
HECUEIL D’ANTIQUITÉS.
Capitole ( Admît. Rom. antiq. 3 ) : mais les tenailles présentent
une forme différente5 elles ne font point croifées,
& reffemblent aux bruxelles des ouvriers.
Sur une pierre gravée en creux , de la collection nationale
(Mariette 3 21 ) , Vulcain 3 tête nue 3 a (Iis fur un
rocher j forge avec un marteau fur une enclume fem-
blable aux nôtres 3 un objet peu diftinét qu'il tient d’une
main.
Sur les monumens Vulcain accompagne fouvent Pallas.
11 étoit près d’elle aux noces de Pélée , St il y portoit
les torches comme il avoit coutume de le faire dans les
mariages. ( Euripid. Troad. 34$.) On le voit auffi fur un
bas-relief-du palais Mattéi, qui repréfente ces noces.—
■Vulcain paroît jeune & fans barbe , i ° . fur un bas-relief
du palais Rondinini, où il tient un maillet pour ouvrir
la tête de Jupiter près d’enfanter Minerve j auffi Platon
affure-t-il qu’il y avoit entr’eux une étroite liaifou> comme
je viens de le dire : 20» fur un autel étrufque du Capitole,
•où il porte auffi un maillet ( Winch. Mon. ant. n°. 5 ) :
30. fur des patères étrufques : 40. fur des médailles de
Lipari : y0, fur des médailles romaines. ( Vaill. tom. I 3 '
tab. 2j 3 n°. 8 j Muf. Pembrock. p. 1 3 tab. 3 , Sic.)
GRACES. Winckelmann a dit ( Hifi. de VArt3 liv. 4 ,
chap. 2 3 § .6 9 ) que les Grâces3 Vénus St les Saifons,
ou les Heures, font de toutes les Déeffes les feules qui
paroiffent nues fur les monumens. Mais il dit ( §. 82 )
un peu plus loin, qu’à la vérité Paufanias ( Beotic. I I ,
cap. 3y , & Eliac. i l , cap. 24) attelle qu’ anciennement
les Grâces étoient représentées vêtues j cependant il croit
qu’ il ne s’eft confervé qu’un feul monument conforme
à l’ancienne tradition : c’eft un autel triangulaire de la
villa Borghèfe, de travail étrufque. ---
Àupalais Rulpoli, un groupe de trois Grâces, dedemi-
natüre, nous les reprélente les plus grandes, les plus
belles & les mieux confervées. Leurs têtes font antiques
( celles de la villa Borghèfe étoient modernes) , & peuvent
TROISIEME PARTIE.
11 maigreur affreiife, St qui avoit les mains
A l’ égide & à la chouette près, on repréfentoit de
même Bellone & Pallas. On n’avoit pas même découvert
avant Winckelmann une figure de Bellone que l’on pût
reconnoître fans incertitude $ ca r, dit-il dans la Pré-
i face de fa Defcription des pierres gravées de Stofch ,
les. voyageurs affurent que Minerve, fur le fronton de
fon temple à Athènes, paroît fans cafque & fans bouclier
fervir à fixer nos idées. Ces têtes n’ont aucun or^
orte une lance St un trophée : c*eft le Mars vengeur
\or ). des Romains *
Dans une peinture d’Herculanum (tom. I V 3pag.içf)3
Mars porte une chlamyde couleur de fang.
On verra à l’ article de Mars 3 dans le texte des têtes
mythologiques, que ce dieu porte fouvent la barbe fur
les médailles & les marbres.
BELLONE. Les poètes ont armé Bellone de torches
& de fouets, 8c Claudien (Eutrop. 2 , 244 ) lui donne
auffi une faulx. .•
nement. Les cheveux font liés autour de la tête avec ,
une bandelette > mais deuxd’entr’elles les ont raffemblés’.
en noeuds fur le chignon. La phyfionomie de ces Divinités
n’exprime ni. la gaîté ni la gravité5 elle annonce
la douce fatisfa&ion, fuite de l’innocence.
Dans une peinture d’Herculanum (tom. I I I 3 pag. 61 ) ,
on voitles Grâces du n°. 2, PI. CCXIXj elles tiennent des
fleurs, & elles en font couronnées.
• On voit dans une peinture des ruines du palais de
Titus les trois Grâces qui danfent en fe tenant par les
mains ; elles portent des bracelets au bras, à l’avant-
bras & à la jambe. Leurs chevelures font blondes. Elles
font vêtues de longues tuniques ouvertes. L’une porté
une couronne de perles , une longue & une courte tuniques
blanches, liées avec une ceinture dorée & une
draperie volante de même couleur. Une autre porte
une longue & une courte tuniques rouges, liées avec
une ceinture dorée & une draperie volante blanche.
La troifième n’eft vêtue que d’une feule tunique jaune,
ouverte de bas en haut, qui laiffe voir à nu le torfe &
le bras gauche. Ces deux dernières ont les cheveux liés
avec une bande rouge. (Peintures colorées de Bartoli. )
MARS. Gn peut voir dans le Recueil de ? évier (tab. 38)
la ftatue de Mars en repos, qui eft confervée à la villa
Ludovifî. Le dieu eft jeune & n’a point de barbe. Il
paroît de même fous ce n°. 3 , PI. CCX1X 3 qui èftpris
d’ une pierre gravée d’Orléans (tom. 1 , P/. X X X IX ) .
, comme on repréfente Bellone. Le feul monument
où l’ on voit indubitablement cette déeffe , eft le fragment
d’ un grand farcophage de la villa Albani. ( Momtm. an-
ticki, n°. 29.) Bellone y eft placée fur un piédeftal élevé,
tenant une lance de la main droite , & un bouclier fous
le bras gauche. Devant elle une vieille femme tient,. fur
un autel allumé, un coq viétime agréable à Bellone. Un
de fes prêtres, appelés tanatici, eft affis près de l’autel»
il porte du bras gauche un grand bouclier, & paroît
vouloir fe frapper avec une épée.
TERREUR , C R A IN T E , P EU R , PALEUR. La
Crainte , qu’Héfiode donne pour fille à Mars & à Vénus,
atteloit, félon Homère, lés chevaux au char du dieu de
la Guerre. — Dans la pantomime du Jugement de Paris ,
décrite par Apulée ( lib. 10 , pag. 348 in ufum) , « deux
»» enfans accompagnoient Pallas, & s’élançoient avec
» des épées nues. C ’étôient la Crainte St la Terreur3 les
î» écuyers de la déeffe des combats. *> En Grèce & à
Rome on avoit confacré des temples à ces Divinités^»
maïs on ignore fous quelles formes & avec quels attributs
elles y étoient repréfentées. On a cru les reconnoître
fur des médailles confulaires, en voyant des têtes
avec les cheveux hériffés.
COLÈRE. On ne trouve point cette figure allégorique
fur les monumens. Prudence l’a décrite ainfi :
Seat procul Ira tumens, fpumanti fervida. ryüu ,
Sanguinea. intorquens Jiiffufo luminà felle.
ec Debout dans le lointain , la Colère bouillante , la
» bouche écumante , roulant des yeux teints de fang St
» de fiel. 33
FUREUR. Les Romains lui donnèrent le fexe féminin
, parce que le mot furor étoit de ce genre. Elle a ,.
félon Virgile (Æneïd. lib. 1,398) , la tête teinte de fang,
St couverte d’un cafque fanglant, le vifage déchiré de
mille plaies. Elle eft enchaînée pendant la paix, les mains
liées derrière le dos; affife fur un amas d’armes , fré-
miffant de rage ; pendant la guerre, après avoir rompu
fes chaînes, elle porte le ravage en tous lieux.
FAIM. Virgile place cette hideufe déeffe aux portes de
l’Enfer, avec la Vieilleffe, les Chagrins, les Maladies, Stc.
Les Lacédémoniens confervoient dans le temple de Minerve
Chalcioeque un portrait de la Faim. Elle étoit
peinte fous la figure d’une femme pâle •& haye , d’une
le dos. (Poly&nus , lib. 2 , in kippoda mante.)
ENVIE. Nous trouvons dans l’Anthologie ( Steph.
pag. 344, ve/ Brunch 3 pag. 206 ,• tom. 111 ) , la defcription
d'une ftatue que M. Heyne propofe aux artiftespour
repréfenter Y Envie, en changeant le fexe------ « Un
»»• Vieillard couché par terre, grinçant des dents que fa
» bouche entr’ouverte laiffe voir, très-maigre, foutenant
« fa tête avec la main, s’appuyant fur la terre avec fon
s» bâton, les cheveux hérifles & la peau ridée. ( Corn-
ment. Gotting. 1790 , pag. 93. )
VICTOIRE, La Victoire eft ordinairement repréfentéë
jeune,’ belle,' avec les cheveux relevés fur la tê te ,
comme les vierges j avec des ailes d’aigle. File eft vêtue
d’une tunique qui defeend jufqu’aux pieds, dontles plis
fe relèvent des deux côtés en forme d'éventail, comme
s’ils étoient agités, par un grand vent, St d’une fécondé
tunique beaucoup plus courte. Elle porte une palme,
qu une couronne , -ou un trophée , ou un étendard.
Baudelot a fair obferver que la Victoire, portée fur un
ehâr tiré- par deux ou par quatre chevaux, annonce des
prix gagnes dans les jeu x, plutôt que des triomphes lur
les ennemis. — On voit dans la collection du Palais-
Royal ( tom. 1 , pag. 190 ) cette Victoire qui fert de
type à plufieurs médailles impériales , ’ portée fur le
globe terreftre ; elle tient un étendard & une couronné
(n°. 1 , PI. CCXX ) .— Une Victoire navale eft confa-
crée fur une pierre gravée de la galerie de Florence
( tom. I l , tab. 71 , n°. 1 ) . La déeffe eft placée fur un
navire, comme fur des médailles de Tripoli de Phénicie
( Pellerin3 Peuples 11, PL L X X X l l , n°. 32)5 fur des
médaillés d’Antoine, d’Augufte, & c . EUe porte un
trophée 8e une couronne. Un étendard qui indiquoit
l’armée ou la légion viétorieufe, eft incliné fur la proue
du navire ( * ° . 2 , PL C C X X ). — La ViBoire ellfou-
vent repréfentée écrivant fur un bouclier les noms des
peuplés vaincus ou des légions viétorieufes. C ’ eft ainfi
qu’ elle paroît fur une pierre gravée de la galerie de
Florence (tom. I l , tab. 6 9 , n°. r ). Les rochers fur
lefquels doivent être placés St le bouclier & le trophée
dont il fait partie , défignent pour le champ de bataille
des contrées fauvages & montueufes.— Les Anciens ont
aimé l’allégorie, mais celle qui eft fimple St que l’on
comprend au premier coup-d’oeil. Une des plus agréables
allégories qui nous foient parvenues, fe voit fur-
une lampe publiée par Bellori. ( Montfaucon, tom. V 3
PI. CLXXXIX.) La Victoire porte une corne d’abondance
& un trophée. - ; ;
Sur une peinture d'Herculanum (tom. I l , pag. 226) ,■
la Viéloire porre une tunique blanche qui defeend jufqu’aux
pieds, eft fermée vers le Col, St ne laiffe que
l’avant-bras découvert. — Sur une autre peinture d’Herculanum
( tom. U I , pag. 197 ) , la Victoire porte une
longue tunique blanche, St par-deffus une draperie violette.—
Sur une troifième enfin (tom. I V 3pag. 241),
fa ' draperie unique eft jaune, bordée de violet.
RENOMMÉE. D’après les defcriptîons brillantes
qu’ont faites delà Renommée Virgile ( Æneid. I V , 173) ,
Ovide .(-ex Ponto, lib. 4 , Ep. 4 , v. 12 ) , St d’autres
poètes j d’après le culte qu’on lui rendoit à Athènes où
elle avoit un autel ( Paufan. 7, c. 17. Æfchines, Oral,
in Timarch. & de falfâ légat ) f St à Rome où Camille
( Plutarch.) lui avoit élevé un temple dans la douzième
région, il eft étonnant que les monumens antiques fur
leiquels elle eft repréfentee, foient auffi rares, A la vérité,
on pourroit la confondre avec la Viéloire , parce que
cette déeffe porte des ailes comme elle 5 mais jamais la
V iétoire n’embouche la trompette , attitude qui annonce
fi bien les fonctions de la Renommée. C ’eft donc la trom-
>ette qui doit être fon attribut caraélériftique. On doit
ui donner la coiffure des vierges, parce qu’aucun poète
n’a c'nanté fes amans ni fon hymen.
On la voit fur un plomb antique publié par Ficoroni
(Piombi antichi t pag. 80 ) . Mais le plus précieux monument
fur lequel paroifle la Renomméey celui d’après
lequel elle eft deffïnée ici fous le n°. 3 , PI. CCXX3 eft
une médaille d’ or unique, du roi Démétrius I , ou Polio-
certe, publiée par Eckhel (Numi vet. anecdoti3 tab. VI3
«°. .9), & expliquée de nouveau dans fa Doctrina Numo-
rum veterum ( tom. I l , pag. 119 , 120). Sur cette médaille
on voit d’un côté une femme ailée { la Renommée) ,
pofée fur un naviré, embouchant la trompette qu’elle
tient de la main droite, & tenant de la gauche un long
bâton ou un feeptrè. On lit fur l’autre côté : b a x ia e îîs
ahmhti’ IOT. Pallas , marchant , brandijfant une lance &
tenant un bouclier de la main gauche , fert de type, &
dans le champ un monogramme qui repréfenre une hache
à deux tranenans. La Renommée annonce à l’Univers la
viéloire navale que Démétrius avoit remportée près de
Chypre fur Ptolemée & fes alliés.
APOLLON. PHOEBUS. On ne doit pas donner indif-
tinélément l’un de ces deux noms au dieu dont on voit
ici les .figures. Lorfqu’il èft l’emblème du foléil St de la
lumière, lorfqu’ il conduit le choeur des Mufes & qu’il
infpire les poètes , c’ eft alors qu’il eft le brillant Phcebus.
Ailleurs c’eft Apollon, dont les*attributs ordinaires font le
laurier , la lyre , l’arc , le trépied, le corbeau, le cygne
& le griffon. — Lorfq\x Apollon paroît avec un manteau,
dans les peintures antiques, cette draperie eft bleue ou
violette , comme on le voit dans le Recueil de Bartoli
( tav. 7 ). — Une belle pierre gravée de la galerie de
Florence ( Gem. I I , tao. 87 ) , deffinée ici au n°. 4 ,
PI. CCXX3 repréfente Phoebus monté fur un char tiré
par quatre chevaux. 11 porte une couronne ornée de
rayons St un flambeau allumé. Phofphorus ou Lucifer
( l’étoile du matin ) , fous la forme d’un petit génie ailé
qui porte auffi un flambeau allumé , femble guider les
courfiers de Phoebus. — Sur une pierre gravée, publiée
par Maffei (Montfaucon, tom. 1 , PI. L , n° 4 ) , on voit
Apollon debout, vêtu d'une longue chlamyde, St tenant
une lyre. Près de lui eft un trépied pofe fur une bafe
qui ell ornée de guirlandes de laurier.— Af®. i , PI. CCXXI.
Couronné de laurier, le dos feulement Couvert d’ une
légère draperie, St tenant de la main droite l’arc fatal à
Pithon, Apollon s’appuie fur une colonne ; à fes pieds
eft fa lyre divine (Muf. Flor. Gem. I , tab. 6$ , n°. 4 ) .
. On verra dans le chapitre des figures hifforiques un
joueur de flûte, vêtu d’une tunique traînante que ferre
une vafte ceinture, St d e là palla, vafte manteau de
femme. C ’eft ainfi qu’eft repréfenté Apollon lorfqu’ il conduit,
en* jouant de la lyre, le choeur des Mufes. YZtx. Apollon
Mufagète porte une draperie verte fur une peinture
d’Herculanum ( tom. I I , pag. y ) . — Apollon a toujours
une chevelure blonde, arrangée avec foin. — Dans
une peinture d’Herculanum ( tom. 111, pag. 3 ) , il porte
une chlamyde violette. —• Dans une autre ( tom. V 3
pag. 2 1 9 ) , où font repréfentés les trois pères de la
, médecine j Apollon } Chiron, Efculape , la draperie d’^4*
liées derrière