
fe terminoit au genou, & dont les manches ne defcen-
doient que vers le milieu du bras- Mais fous la tunique,
les Grecs ne portoient point de ch em ife c eit-a-dire, ne
tunique de Fin. Le froid les forçoit-il a le vêtir plus
chaudement, ils portoient une tunique intérieure de la
même matière que la tunique fupéneure . mais beaucoup
plus courte & d'une étoffe plus moelleufe. Loti
qu'on la fit de lin fous le Bas-Empire, alors on la porta
même dans le lit.
Les militaires , fous les armes, portoient la chla-
myde fur la cuiraffe, & celle-ci fur la tunique ; fans armes,
ils la portoient fur la tunique. Les challeurs, les
voyageurs. les jeunes Athéniens & les efféminés fatfoient
un Mage habituel de la chlamyde, parce qu'étant liee
par une agraffe , & peu ample, elle contraignoit moins
les mouv.emens, que le pallium.
Le pallium ou le manteau grec proprement dit ( par
cppofition à la toge des Romains), avoir la forme d un
carré-long i fa hauteur étoit égale au moins a celle d un
homme j fa largeur avoit deux lois & même deux fois oc
demie celle d'un homme. Le pallium n'avoit point d a-
craffe : on le jetoit autour du corps , à peu près comme la
toge. C'étoit le manteau des citoyens m j U M magistrats
, des orateurs, 8ce. ; en un m o t , 1 habillement de
ailes ne defeendoient pas au-delà du milieu du bra*.
Une ceinture ferroit la tunique fous le fem. Quelquefois
on plaçoit fur les hanches une fécondé ceinture, qutier-
voit principalement à tenir la tunique retrouffée quand
il falloir courir ou agir avec aifance. Diane chaflerefia
porte ordinairement cette ceinture. au deffus de laquelle
on voit les replis de la tunique relevée. On trouve, dans
le chapitre 1«. du livre H des cafiumes civils, des femmes
vêtues avec la longue tunique , qui a quelquefois da:
longues manches, d’où lui vint le nom générique
cérémonie. Sous les fuccefleurs de Conftantm, les Grecs
abandonnèrent le pa/Uum , & portèrent habituellement
la chlamyde, même dans les cérémonies. Il y avoir des
règles de décence fur la maniéré de porter le pallium
Athénée (Deipn. l , cap. îS ) l'énonceexprefiement, 8c
il cite un écrivain grec..... «Couvrez, dit ce lu i-a , votre
» poitrine avec le manteau i mais crainte de palier pour
M greffier & pour incivil, ne le relevez pas au deiius
n du genou. »
Certains philoiophes exceptés, les Grecs ne paroif-
foient point en public fans tunique, & couverts feulement
du manteau ; ce qui s’exprimoit pas le mot
Auffi un hiftorien ( Diod. X I 3 cap. 256) raconte-t-il
comme une chofe extraordinaire, de voir Gelon, voulant
témoigner fa fécurité, fe préfenter aux Syracufains
& les haranguer......« non-feulement fans armes, mais
» encore fans tunique, & avec un manteau feul, r(à1
Une ample draperie, coupée en carré-long, formoit
le manteau des Grecques : cfé to it le d Homère i
« cette étoffe fans couture, qu'on lioit avec une agrafe,
„ comme dit Eullathe ( lliad. X X i r .p . .J 47) ,& «
w quelquefois tiffue de lm ( ibidem, pag.
manteau étoit orné, fuivant la ncheffe de celle qui le
portoit, de broderies en or & en argent; de brochures
8t de bordures de poürpte lorfqu'il n'etoit pas entièrement
Les Grecs ceignoient leur tunique avec une ceinture,
dans laquelle ils renfermoient l’argent & d’autres effets
précieux, comme les Orientaux le pratiquent encore.
Cette ceinture tenoit lieu de poches.
J’ ai décrit fort au long dans l’article de la chauffure des’
Grecs, les crttidt, femelle liée fur le pied par plulieurs
tours de courroie, qui laiffent le deffus du pied prefqu entièrement
découvert. Cet entrelacs de la courroie etoit
fofceptible de recevoir toutes fortes d’ornemens, plaques
de métal doré, pierres gravées, & c . La courroie
piême étoît tiffite avec de l’or quand on portait le manteau
de pourpre.
Les Grecs ne portoient point d’ armes dans les villes 5
les militaires eux-mêmes, hors du Service, ne fe dif-
«nguoient des autres citoyens que par la chlamyde ( Lu-
tianusy de Gymn. , n°. 34 , tom. I I , pag. 91J )•
GRECQUES EN GÉNÉR AL. Les Grecques portoient
une tonique intérieure fie lin ou fi'une laine extrêmement
fine, qui tenoit lieu de la chemife fies Modernes.
Elles mettoient enfuite la tunique extérieure, qui del-
cenfieit jufqu'aux pieds, mais dont les manches ou H
fait de pourpre ,& c .
A ce vafte manteau les Grecques fubfiituèrent fouvent
deux pièces d'étoffe carrées g qui f e ? lacoient devant U
poitrine & fur le dos. Elles étoient liées 1 une à 1 autre,
Fur les épaules, avec deux boutons ; quelquefois elle»
étoient encore liées fur les flancs, & les bras pafforet.t
entre deux. Celle de devant fe terminent un peu au deiius
du nombril; celle de derrière à l a S B g H w I ÿ i
fois même aux talons. La tunique que 1 on portoit mus
ce court manteau .( mapis & tinzoïti.s, VoUux >.? s
l i fegm. 4P, èfiiQaei*', Arifien., lib. I , epifi. 4 , 19 ) .
ne s'élevoit pas ordinairement plus haut que le def-
fous du fein, où elle fe lioit autour du corps comme
une jupe, 8c defcendoit jufqu'aux pieds. Quelquefois
elle éthit retrouffée avec une ceinture au deffus des
hanches. Une figure dè brome d'Hercidanum l y K j .
191 ) , deffinée ici fous 1 e n . i ,P l - f f lB S Z ff ra B §
noître cet 'élégant coftume.' Oh pottoit suffi le grand
manteau par-deffus cet habillement g comme on le f ort
à plulieurs figures de bronxe du meme Recueil g K j
p i z 6 i , I I I ) , & à la figure d Eleftre du bas-relief de
la galerie de Florence ( Winck. Mun.anl. n . I47),defiinéê
ici fous le n°. i , P l . CCLV1.
Je ne donne point ici de figures vêtues fim^ement de
la tunique & du manteau, parce que les figures des I
Déeffes en préfentefbnt plulieurs exeropks ;_mais Jl ai cru ,
devoir faire deffiner, fous le n i. ; , W. C C L P I , une
figure de femme, tirée des vafes grecs de terre cuit
Ct'ictur Etrufc. J ) . Le double rang de perles ou d orne- j
mens ronds dont fes deux tuniques,font chargées, h
rend très-remarquable;,.
J’ ai parlé ailleurs ex au long des chauffures & de! !
coiffures des Grecques : on en remarquera ici une qui
femble avoir été plus particulièrement la coiffure d
femmes âgées ; c'ell celle de la première des deux vieille»
femmes deffmées fous les n . 4 , I ? l - CCLW. L r
mière eftprife d'un bas-relief du palais Barberrm, publie
par W in cW n n (M o « » . B | | H | K
d'un bas-relief de la villa PanfiU ( ibidem, 51 ) .
SoU5 le b°. 1 , PI- C C l .r u , on voit une figure de |
femme , tirée des^ peintures d'Hercuianum. La nmpnci^
de fes habillemens, de fa coiffure , & c . , fait croire q
c’eft une femme du peuple. .
Les Grecques de bonnes moeurs, quand elles Parol^ !;
en public , couvroient leur tête & leur vifage avec le •
manteau ou avec un voile. Il eft dit dans Ariftenète ( U ,
epifi. 18 ) , de la courtifane Thelxinoé, qui vouloit paffer
pour une femme refpeétable......«« Jouant la pudeur, elle
»> s’affit voilée; elle abailfa fon manteau jufque fur fes
» yeux , & elle regardoit en deflous. »
Damafcius ( apud Photium, pag. io y 6 ) fait la peinture
fuivante d’une jeune fille...... cc Dicé...... belle adolef-
« cente, ayant la démarche légère, portant une tunique
„ fans manches, de couleur jaune , une ceinture ornée
» de morceaux de pourpre découpés fous différentes
» formes, la tête ceinte au diadème 5 elle n’avoit point
» de manteau. »»
i On peut voir dans le chapitre des coiffures, celle qui
1 étoit affeétée aux vierges : on y lira qu’on ne devoit pas
i les coiffer avec des rofes ; & dans le chapitre des chauf-
I fures , on verra qu’un peintre fut blâmé pour avoir donné
[ à une vierge une chauffiire noire.
[ Les courtifanes avoient ordinairement un coftume qui
I les faifoit reconnoître. A Athènes , une loi les obligeoit
• de porter des étoffes à fleurs ou de diverfes couleurs
1 ( Suidas, voce ’Entiçai ). Elles portoient les cheveux très-
[ courts, pour varier leur coiffure avec différentes perru-
I ques, tandis que les femmes de bonnes moeurs ne coupoient
point leur chevelure. Dans une comédie de Plaute
Moftell. ait. 13fcen. 3 , v. 67 ) , la fervante Scapha dît
ƒ; à la courtifane Pnilémaiium : « Si vous voulez vous lier
1» pour toute votre vie à cet amant, il faut vous réfou-
»• dre à exécuter toutes fes volontés, & à laiffer croître
i'.b vos cheveux ; capiundas crines. » La pourpre leur étoit
•interdite ( Arifienet. I , epifi. 4 & 19 ) .
K Plaute ( Epidic. aft. Il,fcen. z , verf. 45 ) fait l’énumé-
| ration des divers habillemens que portoient les Athé-
ïniennes i elle eft remarquable :
■ . Quid ijhe ? q u i vefti quotannis nomina invemunt nova ?
if Tunicam rallam, tunicam fpijfam, linteolum ctefixtum ,
H Indufiatam, patagiatam , calculant aut crocotulam.
B» Subparum aut fubminiam , ricam, bafilicum aut cxoticum,
R. Cumatile aut plumatile, ccrinum aut berinum. Gerra maxinue !
JJ Gant quoque ademtum Jl nomen. Ep. Qui ? Pe. Vocant laconicum.
B , Si l’on pouvoit traduire littéralement ce paiïage, on
fConnoîtroit prefque toutes les efpèces d’habillement des
f Grecques , parce que la fcène eft à Athènes. Je vais l'efpayer
: « ...... Chaque année n’ inventent-elles pas de
nouveaux noms pour leurs habillemens? Tunique tranf-
” parente ; tunique épailfe ; linge découpé ; tunique
;** femblable à la tunique intérieure , ornée de bandes
de pourpre jaune-clair, jaune de fafran. Jupe de lin ,
*» teinte en vermillion clair 5 voile j habit royal, étran-
»> ger, vert-clair, garni de plumes , couleur de cire ou
■ '** rouflèâtre. Plus grande fottife encore ! Elles ont pris
le nom d’un chien........... Ep . Comment donc? Pe .
»• Pour le donner à un habillement. Elles l’appellent
»• laconique. »
* Dans le l i t , les Grecques n’ avoient que la tunique,
flans manteau ( , Philofirati, lcon. j . ümxx «s ,
Pindari, Nem. i , 74 ). On étendoit fur les lits précieux
I des couvertures de pourpre & des Una ( peluchées )
i garnies de poils ( lliad. X X IV 3 645 ).
L es A dolescens , chez les Grecs , fe faifoiént re-
| marquer par un luxe recherché. Voici le portrait qu’Euf-
Ktathe ( Ifm. Amor. I V ) fait de l’un d’eux...... « Sa che-
* velure flottoit fur les épaules j elle étoit artiftement
» frifée. Il étoit couronné de rofes. Sa tunique, tifiiie
ï» d’o r , avec des fleurs brochées , defeendoit jufqu’aux
»» talons , & étoit enflée par le vent. Dans fes mains
» étoient des rofes & d'autres fleurs d’une odeur agréa-
» ble. Sa chauffiire même étoit recherchée ; elle étoit fi
>» luîfante, ainfi que fes pieds frottés d’huiles odorantes ,
» que le pré où il fe promenoir, s'y peignoir comme
» dans un miroir. » Nous voyons dans Denys d’Hali-
carnaffe ( V I I , cap. 9 ) un tyran de Cume, en Italie ,
voulant efféminer les jeunes Cuméens, « les forcer i
« laiffer croître leur chevelure, comme celle des vierges,
«. à la teindre, à la frifer, à la raffembler dans des filets ;
» enfin , à fe revêtir de tuniques légères, de diverfes
» couleurs , qui defeendoient jufqu'aux pieds. >»
11 faut obferver généralement que les habillemens de
diverfes couleurs, de couleur changeante, avec des fleurs
ou d’autres ornemens brochés, n’étoient portés en Grèce
que par les Afiatiques, par les Barbares, par les tyrans,
& enfin par les Grecs efféminés des deux fexes.
Dans Plaute (Bacchides, act. I I I , fc. 5 , verf. 18 ), un
efclave reproche au jeune Mnefilochus fa mauvaife conduite......
« Je foutiens qu’ autrefois, avant les vingt ans
» accomplis, il ne vous auroit pas été li*- : e de remuer
»» le doigt fans votre pédagogue, & de pbfer le pied
33 hors de la maifon. S i, avant le foleil levé, vous ne vous
»3 fuffiez pas rendu à la paleftre, vous auriez été rigou-
33 reufement puni par le préfet du gymnafe. Celui d’entre
33 vous auquel cela arrivoit, éprouvoit encore, pour
33 furcroît de punition, la honte de fe voir foupçonné d.e
33 mauvaifes moeurs, lui & fon maître. L à , on s’exerçoit
3» plus utilement à la courfe, à la lutte, à lancer le ja-
33 velot & le difque , au pugilat, à la paume & au faut,
i 33 qu’ on ne le fait aujourd’hui avec une courtifane &
>3 dans la débauche ; là enfin , ils travailloient plus fure-
33 ment à fortifier leur tempérament, que dans ces ré-
» duits obfcurs. Lorfque vous feriez revenu de l’hippo-
*3 drome, de la paleftre, & que vous feriez rentré dans
33 la maifo'h, là, couvert feulement d’un léger & court
33 habillement, affis près de votre maître, occupé à la
33 leéhire, fi vous vous fuffiez trompé fur une fyllabe,
3» votre peau eût été meurtrie de tant de coups, qu’elle
3» eût refiemblé aux étoffes bigarrées dont s’habillent les
33 nourrices. »
Les enfans, en G rè ce, avoient une coiffure particulière.
On nouoit fur le fommet de la tête une partie de
leur chevelure ; le refte flottoit en boucles. Les filles &
les garçons de condition libre portoient des boucles
d’oreille : les filles, deux ; les garçons, une feule, placée
à l'oreille droite ( Ifidor. X IX , 3 1 ) .
Les Grecques portoient dans le deuil des habillemens
noirs ( Ovid. Mec. V I , 289 ). Thé ris, profondément affligée
de la mort de Patrocle , prend le plus noir de fes
vêtemens (lliad. X , 9 4 ) . Lacharès l’Athénien fe cache
dans une foffe après la prife de Seftus , & il s’échappe en
fe mêlant, dans des funérailles, à des femmes vêtues de
deuil, couvert d’une tunique de femme , it y « « *« *
j & d’an voile n o ir, jutAoVjç*» t pixcin** ( Po-
lyeni3 Strat. I I I , cap. 7 ) . Authonoé, mère d’Acteon ,
apprenant la mort cruelle de ce fils ( Dionyfi V 3 406 ) ,
cc erra fur les montagnes fans ceinture & fans chauffiire ,
33 x v n â v î c t x o s . 33 Les Anciens repréfentoient ordinairement
fans ceinture les femmes profondément affligées
, furtout a^rès la mort de leurs époux ou de leurs
parens. C ’eft ainfi que Sénèque ( Troad. 8; ) introduit
fur la fcène les Troyennes pleurant la mort d’He&or,