
leurs maifons. C eu x qui é toient nés à Alexandrie d ’Égypte
étoient les plus rech erché s, à caufe du i'el & de la
vivacité de leurs reparties. Hérodien (lib. i , cap. | | ) ,
racontant la caufe de l’ affadinar de Commode , & parlant
de la lifte de fes vi&imes fu tu re s , dit qu’ elle lui Fut enlev
ée pendant fon fommeil par un très-petit enfant, «d u
» nombre de c eu x que les Romains opulens fe planent
m à avoir auprès d’ e u x , & q u i, dépourvus de tout habu-
I lem en t, font ornés de pierres préeieufes & de bijoux
a» d’ o r. »»
§. IV . Des Rois, des Reines, des Empereurs, &c.
L e fceptre, le plus ancien ornement des Rois après le
diad ème, é to it leur attribut diftinétif lorsqu'ils remplif-
foient les fondions de la.ro yau té , furtout loriqu'ils ren-
doient la iuftice, & c elui fur lequel ils prêtoient ferment.
Sur les thé â tre s , les fceptres des Rois étoient aufli hauts
que les aéteurt. Dans 1 o rig in e , le fceptre n'avoit été
qu’ un long bâton que po r to ien t , pour fe foutemr , les
R o is & les généraux : c’ é to it le bois d’ une lance ou une
lance fans f e r , appelée en latin hafia para, & en termes
d’ antiquaire, k"fte pure. On la v o i t ordinairement dans la
main des Divinités. Juftin dit expreffément.que le fceptre
d e s premiers Rois étoit une lance. N
L e fceptre fu t bientôt orné de métaux précieux. Ho mère
dit que les Rois g r e c s , au fiége d e T r o y e , por-
toieot des fceptres d’ or. C elu i d’ Agamemnon, ouvrage
de V u lca in , dont Homère fait la généalogie ( s ’ il eft
permis de s’ exprimer ainlï) , fut conferve a Cheronée
fong-tems après la mort du Roi des Rois ; mais on n en
v o y o it que le b o is , parce que lès Phocéens avoient enle
v é les lames d’ or dont il é to it revêtu (Paufan. B oe o t . ) .
Je donne fous les noS. i & a , PL C h i l i, deux fceptres
t i r é s , l’ un du Recueil des vafes d’Hamilton ( / ,
P/. C X X X ) , l’ autre des Monumenti antichi de Winckel-
Hian ( pag. I ) . . .
• Tarquin-1’Ancien (DionyJ. Halle, lib. 3, pag. 19 O prit
des Étrufques l’ufage du fceptre furmonté d’ un' aigle. Les
triomphateurs le portèrent après les R o is , comme on le
v o i t fur les médailles des familles Acilia , JEmilJa , Cari
utia 3 Sec. Les C enfuis le portèrent au fli, de même que
les Empereurs. C eu x de Conftantinople ajoutèrent un
petit glob e fous -les pieds de l’ aigle; Enfin, Phoças fubf-
titua une croix à l’ a ig le , & cet exemple fu t fuivi par fes-
fucceffeurs. On v o it ici deux fceptres d’Empereurs, fur-
montés de l’ a id é : l ’u n , fous le «0. 3 , P L C L lll3 ëft fur
un médaillon de bronze de Numérien {B a n d . I 3 p . 5 1 3 )>
l ’au tr e , fous le n°. 4 , PL C L ll l , ëft fur un camée de
la galerie de F lo ren c e , qui repréfenre Conftantin ( / ,
17Le globe fu t aufli une marque de la puiffance des Empereurs
romains,; il repréfentoit la T e r r e , dont ils fe'
d ifo ient les maîtres. On vo it fur les médailles Jupiter qui
remet le glob e à Alexan dre-Sév ère, Hercule a Domi-
„ t ie n , Rome à Probus, Sec. Trajan & Hadrien tiennent
enfemble le g lo b e , Dioclétien & Maximin, & e . Les
Empereurs placèrent enfiiite une V ié toire fur ce glob e.
On la v oit ici fous le n°. 5, P . C L lll ; elle, eft fur un médaillon
de bronze de Numérien ( Banduri, 1, pag. 513 ) ,
qui la tient de la main gauche , pendant qu’ il po rte de la
droite le fcçptre furmonté de l’aigle. •
La ceinture des Rois .de Perfe.étoit .une des plus brilceignit
comme un attribut des Rois de Perfe : aufliP|J|
tarque ( in Alexandro, Briani, I V , 70 ) dit-il de ceux J, 1
l’abordoient après, l’adoption du coftume oriental
qui l’ abordoient en fe courbant jufqu’ à terre (comme*
etoit d’ ufage à la cour de Darius), qu’ils adoroient*
ceinture perfique. Claudien (de Raptu Proferp. 11j<u •
compare l’émail des prairies que foule Proferpine, « J
» couleurs variées des pierres qui enrichiffent la ceintJ
» du Roi des Partîtes. » Carin & Gallien portèrent J
ceintures ou baudriers ornés de pierres préeieufes
pife. pag. 807 ; Treb. Poil. cap. iô ) . Dans la d e fc iip j
du mobilier de l’empereur Théodofe, Claudien
Conf. Stilich. lib. i 3 verf 88) parle de baudriers couvenii
de perles, cingula baccis afpera.
Les pierres préeieufes brilloient avec encore plus lé
clat fur Y agrafe qui réuniffoit les deux côtés du tnatl
teau. Ces agraffes, longues de près de deux décimé J
(environ 6 ou 7 pouces ) , font très-apparentes fur H
monumens qui préfentent des Empereurs grecs. Procopi
(de Ædificiisy l l l 3 cap. i ) les a décrites dans la peinturi
qu’il a faite des Satrapes de l’Arménie mineure, péril
Princes héréditaires fous la protection des Empereiil
de Conftantinople .... « Uneagraffe d’o r, dans le mslieilj
» de laquelle brille une pierre précieufe, & d’où pal
» dent par des chaînes d’or trois hyacinthes. » Leni#*
reur Carin ( Vopifcus , pag. 807) ne s’étoit jamais la
d’ autres agraffes que de celles qui étoient ornees
pierres préeieufes. Gallien lioit fa chlamyde de pourpi
avec de lèmblables agraffes {Treb. Poil. cap. 16). Lepoa
Corippus {lib. 2 , n°. 18) dit de.Juftin-le-Jeune, fuccefl
feur de Juftinien : « Sa chlamyde étoit attachée avec 113
» agraffe d’o r , de laquelle- pendoient des pierres piij
» cieufes, liées avec des chaînes du même métal. »
Les perles firent avec les pierres préeieufes l’orr.end
des habits impériaux. L’empereur Léon- ( Cad. /A ni
tit. n ) défendit à tous fes Sujets de mettre des perla
des fmaragdes & des hyacinthes fur les freins , les felle
des chevaux , & fur les baudriers.
Les trônes des premiers Rois furent des fiéges de pi*
re 3 comme' Apollonius .( A'gon..3 1 , 66j ) le dit V
Thoas, Roi de Lemnos, père d’Hyperméneftre. On*
voit un de cette efpèce, que Chifull ( Antiq. JjimM
defliné fur la côte d’Ionie, ici fous le n°.l>, PL LM
Il y a deux trônes très-riches dans les peintures d’H*
culanum ( Fit tare, I , pag. iy y ) . La colombe pofée lr
l’un, le cafque &jle bouclier placés fur l’autre, a n n o n c e *
qu’ils font confacrés à Vénus & à Mars. Le « • *
PL C h ili y en préfente un. Le n°. 8 , PL C L lll, tire*
Monum. antichi de Winckelmann ( n°. 187), fait voir*
trône quia quelque reffemblance avec le précédent.jl
deux trônes des «os-9» PL CLIII, & 1, PL CLIP, 4
tirés du même Recueil ( «os. 102 ,• 92 ). En Grece, j
trônes avoient ordinairement des fphinx pour fnpptj
.des accoudoirs & un marche-piëd. Les fculpteurs an«*
placent toujours ce petit meuble fous les pieds des pj
fonnages qu’ ils veulent défigner pour des perfo'JJ?3*
importans. Je donne ic i, fous le n8. 2 , Pu LLjy>Jk
trône de Jupiter de cette forme ( Admiranda * *
n°. 28 ) .' . .4 . • Svrk'iàSvè* J
Tarquin-1’Ancien adopta l’ufage des chaifes eu *
avec les autres ornemens des Rois d’Etrurie. AprA J
pulfion des Rois, les G on fuis , les Prêteurs, les b'H
le Diéiateur, le Souverain-Pontife, le Flamine de Jup *
fiiâles chars dans les pompes. A Rome, les chaifes cu-l
rules étoient ordinairement d’ ivoire, ou du moins reve-
m d’ivoire ; car Denys d’Halycarnaffe les défîgne tou-
iouvs par ces mots 3 fiége d‘ivoire ; extfjsj ,vov M<pf oy. Pro-
Mllement les, Magiftrats des autres villes ne pouvoient
avoir que des chaifes curules de bronze; caries deux
trdvees à Herculanum font de cette matière. Elles ont
(Mètre 3248 ( un. pied ) de hauteur, & o mètre 5414
( 1 pied huit pouces ) de largeur. Les pieds de ces ta-
boür' ts font courbés deux fois en S, fe croifent au mi-
jjgq g; font terminés par une tête d’ animal fantaftique,-
dolt le bec alongé porte fur le pavé. C ’eft aufli de cette
m#ière que Plutarque ( in Mario ) les, décrit : «a-a râ»
Mfyav J’en donne, fous le «°. 3, PL CLIP",
uiilmodèle tiré des bas-reliefs de Trajan, encadrés dans
l’ag: de Conftantin.
iorfque les Généraux .& les Empereurs haranguoient
leamnees, ils étoient placés fur un maflif élevé de la
njatié de la hauteur d’un homme, appelé fuggeftum &
fumftus. On y mettoit la chaife curule lorfqu’ils y dévoient
paraître aflis. J'en ai parlé dans le chapitre VI du livre de
laâuerre.Sousle Bas-Empire le luxe afiatique fuccédaàla
ljira>licité antique les Empereurs fe firent conftruire des
traies, grands & riches. On les voit dans les peintures
delanciens manuferits. Le poète Corippus a chanté le
trôûe de Juftin II, fucceffeur de Juftinien; il dit ( lib. 3 ,
) : « Le fiége impérial fait l ’ornement du palais.
jjBuatre colonnes préeieufes foutiennent une coupole
M^ot,maflif, qui repréfente la voûte célefte. Cette riche
» : | b u p o I e ombrage le chef de notre immortel Empereur,
’?•& l 'o n f i é g e , orné de pierres préeieufes, d’or & de
>3 g o u r p i e . Quatre pieds c o u r b é s e n arcs flexibles en
« T o r m e n t les foutiens ; ils portent de chaque côté une
3>!?y|ftoire de bronze, aux ailes étendues, qui tient une
“• c o u r o n n e de laurier. »
ffia richeffe du trône des Empereurs de Conftantinople
rappelle le trône des Rois de Perfe. Athénée ( X I I ,
Ie décrit a i n l ï« Le fiége fur lequel fe plaçoit le I
3> Roiude Perfe lorfqu’il rendoit la juftice, étoit d’ or , j
n ^ Fou tenu par quatre petites colonnes du même métal, 11
” ■ de pierres préeieufes. On ietoit fur ces colonnes
55 des étoffes de pourpre chargées ae broderies. « Devant
j6» fe ^r3^ant on plaçoit un marchè-pied. On le voit
p/W 6S ^aS " re^e^ Perfépolis , & ici au n°. 4 ,
• Alexandre fe plaça toujours fur ce fiége d’or
lorf|u fi rendit la jufticé, & fes amis s’ afîeyoient alors à
esf ° té s , fur des lits à pieds d’ argent ( Arriani, V I I .
fa^ a ). : • • . . ..
A S | flIt.auffi ^©s.-Rois de Perfe que les Empereurs de
aJ5 tinople empruntèrentl’ ufage du p ar afo 15 d el’éven-
Aai;^j u chalfe-mouche. Leparafol de Xercès étoit d’or.-
au^T ^ ^lutarc‘ Themift. Bryani, I , zéq ) difoit de lu i,
1 °.n l.e renfermoit en Europe en coupant le pont
fef/- .a'T0It îet® fur l’Hellefpont, on le réduiroit au dé-
33 * r’ CC ^ -ie contqntei'a plus de regarder les batail-
^raiiquillement aflis fous un parafol d’or. » On porte
S c a n* G p/- ClTVy fur la tête du Roi, dansles bas-
b V P / r Perf'eP°lis- En voici fous les nos. 6 , PI. CLV,
^,.t^,um deux autres tirés , l’un des peintures d’Her-
K L w. n y
mouches d’un très-grand prix. Ils étoient faits avec les
queues d’une efpèce de mammifère amphibie, ap -elé,
dans 1*Afie, cheval marin. Ces queues étoient montées fur
des_manches ornés de pierres préeieufes. Élien (de Nat.
Animal., lib, 1 y, cap. 14 ) dit que le Roi des Indes rece-
voit de fes peuples, entr’autres préfens, des boeufs fau-
vages noirs , avec la queue très-blanche, & que l’on
faifoit des chaffe-moucnes avec ces queues.
Un jeune homme porte, dans les peintures d’Hercula-
num ( I I I , tav. 24 ), l’éventail du n . 3, PL CLV; il eft
fait de plumes de paon. C’eft aufli de plumes que paroît
être fait celui du n°. 4 , PL CLV, tiré du Recueil des
vafes d’Hamilton ( / , Pl. L X X I ) .
On ignore le nom du peuple duquel les Empereurs
romains empruntèrent l’ufage de faire porter en public
du feu devant eu x , à moins qu’ils ne l’ aient pris des
Rois des Indes, qui, félonQuinte-Curce (VIII, ca -.. 9 ),
j étoient précédés dans leurs marches par des hommes por-
tant des brafiers d’argent, remplis de bois aromatiques
j pour parfumer l’air qu’ils dévoient refpirer. il eft parlé,
j pour fa première fois,de cet ufage, fous Antonin. Dion
Caflius ( lib. .71, j;ap. ,■ notar ç j ) dit de Marc-Aurèle,
« qu’ étant Céfar, toutes les fois qu’il fortoit fans fon
»j père, il rëvêtoit un manteau de couleur obfcure, & il
ne failôit pas toujours porterie feu devant lui : rà çurfi
‘æ-çoyyxfcçva. » Pertinax, voulant abdiquer l’empire *
les Veftales , les Empereurs lantes parties de leur coftume. Quinte-Curce ( lib. 3 , f ie s Veftales , les Empereurs jjuuffqquu ’au Bas-Empir®» J
car 3 ) décrit celle de Darius ; elle étoit d’ o r ,'& fem- ; fervirent comme d’un -attribut ds
blable à celle des femmes. Son vainqueur Alexandre la j fiéges prirent le furnom curules 3 parce qu on
rnl-w,, 7 „ 4 u UA tires 1 un a i n
lg| ç j h R autre des vafes grecs publiés >
,es has-reliefs de Perfépolis on voit le chafle-
■ î f e S I f . PL CLV, A&énée ( X I , pag. 486)
leurs dignités.J*
les phS|
•Longue RUenrif ts qui tenoie; nt ce lm'èiubi lve •: "laz. a'Jl1 "îe rw-t"o-r-o'.Z-a—s. .. j
du dSm' ru7n voyageoit èn Perfe au commencement 1
■ ™^nier “Celé, les Grands du pays avoient des chaife- j
K t#
1 “ fe rendit au Sénat, dit Flérodie n ( iib . 2 ., cap. 9 ) . &
>3 ne tit point porter le feu devant lui , #]e t«' snTo làras
” îuu'js ■ srfi7rof67riv<rcci, ni aucun autre attribut de la dignité
.3 3 impériale, « 7 3 n èlxxo r a t g a i n t r u p io o X u v . 3 3
Les Impératrices jouiffoient de la même prérogative.
Marcia, concubine de Commode, avoitobtenu, dit Hérodien
( lib. i-, cap. 50), «tous les honneurs qu’on rendoit
’3 aux Impératrices, le feu excepté : -srAijy rSm-uçoi. » Après
la mort de leurs maris, elles conferv.oient les mêmes honneurs.
Hérodien ( 1, 20 ) fait obferver que la Coeur de
.Commode, Lucille, veuve de l’empereur"Lucius-Vérus,
avoir confeivé, du confentement de fon. frère, les prérogatives
des Impératrices, même après qu’elle le fut
remariée avec Pompeianus. « Elle s’afleyoit dans les théâ-
33 très , fur une chaife curule , t-S 3-povn, & l’oi>
» portoit le feu devant elle. >»
Ce feu étoit probablement un foyer contenant de la
braife, fur laquelle on brûloit des parrums, cA il étoit
placé fur un trépied que portoient deux perfonnes, comme ‘
dans les pompes des facrifices, ou un réchaud femblable
à celui du «°. y , PL CLV} qui eft placé aux pieds d’una
Divinité dans une peinture antique [Monum. aatic. Winch,
1 7 7 ) . Efchenbach (de igné Aug. pag. 159) , Reimar
( in Dione, tom. I l , pag. 1 1 9 9 ) & d’autres philologues
penfent que, par feu, on doit entendre ici des torches 01*
des lampes, comme on en portoit devant les Empereurs
grecs ( Codinus ).
On adoroit les Rois d’Orient, on fe courboit jufqu’à
terre en les abordant, on baifoit même leurs pieds :
quelques Empereurs romains fe firent rendre les mêmes
honneurs. Sénèque (de Benefic. I l , 12 ) dit de Caligula :
« 11 accorda la vie à Pômpeius Pennus, fi toutefois c’eft
33 l’ accorder que de ne pas l’ôter : lui ayant pardonné ,
33 il lui préfenta fon pied gauche à baifer lorfqu’ il le re-
33 mercioit de fa grâce. Ceux qui veulent exeufer l’Empe-
33 reur & prouver qu’il n’agit pas alors par un excès d or-
» gueil, difent qu’ il avoit voulu lui montrer fa chauflure
33 dorée , ornée de perles >3 Cet exemple ne fut pas uïvi
par fes fucceffeurs immédiats. Mais Dioclétien ( Eu-
trop. IXy 16 )3 « le premier, adopta toutes les formes de
Ee