
double i ainfi on dît en français, encre double , biere
double, &c. La troifième acception eft repréfentée par
cette expreflion, mettre une chofe en double, c’ eft-à-
dire , la replier fur elle-même. C ’étoit ainfi que 1 on plioit
en deux la Una avant de la placer fur fon corps : de la
vient qu'elle fut quelquefois défignée par le mot éïirxul
feul. On voit plufieurs figures de Pallas, dont le manteau
eft double ou mis en double fous l’égide. J’en ai fait deflï-
ner une ici fous le n°. 3, PL CX V I I . Elle étoit a la villa
Albanie & Winckelmann l’a publiée {Mort, a n t .n * 17).
La quatrième acception femble etre relative a 1 épaif-
feur de l’étoffe feulement , & en défigner la grofïiéreté.
Pollux ( lit. 4, fegm 1 19) dit du vêtement d’uncuifinier :
« il eft double, & il n’ a pas été travaillé par le foulon. »
Cornélius Népos repréfente Datame ( cap. 3 ) amenant
au Roi de Perfe le rebelle Thyus 3 qu’ il cônduifoit en
laiffe comme une bête féroce. Lui-même avoit pour
habillement « un manteau de payfan double, une tunique
» à longs poils , & il portoit un cafque de chafïèur. «
choix fera déterminé par le fens des paffages ou ils fou
employés, mais on ne les traduira jamais par le mot 4 ,.!
blé\ c’ eft-à-dire, garni d’une doublure, comme l'ont
fait quelques antiquaires.
Épom id e, iTrufj.'is, nom générique du manteau , de
quelque efpèce qu’il pût être. Procope ( Bell. Pfr/ffl
lib. 2 y cap. a i ) dit des foldats de Bélifaire , qui étoient J
à la chaffe......: « Ils n’avoient ni chUna ni aucune autre
33 forte de manteau, «ure «AAtjy ivap.lS'u ra* , mais ils pot.
» toient des tuniques de lin, de longues chauffes & des
» ceinturons. »
E xomide. J’en ai parlé dans l ’article de la T unique,
& je n’en ferois ici aucune mention fi Euftathe ( in
lliad. pagin. 1166 ) n’eût dit que c’étoit une tunique &
un manteau. Je ne puis expliquer ce texte a moins que
l’ on ne défigne, par le nom a exomide 3 le manteau da
cyniques , parce qu’il laiffoit les épaules découverte!
comme la tunique du même nom : faint Cha'yfoftômi
l’emploie dans ce fens {Ho mil. 2 ,in Epi fi. ad. Rom.) I
On pourroit trouver une cinquième acception fi l’ on
étoit certain que Pollux , dans l’ endroit ou il parle des |
habillemens des femmes ( V I I , caP- I 3 3 fegm- 49) 3 ®ut
défigné par le mot ^iwAofJïo» ces deux pièces d étoffés
carrées dont les Grecques 8c les Romaines fe recouvroient
la poitrine & le dos.
Quelquefois enfin le verbe è'iTrXou* fignifioit s’envelopper
entièrement de fon manteau, comme le faifoient,
pour fe garantir du froid, les philofophes cyniques , qui
ne portoient point de tunique : « Nous prenons des vê-
» temens plus épais pour nous préferver du froid, eft-il
» dit dans Stobée ( Sermone 95)5 maïs le philofophe
»* ( J/s-aaa-ctsy s’enveloppe dans fon manteau, & il mar-
» che comme s’il avoit deux vêtemens. » Auffi Hefy-
chius définit-il le mot a /ôoao» ( jeté deux fois ) par ces
mots , manteau double , Una double.
L ’auteur du Grand E timologiqûe àit de la Una que prend
Neftor lorfqu’il eft réveillé par Agamemnon,que par les
mots JWAsjy irfufw dont Homère fe fert pour la décrire,
il faut entendre « une Una afïez grande pour que 1 on
33 puifte s’en revêtir comme fi l’on en portoit deux. »
Voilà la première acception du mot double , mis en double.
Auffi Pollux (lib. 7 , cap. 13 ) fait-il obferver que ces
ütna- étoient appelées par les Athéniens , éirrMyUts 8c
dleoA««, doubles,par oppofition à celles qu’ ils appeloient
iarJotyiSïs s fimples. On trouve la feconae acception du
mot double 3 c’eft-à-dire, fimplement plus grand ou plus
étendu, dans le vers 87 du troihème livre des Géorgi-
ques, où Virgile, parlant des marques qui eara&érifent
le courfier généreux , dit
At duplex agiiurper lumbos Jpma....i
E uns y xyfiis. On trouve dans Suidas quatre articles lit
ce vêtement. Je n’en dois extraire ici que ceux qui foj
relatifs à la xyfiis, confidérée comme urt manteau : c’étoi
le manteau traînant des aéleurs tragiques 8c des Roi
particuliérement, le même que 1 efiyrma. Il s attachos
aux épaules avec des agraffes très-riches. Suidas dit encore
Le poète ne demande certainement pas qu’il ait deux
colonnes, vertébraies,, mais il veut qu’ il ait un dos large :
telle eft encore l’expreffion de nos maquignons , un
double bidet. Il dit ailleurs , dans le même Cens (Ecl.
verf. 6 7 ) :
que, dans la pompe qui précédoit les jeux du cirque!
les condufteurs des chars portoient un femblable n»
teau, de couleur jaune, de même que les gladiateurs!
dans cette pompe, portoient la toge (Tertull. de PallioM
fine ). On voit auffi, dans les-Nuée* d‘Ariftophane (verf. 70I
que les chevaliers fe promenoient dans Athènes avec«!
femblable manteau de pourpre, & conduifant des chat*
On étendoit ce manteau pour fervir de couverture à des
lits & à des lièges, car Pollux le claffe avec les tapiflél
ries & les tapis (lib. io., cap. 8). Enfin Suidas dit quel:
tiffu de ce manteau étoit léger} il ajoute cependantf.
le manteau étoit pefant, probablement à caufedefona®-;
pleur & de fa longueur, & relativement au pallium. I
Les Grecs ont-ils porté des manteaux garnis de api
chon comme les Romains, les Gaulois, &c.? Oni
pourroit douter fi l’ on vouloit prouver y à la rignew
qu’ un peuple ancien n’avoit pas certain vêtement, pa|
qu’ on n’en trouve pas le nom dans la langue de ce peupl:
A la vérité, avant les auteurs chrétiens qui ont écrit j
g rec , il n’ eft fait aucune mention de capuchon ni!
manteau garni de capuchon ; mais ne féparant po«i
dans cet ouvrage,, les Étrufques des Grecs à caufedei
reflemblance qui fe trouve entre les monumens des pt|
miers & les plus anciens monumens des féconds, je 4
faire connôître deux fortes de très-petits manteaux gaflj
de capuchon„ que Pajftri ( P icluraE trafic,tom. J,.pp>“j!
a tirés des vafes grecs, appelés communément écrufquoM
font portés par des enfans des deux fexes,. On les voit!
fous les n°*. 4 & y, PL CXVII. On pourra examiner*»
le petit Thélefphore dans les figures mythologiques“
ce Recueil & dans les autres Recueils d antiquités- I
E t fo l crejcentes decedens. duplicat umbras,
Âuffi Servius explique-t-il duplicat par le mot générique
auget. De même en grec , Théophrafte ( Hifior. Plantar.
lib-. 4 , cap. 10) dit que la fleur de la fève d’Egypte eft
double Ok ea<**t«») de celle du pavot i ce qui fignifie
qu’elle eft plus large., 8c non rigoureufement deux fois
plus large.
Telles font les divérfes acceptions des mots qui répondent
en grec & en latin au mot français double •: le
§. I I I . Manteaux des Romains.
Tarquïn-I’Ancien introduisit à Rome Fufage de h
Avant lui les Romains fe fervoient du pallium^ des om
On peut le croire en voyant les Etrufques vêtus ton
les Gre cs, & les premiers Romains empruntant 11 ;
ligion, les coutumes & les ufages des peuples d tojÊ
C ’eft pourquoi je place ic i, fous le n°. 1 , PL C X j.
une ftatué de bronze de la galerie de Florence
I L haute de i mètre iO,f
ü l'e s ) Les caradètes éttu&ues , gravés fur le bord
hferieur du manteau, ne larflènt aucun doute fut 1 on-
X e de cette ftatue, & la ligne tracée parallèlement au
ï r I indique la bande de pourpre qui yMoit.brochée: on
appliquée. On la voit de profil fous le n . 2, PI. CX VU I,
afin que l’oeil puiffe fuivre les contours du manteau, qui
ale largeur plus de dçux fois la hauteur de la figure , &
de hauteur un peu moins d’une hauteur de la figure. Ce ,
font les proportions du pallium des Grecs , & c’etoit ce
pallium dont fe fervoient les Romains hors de la capitale,
^K fqu ’ils ne portoient pas la lacerna.
-La maffe de plis qui tombe de 1 épaule gauche fur le
dbs de cette figure, & qui defcend jufqu’au milieu des
cùilïes, femble annoncer que les Etrufques donnoient au
pallium le jet qui depuis diftingua la toge de ce manteau.
La manière de la porter la faifoit en effet diftin-
guer du pallium , peut-être'autant que fon ampleur. On
pourroit, d’après cette obfervation, reconnoïtre ici la
tçga ou togula arc ta , toge étroite & courte dont faifoient
ufacre à Rome les pauvres citoyens.
■ Ovide ( U Fuji. J04 ) repréfente Romulus revêtu de
il trabeay & Virgile ( Æneid. V I I , v. 612) donne auffi
â c e manteau l’ épithète quirinalis. On peut en conclure
que les premiers Rois de Rome , & peut-être à la même
;jflfoque les principaux habitans de cette v ille , portèrent
1| trabea, dont je parlerai après l’article de la T oge. _ -
La Toge, toga (8c r^enos en grec ), fut quelquefois
|| Rome le nom générique de l’habit extérieur des
'»mmes 8c des femmes, mais ordinairement le nom
^Mrticulier de cet ample mauteau qui diftingéoit les Romains
des autres peuples , comme le pallium diftinguoit
ils Grecs. Varron, cité par Nonnius ( 1 4 , 25 ) , dit :
BDans les premiers fiècles de Rome la toge étoit un
>| vêtement de jour, de nuit, d’homme 8c de femme. »=1
||uant à la généralité des noms r>Joews 8c toga , on voit
§ j premier (Artemidorï, lib. 1 , cap. 3 ) employé par
les Arcadiens, pour défigner leur manteau} & le fécond,
vgmployé par Suétone (Domitiano, cap. 4 ) , avec l’é-
.Mtnète gr&canica , pour défigner le pallium ou manteau
jgrec.
On a beaucoup écrit fur la forme de la toge. Le plus
grand nombre des antiquaires croient, avec raifon, que
différence qui la diftinguoit du pallium des Grecs étoit
# forme circulaire , & ils appellent toujours le pallium
un manteau carré. Ils s’appuient fur un texte de Denys
«’Halicarnaffe (Antiq. rom. lib. 3 , cap. 61 ). Le voici |
Entr’ autres préfens qu’ offrirent à Tarquin les Etruf-
y ques , étoit un manteau de pourpre de plufieurs
f couleurs, femblable à ceux que portoient les Rois de
Lydie & de Perfe , excepté que fa forme n’étoit pas
' p rectangulaire comme celle de leurs manteaux, mais
J* qu’ elle étoit demi-circulaire. Les Romains appellent ce
H manteau la toge 3 8c les Grecs ryfievyos. » Gn lit encore
iflans un ancienfcholiafte de Perfe (Satyra y , verfi. 14) &
|»ans Ifidore ( Origin. lib. 19 , cap. 24) : Toga efi purum
s folium fiormâ rotundâ3 & fufiore atque inundante finu....
menfiura toge, jufig. fienas ulnas habet. Winckelmann a d il
flue ce manteau avoit une forme rectangulaire ( Hifi. de
mArt s liv. 4 1 phap. 5 ) & non une forme circulaire, 8c il
-Jjroit qu Athénée l’énonce expreffément (lib. y , cap. 14),
en parlant des Romains que Mithridate fit égorger dans
,|oute 1 Afie le même jour...... « Les Grecs qui avoient
°btenu le droit de citoyens romains, reprenant les
• f ™anteaux quadrangulaires, faifoient connoître par ce
changement leur ancienne patrie. »» Dalechamp, premier
traducteur latin d’Athénée , avoit mal rendu ptTaf*~
cpurâfctvoi (reprenant) par quittant : d’où eft venu l’erreur
de Winckelmann.
Le n°. 3, PL CXVIII y eft une figure de bronze de la
galerie de Florence. Je Fai choifie de préférence, parce
qu’ elle préfente, avec une grande exactitude, tous les
plis de là toge. En l’examinant dans l’ordre des chiffres que
j’y ai joints, on fuivra le développement de cet ample
manteau furie devant de la figure. 1 e n°.4, PI. C X V U Iy
préfente une ftatue confulaire delà villaMédecis, vue
par-derrière, & les plis delà tog e, que l’ on ne peut ap-
percevoir dans le numéro précédent. Je vais développer
j la toge d’ après ces deux figures. Le n°. 1 indique une
extrémité du diamètre ou de la largeur, celle qui fe
plaçoit devant les jambes, & de laquelle pendoit un gland
ou une houpe, ou même quelquefois une boucle faite
avec un cordon, comme on le voit à des ftatues du Mu-
féum français. Le n°. 1 indique la partie appelée umbo,
parce qu’elle occupoit le milieu de la figure, comme
Y umbo dans le bouclier. On ne le voit point aux toges
étroites. Le nv. ^ paffe fur l’épaule gauche, près du
cou , pour reparoitre au n°. 4 , fur l’épaule droite, après
avoir tourné derrière le cou. Le n°. 4 , defeendu derrière
le bras droit, devient le n°. y : celui-ci forme, au n°. 6 3
une large courbure appelée finus en général, & par le
fcholiafte de Perfe fiufiior & inundans finus. La toge remonte
de 6 en 7 pour couvrir le côté gauche ; puis en 8 , fur
l’épaule de ce c ô t é , par une fuite oblique de plis que
l’analogie fit appeler balteus3 baudrier. La figure du n°. 4 ,
Pl. CXVUI y préfente la toge, qui, après avoir pafle fur
l’épaule gauche, reparoît au «°. 9, & tombe, par une
ligne droite, au 10 , vers le talon gauche, où elle
finit.
Douze auteurs au moins ont écrit fur la tog e , & aucun
ne dit avoir fait couper une draperie fous la forme
de ce manteau. Quant à moi, j’ai examiné avec attention
la toge de notre premier aéteur tragique , M. Talma. Je
l’ ai vue placée fur lui dans plufieurs tragédies j je lui ai
donné tous les jets que présentent les ftatues romaines ,
& je l’ ai ramenée fur la tête , comme la portoient les,
facrificateurs } elle m’a paru avoir la forme & les dimen-
fions des toges les plus amples. On en trouvera le développement,
avec les mefures cotées, dans la dernière
planche de ce Recueil. Il eft compofé d’un demi-cercle ;
plus d’un fegment de ce rcle, qui a pour corde le diamètre
du demi-cercle, & pour hauteur environ le quart
de ce diamètre. Les deux glands font placés aux extrémités
de ce même diamètre, qui a de longueur 4 mètres
873 ( 1 y pieds ), 8c qui forme la largeur de là tog e ,
largeur triple de la hauteur d’un homme de petite taille.
Sa hauteur, compofée du rayon du demi-cercle & de la
hauteur du fegment, eft de 3 mètres y20 ( 1 0 pieds 10
pouces 1 ligne, ou en nombres ronds , 10 pieds 10pouces
) , double de la hauteur d’un homme de taille moyenne.
Le fcholiafte de Perfe, cité plus haut, donne à la toge
fix ulna de hauteur. Telle eft notre toge, fi l’on en fé-
pare le fegment : telles font les chapes des prêtres catholiques.
En effet, Servius dit : Ulna proprié efit jpatium
quantum utraque extenditur manus. « L 'ulna comprend l’ ef-
» pace couvert par les deux mains étendues, sa Cette longueur
eft environ de o mètre 406 ( 1 y pouces) : ainfi les
fix ulna font égales à 2 mètres 409 ( 7 pieds y pouces ) ,
ou à o mètre 027 ( un pouce près ) , égales au rayon du
demi-cercle de notre toge , qui eft de 2 mètres 437
( 7 pieds 6 pouces );,
Le manteau des Efpagnols , des Romains modernes „