des gerrt, des Perfes. >» Ailleurs (ibid. 20,
pag. 847) il dit que ces boucliers longs, S-vçtùs , ne
pouvoient couvrir les corps des Gaulois , fans doute
parce qu’ils étoient étroits} auffi les défigne-t-il (Acad.
fp ,pag. 700, par ces mots : Très-longs boucliers , impti-
-• xiftçcc tnXa.i .
J’ai décrit très-exaêtement l’épée gauloife (part. I I ,
chap. i xJect. &.j’ ai publié le deflin d’une de ces épées.
J’ajouterai ic i, d’après Aulu-Gelle ( IX , 1 3 ) , que le
Guu/ois qui' combattit contre Manlius Torquatus en portoit
deux, gladips duos.
Les Gaulois portoient pour la plupart, étant armés
( Hinius, Bell, gallic. .cap. 15 ) , des colliers & des bracelets
d’or ou dorés, qu’ ils a p p e l o i e n t C e s bracelets
fe plaçoient vers le poignet. Le collier fut même
j attribut diftinétif des Gaulois. Claudien, cité plus haut,
le donne a la Gaule perfonnifiée. Le Gaulois que vainquit
Manlius, ceux qui afliégèrent le Capitole (Æneid.
K . 3 veif ô^Q,.), ceux qui ravagèrent l’Afie fous la conduite
de Brennus; ( Stobsi, Serin. 9 ) 3 portoient des colliers.
Enfin, lorfque P. Cornélius triompha des Gaulois
çifalpins, des Boyens, on admira, éntr’autres dépouilles
de l’ennemi, quatorze cent foixante-dix colliers d’or
(Liv. lib. 36 3 n°. 40).
Les vêtemens de aiverfes couleurs caraélérifent aufli
les Gaulois chez les anciens auteurs. C ’eft là ce qui fai-
foit diftinguer le fagum ga.llicum, dont la forme ne diffé-
roit probablement pas de celle du fagum romain. Virgile
dit des Gaulois qui afliégèrent le Capitole ( Æneid„
V I I I , verf. 660)......aurea.veftis : virgatis Lucent fagulis.
Servius, expliquant ces vers , dit : Qu& habebant in vir~
garum morem deduttas vias, des fagum ornés de bandes de
diverfes couleurs. Properce (lib. 4 , Eleg. 11 ) , qui écrivoit
fous Augufte , dit de Virdomarus , que fes longues
chauffes étoient rayées de même......virgatis braccis. Le
Gaulois que Manlius vainquit, portoit, dit Tite-Live
( V II3 1 0 ) , un yêtement de couleur changeante-, des
armes colorées & cifelées en or...... Verficolori vefie pictifque
& auro cslatis refulgens armis. D’ après un paffage
d’Appien (Bell. Hifp. tom. / , pag. 469, T o llii) , on
pourroit croire que le fagum étoit cara&érifé par l’ampleur
& l’épaiffeur...... « Les Lufones, peuples d’Hif-
99 pânie, portent, au lieu de chlamyde, des manteaux
»9 amples, épais, liés avec des agraffes, qu’ils appellent
9» fagum..... i'irrhols ifta'jlois yret^tsm , titfi
99 p.bo'M dÿ'ja yrtçiyroçirâfAivot, T&]» a-eefov 99
Quelques Gaulois3 en petit nombre, avoient une armure
entière de fer , ferratos, comme dit Tacite ( Annal. I l l ê
46 ) . Mais en général ils çombattoient nus, c’eft-à-dire,
couverts feulement d’un fagum. fans tunique, de longues
chauffes & d’un bouclier : tel étoit le Gaulois qui combattit
contre Manlius.....Nudus3 prnter feutum & gladios
duos , torque atque armillis décoratus ( Aul. Gell. IX , 1 3 ) .
.C’étoit une preuve de leur mépris pour la douleur & la
mort, que d’ aller au combat avec le torfe & les bras nus}
car Tite-Live (X X X V I I I 3 n°. 21 ) dit expqpffément
qu’ils ne fe dépouilloient point ainfi hors des combats......
Ut que. nunquàm nifi in pugnâ nudentut. Dans le’combat, où
Craffus fut vaincu par les Parthes , les Gaulois3 « fur lef-
>9 quels , dit Appien ( Bell. Partk. tom. / , pag. 241 ) , re-
>9 pofoit fa confiance , & avec qui il avoit obtenu des
>3 fuçcès éfonnans, quoique nus & légèrement armés
99 ( ioçqX* nfii •yupcvct ràfix'Ju ray rahct'ja» ) , faififfoient les
; 39 longues lances des cataphraéles , & abattoient de
»3 leurs chevaux ces Parthes que leur pefante armure em-
.»3 pêchoit de fe relever. Plufieurs Gaulois mêmes def-
» eendôient de leurs chevaux pour fe gliffer fous ceux
>3 des cataphraétes , & pour leur percer le ventre. 33.
Le fens du mot nus eft encore mieux fixé dans l’ endroit
où Polybe décrit le combat des Romains conduits
par les confuls Emilius & Caïus, contre les Gaulois c ifalpins.
« Les Boyens , dit-il, & les Infubres, vêtus de
s? longues chaufles & de fagum légers , voltigeoient au-
33 tour de l’ armée romaine. Les Géfates (Gaulois foldés),
33 ‘ambitieux de gloire, jetèrent même ces vêtemens, de
33 crainte d’être arrêtés parles ronces, les buiffons, & fe
33 placèrent avec leurs armes feules au premier rang. 33
La cavalerie gauloife étoit redoutable j elle étoit accompagnée
d’un grand nombre de chars , carpenta (Liv.
lib.. X X X V I , n°. 40) , ornés d’or & d’ argent cifelés.
On vit fouvent les femmes des Gaulois armées & marcher
à l’ ennemi. Enfin, Strabon ( I V , pag. 200.. 1620)
dit qu’ils conduifoient auffi dans les combats des chiens,
qui devinrent très-communs dans les îles britanniques,
où on les avoit tranfportés des Gaules.
Les Gaulois .à la ..guerre, couchoient fur la terre nue